Rashomon

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17/20
Nom du groupe Ibaraki
Nom de l'album Rashomon
Type Album
Date de parution 06 Mai 2022
Labels Nuclear Blast
Style MusicalBlack Progressif
Membres possèdant cet album17

Tracklist

DISC 1
1.
 Hakanaki Hitsuzen
 
2.
 Kagutsuchi
 
3.
 Ibaraki-Dōji
 
4.
 Jigoku Dayu
 
5.
 Tamashii no Houkai
 
6.
 Akumu
 


DISC 2
1.
 Komorebi
 
2.
 Ronin
 
3.
 Susanoo no Mikoto
 
4.
 Kaizoku
 

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Ibaraki


Chronique @ Groaw

16 Juin 2022

La surprenante collaboration entre deux musiciens de légende

A l’annonce du nom de Trivium, la remémoration de plus de vingt ans de carrière et d’une discographie presque sans fautes fait immédiatement surface. A l’époque, nos jeunes Floridiens ne s’imaginait sans doute pas à la tête d’une immense scène musicale qui n’a cessé de croître au fur et à mesure des années. Son frontman Matthew Kiichi Heafy est bien sûr le bâtisseur de l’identité du groupe américain. Ses performances en tant que chanteur mais aussi en tant qu’auteur-compositeur ne cessent de faire tourner la tête. D’ailleurs, sa dernière parution en date In The Court Of The Dragon n’est qu’un témoignage supplémentaire d’un savoir-faire authentique dont seule sa formation semble avoir la recette.

Lorsque le musicien a annoncé vouloir démarrer un nouveau projet alors même qu’on le pensait indissociable de Trivium, une effervescence et une attente immenses ont commencé à se propager. Cette nouvelle ébauche, l’artiste y pensait déjà il y a une décennie mais alors que sa formation fulmine à vitesse grand V, une forme de peur et de jugement découleront et les futurs travaux demeureront secrets. Enfin pas tout à fait puisque l’interprète enverra finalement ses compositions au label Candlelight Records jusqu’à arriver à une des figures les plus emblématiques du black metal : Ihsahn (Emperor). Ce dernier impressionné par la qualité de ces esquisses finit par rejoindre la folle aventure de Matthew. C’est ainsi qu’Ibaraki, nom emprunté d’un effrayant démon japonais tiré de la légende féodale, vit le jour.

Même si l’ensemble des idées furent écrites et ajustées au cours des années, le manque de temps des deux hommes liés à leurs groupes respectifs n’a pas permis un plein investissement dans cette nouvelle entreprise. Il faudra finalement attendre l’arrivée de la pandémie pour un engament total de la part du duo, pour une première rencontre et pour une finalisation des derniers arrangements. Après donc plusieurs mois d’intense collaboration, c’est avec la maison de disques Nuclear Blast Records que le tout premier disque d’Ibaraki intitulé Rashomon parait. Le titre de l’opus ainsi que sa pochette sont directement inspirés du film d’Akira Kurosawa dont le sujet est la mort d’un samouraï tué par un bandit.

L’œuvre est excessivement audacieuse avec dix titres qui passent pour la plupart aisément les cinq minutes de durée. Au-delà de la longueur conséquence proposée par les deux artistes, c’est aussi une immersion dans un monde culturelle vaste, une insertion dans la mythologie et le folklore japonais. Le degré de production est tel que Matthew a fait appel à de nombreux invités, notamment aux membres de Trivium avec Alex Bent (batteur), Paolo Gregoletto (bassiste) et Corey Beaulieu (guitariste). La femme d’Ihsahn a elle aussi participé à cet album en réalisant des enregistrements de la nature environnante pour une plongée la plus fidèle possible. On retrouvera également Nergal (Behemoth) dans Akumu et, plus inattendu encore Gerard Way (My Chemical Romance) sur Rõnin.

Parlons d’ailleurs de la performance vocale de Gerard Way sur ce morceau. On savait le bonhomme déjà capable de quelques screamings avec une palette déjà bien rodée. Mais ici, il est à la baguette de tous les passages au chant écorché et guttural et le moins que l’on puisse dire, c’est que dans un cadre black metal, le vocaliste s’en sort merveilleusement bien et nous laisse véritablement pantois. Quant à Matthew, nous pourrons profiter de son chant clair qui fait un somptueux contraste avec l’esprit malsain, tortueux de Gerard. L’instrumental fait lui aussi la navette entre clarté et morosité, une balance entre black et musique progressive le tout accompagné d’un solo d’Ihsahn à la fois déchirant et plus traditionnel.

Bien que ce disque soit considéré en premier lieu comme une toile black metal, les influences sont en réalité multiples. Entre metal progressif, black metal, metalcore et parfois même heavy atmosphérique et mélodique, le fictif dépasse souvent la réalité et nous pourrions aisément comparer Rashomon comme étant le pays des merveilles d’Alice. Rien que le titre Hakanaki Hitsuzen qui sert comme guise d’introduction nous emmène dans des contrées en dehors du Japon. En effet, avec sa forte connotation folklorique, nous foulons l’espace de quelques instants les larges plaines russes.
Ibaraki ne se cache aucunement derrière de vilains artifices et ses ressemblances avec de grandes figures du metal en est une preuve irréfutable. Juste après le morceau d’ouverture, Kagutsuchi nous absorbe dans les légendes nippones de par ses passages au shamisen et au koto. Pourtant, en plein milieu de la mélodie, une transition vers un couplet plus doux et léger se rapporte à l’album Damnation d’Opeth. Ces allusions au groupe suédois seront assez fréquentes dans l’opus comme dans Jigoku Dayū où l’on commence très timidement avec une guitare acoustique et la voix apaisante de Matthew, presque une marque de fabrique du quintet, avant de basculer dans un black fulminant et froid. Il en sera de même avec Komorebi où la présence de violons accentuera à la fois cette brise atmosphérique et ce penchant mélancolique.

Pour autant, notre vocaliste a parfois moins d’aisance à se détacher de ses racines metalcore si bien que l’on pourrait croire être en face de Trivium. Malgré une impressionnante orchestration et la participation vocale d’Ihsahn en personne, Susanoo No Mikoto montre les limites de Matthew dans son éventail d’inspirations. Si le titre est une nouvelle fois d’une efficacité sans faille, la mélodie peinera durant les trois premières minutes à véritablement se renouveler et se montrera forcément moins mémorable que ses prédécesseurs. De même, on ressent une marque plus mélodique, plus accessible qui détonne assez fortement sur le reste de la galette qui se veut relativement technique et dissonant.

Rashomon est un voyage unique dans le pays du Soleil-levant. Il est aussi un hommage, un témoignage de Matthew à ses racines et à sa famille. Cette première ébauche est une parfaite rencontre entre le fictif, la mythologie, les contes et la réalité, le passé, les blessures. Cette longue attente est entièrement pardonnée pour notre duo de musiciens qui signe ici une œuvre riche, puissante et poignante. Forcément, une toile aussi imposante demandera à son auditeur d’être patient et volontaire. Mais une fois entré dans le tableau, il ne lui reste qu’à embarquer dans cet océan aux mille couleurs et de se laisser bercer dans ce tourbillon d’émotions.

3 Commentaires

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JeanEdernDesecrator - 22 Juin 2022:

Très agréablement surpris par l'extrait en vidéo, va falloir que j'écoute ça... Merci pour la découverte !

Eternalis - 24 Juillet 2022:

Je n'avais pas vu la chronique, ça m'empêche d'avoir à en écrire une laugh

Je suis d'accord avec toi sur quasiment tous les points. Epique, un côté old Opeth dans les intro et les progressions, l'influence / collaboration de Ihsahn se ressent également dans certains riffs assez tordus et dans des aspetcs très prog moderne (je pense au riff après le break de Jigoku Dayu qui est étrange mais totalement jouissif). Effectivement, il faut mettre de côté la nomination black qui a un peu etouffé le projet car ce n'est que partiellement vrai, même pour des morceaux aussi brutaux que le fantastique Tamashii no Houkai (quelle intro, quelle agression ... et du chant ultra clean sur le refrain) ou le glauque Akumu avec Nergal qui chante en polonais). Et comme tu dis, Way est impressionnant sur Ronin et sa palette black donne une puissance et une noirceur impressionnante au titre. 
Un excellent opus, que je préfère même à In the Court of Dragon, empli de riffs, d'idées et surtout de plaisir. Pas beaucoup de barrières, on passe du black au core en allant vers le thrash ou le prog ... Matt Heafy grandi de plus en plus en tant qu'artiste ! 

Merci pour le texte

Groaw - 28 Juillet 2022:

Merci pour ton feedback et tes compliments Eter' laugh

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