Liste des groupes Death Brutal Resurrected (GER) Raping Whores

Portées par l'engouement crée par les pionniers du genre, de nombreuses formations estampillées Death Metal firent leur apparition durant les années 1990 sur l'ensemble de la planète. Mais de nombreuses disparurent aussi après la publication d'une démo, d'un E.P. Ou encore d'un ou deux albums. Il est aussi des groupes qui s'accrochèrent coûte que coûte pour subsister dans l'underground et un relatif anonymat, tout en restant actifs niveau sorties et concerts.

Ressurected fait partie de ces groupes inaltérables. Formé en 1993 à Duisburg (Allemagne), le combo se rassemble autour des frères Scholz, Carsten (voix) et Thomas (batterie). Resurrected a l'ambition de jouer du brutal Death Metal d'inspiration américiane(Suffocation, Deicide, Cannibal Corpse). Très vite, le groupe compose ses propres morceaux et sort sa première démo 4 titres, sous format cassette, en 1995 et la nomme " Sinner of Unable Fod". S'ensuivent de nouvelles démos en 1996 ("The Lament Configuration") et en 1997 ("Rising of the Dead") et un E.P. ("Bloodline") la même année.
Rejoint entre temps par Thomas Granzow (guitariste), le groupe fonde son propre label Eatstar pour la sortie de ce premier album en 1998, intitulé "Raping Whores". Ce label optera un an plus tard pour le nom de Perveted Taste.

Contenant 10 titres, l'album commence avec une intro musicale un poil longuette mais dès "Rotten and Worthless", le trio dévoile son vrai visage grâce à un Death Metal rapide et brutal, avec des accélérations rythmiques, un double pédalage frénétique et des blast-beat qui apportent de jolies colorations grind.
L'intention du groupe s'avère claire : faire le plus de dégâts possible. Ici nulle recherche mélodique, toute leur alchimie réside dans l'enchaînement des riffs directs et meurtriers . On retrouve cette puissance frontale sur les hargneux "Damned by Temptation", "Impiety Breed" ou encore "Nailed to the Cross (Let Him Fester)".

Soucieux tout de même de varier son propos, le groupe n'hésite pas à inclure des parties pesantes qu'on pourrait qualifier de slam mais sans le côté souvent trop minimaliste qui dessert ce style. Les parties ralenties du terrible "Hook Handed Demon" et de "Pray to Lord ..." argumentent dans ce sens. Les Teutons s'aventurent même dans le death/doom sur de la dérangeante "Blessed by the Priest" (début et fin), un des titres les plus réussis de l'album.

Techniquement, le guitariste Thomas Granzow assure bien ses parties, avec de nombreuses harmoniques sifflées mais quasiment aucun soli. Il tient aussi la basse qui se contente ici de grossir l'ensemble. Les growls de Carsten sont très efficaces dans leurs placements, dans un registre très gras et dérangeant. Il double aussi sa voix dans les aiguës, rappelant le grand Glen Benton.
Par contre, la batterie souffre d'un manque de cohésion avec le reste, amoindrissant ainsi l'impact des nombreux breaks qui jalonnent ce disque. Je trouve qu'il tente une complexification inutile de son jeu pour un résultat assez mitigé.
L'enregistrement aux studios de Duisburg se révèle solide et la production brute apporte la crasse nécessaire à ce genre d'album.

Thématiquement, le groupe se niche dans un mode blasphématoire qui renvoie aussi à Deicide, tout en affirmant des envies de gore et de pornographie (le titre final "Wide Open Cunt"). Le groupe développera plus ces idées perverses sur les albums suivants. L'artwork sommaire ne reflète pas vraiment l'univers du groupe.

S'insinuant dans la brèche créée par les grands du style tel Cannibal Corpse, ce combo allemand signe ici un premier album certes peu original mais convaincant. Perdu dans la masse de groupes ayant émergé durant cette décennie, Resurrected a tout de fois réussi à perdurer, animé par cette foi indestructible envers leur style qui met toujours du baume à l'âme.