Rat Race

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16/20
Nom du groupe Child's Play
Nom de l'album Rat Race
Type Album
Date de parution 1990
Style MusicalHard Rock
Membres possèdant cet album9

Tracklist

1. Good Ol' Rock and Roll
2. Day After Night
3. My Bottle
4. Rat Race
5. Mind
6. Evicted
7. Knock Me Out
8. Girl Like You
9. Capricorn/Bang Bang
10. Pay Your Dues
11. Damned If I Do
12. When Hell Freezes Over

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Child's Play


Chronique @ TasteofEternity

02 Juin 2016

Made in Baltimore, and Proud of it !!!

No Chucky, No bride of Chucky, just Good Ol' Rock and Roll, baby...


C’est à l’opposé des faubourgs de West Hollywood et du doux soleil californien qu’il faut aller chercher les racines de Child’s Play, une pépite connue par trop peu d’entre-nous aujourd’hui encore. En effet, c’est bien sur les terres d’un certain Hannibal le Cannibal, à Baltimore (Maryland) que Child’s Play s’est formé en 1983 et a décidé d’y forger ses armes plutôt que de se lancer la fleur au fusil à Los Angeles dans une jungle où la déferlante sleaze laissa plus d’un groupe talentueux sur le carreau. Le pari est osé et le delta immense entre d’un côté un joli port de pêche à l’histoire aussi chargé que le rouge des briques de ses habitations accolées et de l’autre un mouvement musical à la pointe de la mode. C’est dans ce contexte peu favorable que le groupe se tailla une réputation en atomisant les salles du Seagull Inn, du Hammerjacks et du Capricorn leur permettant d’accéder rapidement à une notoriété locale, puis régionale au milieu des 80’s tout en engrangeant une solide expérience live.

A la différence des autres groupes de mercenaires de l’époque, le line-up de Child’s Play affiche une belle unité dans ses premières années : originellement formé autour du noyau dur, Larry Hinshaw (chant) et Brian Giacubeno as Brian Jack (guitare), secondés par d’anciens membres arrachés à Cry Baby, Jimmy Shafer (guitare) remplacé dés 1984 par Nicky Kay, Phil Wiser (basse) et Steve Albinak (batterie) remplacé par un certain John Allen, lui aussi en 1984. Après avoir écumé tous les recoins de la région, le groupe se penche enfin sur son premier enregistrement prenant la forme d’un EP, Ruff House, en 1986, unique témoignage studio avec Larry Hinshaw au chant. Sorti sur un label indépendant de Baltimore tout juste lancé, Rampant Records, les 5 titres proposés par Ruff House présentent une identité et une maturité singulières dans un style Heavy suintant le sleaze crade à l’énergie communicative. Les gars jouent fort et frappent juste. Ils possèdent déjà la recette des titres pour faire hurler leur public comme en atteste les brûlots Ruff House et sa basse frondeuse, Good ‘Ol Rocking Roll et son refrain de tueur, ou encore Drop Dead à l’intro acoustique léchée qui se transforme en Metal hit par la suite. Se réclamant d’AC/DC, les six-cordistes balancent des soli ravageurs sur un riffing simple et entêtant gorgé de feeling comme leurs pairs australiens savent les alambiquer, appuyés par une batterie qui tient la baraque sans faillir. Mais c’est bien au niveau de la voix que se fait la différence pour ce genre de combos. Celle de Larry ne manque pas d’alerter. Cette voix immédiatement reconnaissable, intrigue par une agressivité naturelle, au timbre aussi doux qu’une toile émeri surmontée de verre pilé, se rapprocherait d’un savant mélange entre Bon Scott et Stephen Pearcy tout en empruntant volontiers des intonations à la Vince Neil lorsqu’elle se déchaîne en concert. Cette dernière a deux avantages à mon sens, elle attire l’attention et crée l’unicité du groupe. De manière astucieuse, il n’y a pas de concours de puissance entre le chant et l’instrumentation qui pourtant bastonne sans compromission. On sent un frontman expérimenté qui maîtrise parfaitement son art sur ce premier essai qui laisse présager un avenir radieux…

Le succès d’estime qui fait plafonner Child’s Play finit par entamer une volonté farouche qui semblait inaltérable à l’origine d’un esprit de conquête permanent d’un public toujours plus large et dévoué. C’est d’abord l’un des membres fondateurs Phil Wizer qui quitte le navire pour se lancer dans une carrière médicale, remplacé par Marion Idzi as Idzi, en 1987. Puis, un véritable coup de massue s’abat sur le clan lorsque l’un des deux piliers du projet décide contre toute attente de jeter l’éponge en juin 1988, le frontman et principal compositeur, Larry Hinshaw, alors que les portes du succès semblaient enfin céder, et surtout contre l’avis des autres membres. Tout se déclenche à la suite d’une performance du groupe à un showcase au Cat Club à New-York devant un parterre de labels affamés début 1988. A la suite du show, une seule de ces sangsues fit une proposition “décente” au groupe selon leur manager, Jack Dean, véritable 6e homme de l’équipée, avec un sérieux problème à la clef, la voix du chanteur ne passe pas auprès de l’interlocuteur du label en question (MCA Records pour ne pas le citer, connu pour ses liens plus ou moins dissimulés avec le Milieu, sur le point de lancer sa propre écurie estampillée Metal, Mechanic Records). Après une discussion sérieuse avec Jack Dean, et d’un commun accord, Larry Hinshaw décide de quitter les feux de la rampe, en restant connecté à l’arrière du groupe continuant d’écrire pour ce dernier, tout en lançant sa propre maison d’édition, Silent Songster Songs. Cette mini tragédie aura de grandes répercussions sur l’équilibre du clan. Mais pour l’heure, une seule question se pose : qui pour remplacer l’icône de Baltimore ? Larry Hinshaw incarnant une partie essentielle de l’identité du groupe, le sacrifice du frontman ne doit pas être vain d’autant plus que les autres membres se refusent d’incorporer un inconnu afin de sauvegarder autant l’essence que l’avancée du groupe. A la recherche d’un homme de confiance qui les connaît parfaitement, ils se tournent naturellement vers l’étoile montante au charisme certifié 24 carats, Brian Jack, qui va s’empoigner dés lors à maîtriser le répertoire de L.H. et reprendre le flambeau sans rupture indigeste pour le public. Le statut d’idole rapidement acquis, Brian Jack affole les premiers rangs des midinettes prêtes à se damner pour un regard de l’ange aux mèches blondes, tout en permettant à Child’s Play d’atteindre une nouvelle dimension auprès des labels friands de ces groupes au potentiel en pleine explosion. Apparemment intéressé par les efforts fournis par le groupe, MCA n’obtiendra de Child’s Play rien d’autres qu’une vulgaire poupée aux pulsions meurtrières contagieuses, sans jamais trouver un accord valable avec le groupe en question, qui finira par signer avec Chrysalis Records (Blondie, Pat Benatar, Billy Idol, Ramones…) en 1989, à la suite de l’enregistrement des démos du futur album aux côtés de Kim Fowley (producteur et compositeur à succès, dénicheur de talents et découvreur/manager de Joan Jett et des futures Runaways disparu en 2015) et Paul Lani. L’acharnement quasi-désespéré de Jack Dean vient enfin de payer après 2 ans de travail intensif sur la gestation du groupe.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser la pression ne fait que monter d’un cran avec cette nouvelle signature. Si le groupe “fixe” les conditions de sa participation à un des plus grands rendez-vous de l’année au Concrete Foundations Forum à Los Angeles en septembre 1989, la première convention exclusivement Heavy Metal dans le genre dont c’est la deuxième édition, il n’arrive pas à soutirer au label la possibilité d’auto-produire son premier album. Après d’interminables négociations durant l’automne une entente, entre le combo et le label, est entrevue sur le cas Howard Benson qui vient de sortir en début d’année le premier missile de Pretty Boy Floyd mais également celui de Bang Tango. Mais encore une fois, si le cv a de quoi impressionner, les membres de Child’s Play s’attachent plus à la personnalité du producteur, favorisant l’harmonie du clan, plutôt que de chercher le meilleur qui soit, au prix d’un climat délétère. Cela n’empêche pas Child’s Play de garder à l’esprit que cet album doit impérativement atteindre un succès national, le futur du groupe en dépend.

Rat Race premier album de Child’s Play explose en 1990, arborant un graphisme grossier et flashy assumé, quelque part entre Warhol et Street Art. Le nom du clan domine plus que jamais alors même que le titre de l’album passe inaperçu en bas à droite. Toutefois le choix de Rat Race ne doit rien au hasard puisqu’il renvoie directement à l’époque de Ruff House et de leur ex-frontman L.H. devenu homme de l’ombre à l’influence quasi-intacte au sein de la meute. Good Ol’ Rock And Roll ouvre les hostilités, un classique du répertoire de Child’s Play surgonflé qui nous éclate les tympans, avec cette fois Brian Jack au chant. La différence est saisissante, on retrouve l’éclat d’un LA Guns de la fin des 80’s, la ressemblance avec Phil Lewis ayant de quoi surprendre. C’est brut de décoffrage, on sent un Child’s Play déterminé à reproduire en studio la puissance qu’ils développent en concert, et le résultat est au rendez-vous. On enchaîne avec un Day After Night, un des 3 singles de l’album, qui laisse plus de place à la voix de Brian Jack pour révéler ses talents, un titre tout en rupture, qui prend à revers après la claque du premier titre. Pas le temps de chômer, My Bottle, avec ses lyrics évocatrices “It’s My Bottle, it’s my whisky, if I want I drink it all” et son intro bluesy nous séduit tout en finesse, puis après quelques accords acoustiques, le titre s’envole en électrique avec son refrain simple et efficace, encore un hymne taillé pour faire se dresser des stades plein à craquer. Rat Race, hérité, elle-aussi, de Ruff House, a repris du volume mais reste trop simple et sans surprise après trois titres aussi pêchus et clinquants, on s’attend comme pour un feu d’artifices à toujours plus, or le titre fait retomber la tension. Wind, également choisi comme single, composé par Brian Jack révèle une nouvelle facette de Child’s Play, (première) ballade intimiste qui annonce déjà le futur choisi par sa star. Sur ce titre, Brian Jack prend le temps de nous révéler toute l’étendue de son talent au chant, sur fond de guitare acoustique, la voix douce et chaleureuse de l’héritier de L.H. fait merveille appuyée par quelques choeurs clairsemés mais bien placés, un single très séduisant taillé pour les bandes FM américaines. Ces 5 premiers titres éblouissent par la puissance déployée autant que par l’étendue du répertoire. La face B reste du même acabit, Evicted voit apparaître un John Allen au chant, qui ne trouble pas l’élan de l’album, l’homme possède un talent qui va bien au-delà de la batterie, puisqu’il compose et assure les backing vocals sur tout l'album, et quand à de rares occasions il passe en première ligne au chant comme ici mais également sur Pay Your Dues, l'homme se révèle. Les guitares heavy hurlantes de Capricorn/Bang Bang font l’effet d’un clin d’oeil à WASP période Electric Circus, c’est jouissif de ressentir autant de fun sur un album, sculpté pour se lancer dans une bringue de tous les diables, de celles qui vous font comater sur les marches du Sacré Coeur pendant plus de 4 heures, la bouteille de champ’ et les coupettes en renfort, par exemple.

Un album qui s’intercale aisément entre l’éponyme et le Cocked Loaded de LA Guns, écrasant avec facilité un Flesh ‘n Blood (1990) timoré d’un Poison alors en plein déclin. Echappant à l’écueil AOR, et ses synthés et choeurs omniprésents asphyxiant l’esprit explosif et décomplexé du rock’n roll, Rat Race est exclusivement créé par et pour la scène. L’album sera suivi d’une tournée aux Etats- Unis en soutien de Cold Sweat. Malheureusement, les ventes ne seront pas à la hauteur des espoirs placés par le label. Il faudra ajouter à cela le départ de Brian Jack, pour une carrière solo dans un style beaucoup plus feutré dans la veine d'un Michael Bolton du début des 80's ce qui finira d’éteindre les derniers espoirs d’un groupe ô combien méritant qui aura survécu pendant près d’une décennie pour s’arracher une part du gâteau. Une aventure exceptionnelle à découvrir ou redécouvrir au plus vite.

In loving memory of Brian Giacubeno (1965/2012)

RIP

7 Commentaires

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samolice - 08 Juin 2016: Excellent, merci pour toutes ces infos. Tu les as pêché où, c'est hyper pointu!

Inconnu pour moi aussi. Dommage pour le groupe de sortir ça en 1990, surtout si le groupe existait depuis 83. Ils ont raté le coche.
J'ai écouté le titre éponyme sur YT et c'est sympa sans plus. Mais tu soulignes bien dans ton texte qu'il s'agit là d'un titre moyen. Donc si une occase se présente...

J'aimerai bien aussi entendre ce que cela donne avec l'ancien chanteur.
ZazPanzer - 08 Juin 2016: Que ce soit l'évocation de L.A. Guns, celle du Cat Club de NYC cher à mes chouchous de Smashed Gladys ou peut-être celle de cette nuit d'ivresse parisienne, ce superbe article encyclopédique ne pouvait que déclencher un achat impulsif : je viens de commander le LP.

Merci frangin, en attendant le prochain sandwich aux crevettes ;-)
TasteofEternity - 08 Juin 2016: Merci messieurs pour avoir pris le temps de lire ce qui va un peu plus loin qu'une simple simple chronique prenant des allures d'hommage appuyé à un album et surtout un groupe devenu un véritable coup de coeur comme vous avez pu vous en rendre compte ;)

Contrairement aux apparences, le texte s'est écrit très rapidement et simplement, les sources se sont révélées étonnamment accessibles.

Après quelques recherches, je réussis même à trouver le press kit de l'album, vous savez cette brochure que le label envoyait aux distributeurs, radios et à la presse spécialisée dans les 70's, 80's et encore 90's, pour présenter le groupe, "vendre" serait le terme plus adéquat. Evidemment, importé des Etats-Unis, je reçus la brochure après la publication de la chronique, de sorte qu'au moment où je parcourus la présentation retaillée sur mesure par Chrysalis je tenais juste à vérifier que ma version n'était pas trop éloigné de la "vérité". Et là je fus pris de stupeur et tremblements quand après avoir lu et relu ce torchon infâme, je me rendis compte que pas une seule fois le nom de Larry Hinshaw apparaissait clairement... Au lieu de ça une vulgaire périphrase résume en quelques mots l'apport du membre fondateur et principal compositeur des premières heures du groupe : "Early indications of Child's Play featured another vocalist, but his departure in early 1988 left Brian in the front spot" Vous me direz qu'il n'y a rien de surprenant dans cette technique de commercialisation, que le business ne s'embarrasse d'aucune morale ou respect, et que l'histoire est volontairement tronquée pour éviter de poser trop de questions souvent encombrantes. Moi ça me débecte sans vouloir faire ma sucrée, point barre !

Dans le parcours de Child's Play, Larry Hinshaw est une pièce maîtresse, et ce qui m'avait touché dans le choix (sacrifice) de L.H., c'est que Child's Play étant son projet, il avait fait ce choix pour permettre à ce dernier de pleinement s'épanouir comme un père le ferait avec son enfant, mais tout en l'accompagnant à distance d'un oeil protecteur. Et j'avais particulièrement apprécié cette phrase qu'il avait prononcé quelques temps après l'annonce de son retrait, et qui portait un doux parfum de revanche prémonitoire : "I still have a future with the band because when they get picked up (by a major label), I get picked up."

Respect pour le groupe, et un album qui fleure bon les 80's !!!

Prochaine destination : Cold Sweat !!!!

PS : JL pour la longueur des paragraphes, je crois que c'est mort ;) En même temps la passion ne s'embarrasse pas de ce genre de détails, la logique consumériste nous pourrit suffisamment par ailleurs !
ZazPanzer - 23 Juin 2016: Le LP tourne en boucle mec et c'est du lourd, je confirme le parallèle avec L.A. Guns ! Je viens d'ailleurs de découvrir en même temps le "Man In The Moon" des pistoleros qui est vraiment terrible, notamment le titre "Don't Call me Crazy" ou encore "Beautiful", qu'on croirait écrite par Tesla.
Encore merci pour la découverte Art'.
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