« Les renseignements étaient exacts. Il avait enfin trouvé le lieu du concert dans cette petite ville d’Italie. D’abord, un bar enfumé où trainaient quelques mines patibulaires. Ensuite, en suivant l’étroit couloir du fond, il arrive enfin devant la scène. Sur la gauche, de vieilles télés couleur où bavent des images de coït tirées de pornos des années 70. À droite, un petit autel au Malin accueillant encensoirs et bougies noires. Et au centre 3 chevelus qui oscillent au rythme d’un stoner doom crasseux, leur style de prédilection, et répondant au doux patronyme de Demonio …"
Récemment formé en Italie par Matteo (basse), Paolo (batterie) et Anthony (chant, guitare), Demonio s’inscrit dans la mouvance, bien ancrée dans le pays, des formations stoner-doom exhalant un parfum de crasse/drogue indéniable (Sonic
Demon, Witchsnake, 1782, Black
Spell …). C’est d’ailleurs les labels spécialisés Regain Records/
Helter Skelter qui se chargent de commercialiser leur musique à haute teneur en fuzz.
Après
Electric Voodoo (1er album en 2021) et l’EP
Black Dawn (2022), voici notre trio démoniaque de retour avec son 2ème opus
Reaching for the Light en juin 2023. Inspiré de prime abord par
Black Sabbath et
Electric Wizard, Demonio s’éloigne quelque peu du doom pour se rapprocher des sphères acid rock et heavy rock des années 70.
En corroboration, les 2 titres d’ouverture Heavy Dose et
Fire Guru s’imposent d’eux-même : rythme entraînant, riffing qui fait le simple et bon, guitares fuzzées et basse bien grasse. À cette bonne tambouille s’ajoute la voix nasillarde d’Anthony, mixée volontairement derrière pour laisser plus de place aux instruments. Effet vaporeux garanti !!
Il faut attendre I’m Free pour retrouver l’orientation doom du groupe. Et encore, le début du morceau sonne comme un mix astucieux des Rolling Stones d’
Exile on Main Street et de
Kiss. Par contre, on part ensuite sur un long solo posé sur une rythmique pachydermique. Un très bon titre qui vous donne envie de vous trémousser langoureusement.
Les sensations sont légèrement différentes pour
Shiva’s Dance et Death Trip, deux supers moments de stoner doom, truffés de riffs joués sur une wah-wah encrassée. On y décèle même l’aura des Stooges dans le côté proto-punk développé çà et là. Tout ça pour nous amener tranquillou vers le morceau final éponyme, qui résume avec panache tout ce qui a été construit avant. Et franchement, un morceau supplémentaire n’aurait pas été de trop mais bon, je chipote un peu.
Même si le groupe a annoncé qu’il s’éloignait un peu de la sphère satanique (bon on est loin de
Deicide ou
Beherit quand même), Demonio a gardé la luxure et le glauque comme en témoigne la belle pochette signée ZZ
Corpse. Une fille nue, des araignées et des tombes, ça fait toujours plaisir à voir. D’ailleurs, la nudité féminine est récurrente sur chacune de leurs pochettes.
Demonio signe ici un solide 2ème album et, en s’éloignant un peu de l’influence
Electric Wizard, trouve un son qui lui est propre et une orientation musicale fort intéressante. Alors si vous aimez ce genre ou que vous le voulez découvrir, je vous conseille chaleureusement l’écoute de ce
Reaching for the Light en tous points savoureux.
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