Depuis quelques années que je suis au pays basque, j'ai eu l'occasion de voir en chair, en os et en watts une partie non exhaustive de la scène métal locale, avec Furyo,
Scorn, Ztah, Death From Above ou encore Prophetic Scourge, si on élargit le rayon géographique.
Et dans ce petit passage en revue qui se convertit en chroniques sonnantes et trébuchantes, il est temps de parler de Saddict, originaire de Bayonne, qui a sorti il y a peu son deuxième LP que voici. Le groupe a été formé en 2019 : on trouve Bri au chant, Karl à la basse, Sam à la batterie, et aux guitares, Boubou et Thierry. Leur premier album "
Impact" est sorti en mai 2021. C'est surtout sur scène que le combo s'épanouit, ne ratant aucune occasion de jouer, principalement dans ses terres, et a eu notamment l'occasion d'ouvrir à l'Atabal de Biarritz pour
Mass Hysteria à l'automne dernier.
Comme pour leur premier LP, Inaki Plaa s'est chargé de l'enregistrement et du mixage, et on doit le mastering à Notos Production. La qualité du son est montée d'un bon cran en puissance par rapport à la livraison précédente, privilégiant l'efficacité. Tout est parfaitement audible et équilibré, laissant à chaque instrument la place qu'il mérite, même la basse dont on discerne bien le grain ronflant.
Le groupe porte sans le cacher l'héritage de
Slayer et de
Sepultura, avec un thrash/Death souvent mid tempo, voire limite
Doom/Death sur "
Acid Violence". On sent l'envie de proposer quelque chose de lisible et d'efficace, avec des riffs qui ne vont pas se perdre aux quatre coins de la salle en concert.
L'influence de
Slayer est la plus prégnante, sur des titres comme "Can't Remember" où les dis-harmonies typiques des maîtres du thrash sonnent comme un hommage à l'époque de "Seasons in the
Abyss". Il y a aussi quelques disonnances qu'on croirait sorties des doigts d'
Andreas Kisser sur "Governed", qui amènent le solo avec un sens tranchant de la coupure, comme plus tard sur un changement d'accord surprenant sur la montée finale de "Can't Remember". Les riffs sont volontiers lourds et saccadés sans pitié sur les couplets (
Acid Violence), ou à la sauce neo/groove metal sur "Ascent" ou "Sauve-toi". J'aurais aimé un peu plus d'originalité et de prises de risques dans les compositions, ce qui était d'ailleurs le cas sur leur premier effort. En outre, je trouve que lorsque tous les instruments vont sur un terrain plus death, ça monte en pression de belle manière (le début de "Governed", "
Acid Violence",...).
Vocalement, Brigitte produit un growl puissant et rauque à souhait, et prend même un regain de tripes lorsqu'elle glisse vers le scream (la fin de "Can't Remember"). Elle s'aventure parfois sur un chant clair, mais de manière moins convaincante ("
ReVolt"); il n'y a pas à dire, la puissance est vraiment son point fort. Mais il ne tient qu'à peu de chose, je pense, un déclic, pour qu'elle trouve sa voix sur un terrain mélodique. Les textes sont en anglais, sauf sur "Sauve-toi", qui est en deux versions, dont une acoustique en fin d'album qui surprend tellement elle est différente.
Les deux guitaristes sont bien carrés, dans un unisson massif la plupart du temps, et se différencient sur des harmonies en mode triton ou des breaks et redémarrages bien foutus. Le groupe a alourdi son accordage récemment, si je ne m'abuse, et cela va mieux avec le growl de Brigitte. Notons quelques Solis très bien écrits et exécutés, qui montrent que une belle maîtrise de l'instrument. Il y a quelques intermèdes autour d'arpèges de guitare sèche et de chant clair ("Ignition"), ou d'un duo basse/guitare crunch ("Fantômes").
Avec ce deuxième disque, Saddict devient plus pro, massif et sûr de lui, s'inscrivant dans le sillage d'un thrash classique et efficace. L'exécution étant pleinement maîtrisée, il ne reste plus qu'à faire fleurir le potentiel caché en dehors des sentiers battus.
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