Mené par le chanteur Spice, (un ex-
Spiritual Beggars - chant), le quintette suédois
Kayser sort ici son troisième album, après notamment un premier jet ("Kayserhof", 2005) fantastique, mixant le meilleur d'un
Slayer pour les parties rapides, et un
Cathedral au top de sa forme pour les plus lentes. Le mélange, quoique improbable, et parfois un peu scolaire (un titre thrash par ici, un plus stoner par là), fût rudement efficace au point d'acquérir une certaine notoriété.
Le cap du troisième album est souvent révélateur et propulse le groupe ; ou en constitue le début de la fin, selon sa qualité, et le moment de sa sortie. Toujours chez Season Of
Mist, via la licence Listenable cette fois,
Kayser nous agrémente son bébé d'une pochette faisant indubitablement penser à celle de "Clockwork" (
Angelus Apatrida) en plus colorée. Agréable au regard, elle semble toutefois bien typée pour un style de musique plus ouvert qu'il n'y paraît au premier abord.
Nos Suédois entament leur
Read Your Enemy par un titre rapide, ne coupant pas leur lien apparent avec le
Slayer des années 2000. "Bark
And Bow", ainsi, nous fracasse bien avec sa rythmique tapageuse et virevoltante. La similitude avec le timbre de Tom Araya est toujours aussi présente (le très bon "
Read Your Enemy"). Si le groupe nous gratifie de morceaux sensiblement très bien assemblés, on sent bien que l'alternance dans le sequencing est bien mieux digérée. On retrouve ainsi le mix des deux influences principales (thrash/stoner) mieux agencée au sein d'un même morceau.
Lourd ("Bring
Out The
Clown", "Almost
Home"), mais au final moins agressif et rapide que par le passé, parsemé d'interventions en solo bien ficelées un peu partout,
Kayser séduit avec un parcours sans faute parsemé de grands moments avec des refrains accrochant indiscutablement l'auditeur ("I'll
Deny You", "Dreams Bent Clockwise" et son pont mélodico/progressif, le solo de "Almost
Home", "Roll The Dice"). Une réussite sur le plan musical. Petit à petit, le disque, au bout de quelques écoutes, sait faire fi des influences par très présentes du passé, et se suffit à lui-même. Le niveau musical et le son, inattaquables, aidant à assimiler facilement l'identité du groupe.
Kayser pourrait ainsi récolter la mise avec ce mélange bien assemblé, créant un courant finalement pas si éloigné dans l'esprit d'un
Grand Magus des deux derniers albums (sans le côté épique), et finalement assez proche qualitativement, tant
Read Your Enemy sait prendre comme il faut le vétéran fan de thrash mélodique et le kid friand de stoner metal. Rempli de chansons ni trop longues, ni trop courtes (4 à 5 minutes en moyenne), ce disque est très consensuel sur le fond et la forme, avec des morceaux accrocheurs et riches à la fois, ce qui n'est pas donné à tout le monde.
Album de la maturité, peut-être. De l'identité, sûrement.
Kayser se détache de ses attachements musicaux trop voyants (
Slayer disparaît au fur et à mesure), malgré une pochette peu adaptée à cette évolution. De facture globalement mid-tempo, et assez classique dans ses structures, le quintette nous gratifie d'un album qui peut plaire aux fans de deux mondes musicaux assez éloignés en faisant un grand écart finement joué. S'il manquera deux ou trois brûlots rapides comme au temps de Kayserhof pour être pleinement apprécié par les thrashers les plus rigoristes,
Kayser saura séduire les fans de metal à tendance mélodique de tous bords qui prendront le train en marche.
Greg.
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