Souvent, le nom de «
Rata Blanca » interpelle. Cette formation incarne quasi à elle seule le metal argentin. Il faut dès lors souligner aussi qu’il s’agit de l’un des rares groupes metal en langue espagnole avec « Mago de Oz », à bénéficier d’une portée en dehors du monde hispanophone. On retrouve sa source en 1987. Le guitariste Walter Giardino avait quitté « V8 » deux ans plus tôt, déjà une grande institution du heavy metal sud-américain de l’époque. Celui-ci admirateur de Ritchie Blackmore, part en Angleterre enregistrer une démo 4 titres. Il n’y reste pas longtemps, très attaché à son pays. Le premier album de «
Rata Blanca » se devait être un pur produit argentin. Il recrute l’ex-chanteur du groupe de hard rock «
Plus », Saul Blanch. Un choix peu judicieux, mais le guitariste de génie ne pouvait se permettre aucun caprice. De toute façon Saul Blanch partira du groupe peu après l’enregistrement de l’album, et se verra remplacé par
Adrian Barilari. Il n’était pas dit que le succès serait immédiat. Pourtant à sa sortie en 1988, l’éponyme de «
Rata Blanca », dans sa forme la plus simpliste, fait tout de suite impression. Le guitariste est à la signature de toutes les compositions, à part pour « Solo Para Amarte » Co-écrite avec Saul, et «
Preludio Obsesivo », « El Ultimo Ataque » et « Otono
Medieval » sous le nom de Roberto Conso. Une personne qui n’a jamais fait parti du groupe ni écrit les dites chansons. Walter a inscrit son nom sur ces trois titres pour honorer une dette qui lui devait. Peu de temps après la guerre des Malouines, un nouveau groupe d’Argentine adopte le heavy metal des anglais. Walter Giardino plante le drapeau de son pays sur cet îlot britannique.
L’entame de la galette se fait tout en légèreté. Un arrière fond au synthé, une guitare rythmique au pas à pas, menant tranquillement son chemin. Petit ligne électrique de faible intensité, capable néanmoins de donner quelques bons coups de jus, notamment en milieu et fin de piste.
Pas de réelle prise de risque, même si le chant avait pour constance de revenir à chaque fois dans un forcing en douceur. Un chant en proie à s’inspirer à celui d’un certain Bon Scott, assez caractéristique aussi des formations de heavy metal hispanisantes des années 80. Certains apprécieront, d’autres non. « Gente de Sur » misera également sur un long rythme continu et imperturbable.
Plus lourd, plus émotionnel en revanche. Cela s’étalerait même en sinistrose, beau, mais laborieux. Un titre trop long qui finirait par lasser. Ne semblant plus finir au bout d’un moment. Heureusement que la guitare sait se montrer incisive dans ses interventions. Autre titre à mid tempo, mais beaucoup plus vivant et performant, « El Sueno de la Gitana ». Le chant parait toujours aussi lointain. celui-ci reste néanmoins agréable. Un superbe titre où Walter s’offre quelques belles sorties, histoire que le morceau ne devienne pas redondant.
Le personnage se réserve quelques occasions pour bien se mettre en valeur. Sur l’instrumental «
Preludio Obsesivo », il fait démonstration de toute sa technique, tel un nouveau
Yngwie Malmsteen. L’instant est captivant, et le sera encore davantage sur le survolté « El Ultimo Ataque ». Les mélodies deviennent grandiloquentes, abordant les rivages du speed metal dans ses tonalités agressives. Une rage qui va disparaitre totalement sur l’instrumental, acoustique cette fois « Otono
Medieval ». Tout en finesse, en fragilité, ressortant des sonorités sud-américaines, puis la mandoline en toute fin.
Un jeu subtil qui contraste avec les rafales de « Solo Para Amarte ». Une tonicité des riffs qui rappelleraient le «
Judas Priest » de l’époque. Rapide et sec. Niveau rudesse, on atteint le paroxysme sur « Rompe el Hechizo ». Les guitares se livrent à un exercice de salves plutôt décoiffant. Saul tente de compléter cette énergie redoutable en paraissant lui aussi excité et nerveux. Encore de la rugosité, mais à une cadence plus plombée. On s’en tient à montrer les gros bras sans frapper. Un titre qui ne fait pas non plus dans l’ambigüité et la finesse. C’est de l’authentique et bon heavy metal.
Une première œuvre qui en appelait déjà d’autres compte tenu de la qualité du produit. Quelques imperfections sont à noter au niveau du chant et de la production, mais «
Rata Blanca » s’inscrivait déjà dans les formations de pointe du heavy metal sud-américain. Les riffs, le jeu des instruments rappelleront ce qui se faisait peu avant du côté des britanniques. Néanmoins, il se dégage chez cette formation un certain charme typique des formations hispaniques. Moins enclin à la violence. Après une guerre perdue totalement inutile, les argentins aspiraient plus au pacifisme. «
Rata Blanca » comptait rapporter des victoires que par sa seule musique.
15/20
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