Je ne ressens pas le besoin d'écrire sur les anciennes gloires qui tentent de revenir au sommet, des années après leurs fastes, avec des albums solo. D'autres l'ont déjà fait longtemps avant moi ; de plus, je ne connais que superficiellement, il faut le dire, l’œuvre de Jon
Oliva (
Savatage,
Jon Oliva's Pain, pour ceux qui connaissent encore moins que moi). La seule chose à constater, c'est que Jon n'était pas comme un Ozzy, à ne rien faire de ses journées. Non, Jon
Oliva n'était pas en manque d'occupation, et il entretenait avec relativement de réussite sa célébrité personnelle avec le
Trans-Siberian Orchestra. Cela ne devait visiblement pas l'en contenter, puisqu'il revient en force en cette année 2013, et avec un gros label derrière lui.
Entre-temps, je me pose une question, à laquelle - je l'espère - la réponse sera positive : Si le disque porte seulement le nom du chanteur, l'artiste doit-il porter autant d'attention à la musique qu'à un disque normal ?
On sait déjà grâce à son passé que Jon
Oliva peut composer pour plusieurs instruments, d'ailleurs il joue même de plusieurs instruments puisqu'il s'occupe ici du piano et de la batterie sur quelques titres. Pour résumer ce qu'on attend de ce disque, on veut entendre à nouveau ce que Jon
Oliva a fait toute sa vie, avec pourquoi pas une petite dose de nouveauté, ou alors quelque chose de radicalement différent comme ce que fait
Serj Tankian actuellement.
Passons la pochette qui donne des boutons sur les yeux et allons directement à la musique en elle-même. Le titre éponyme est le titre d'ouverture (ou l'inverse), mais est surtout une sorte d'introduction format XXXL (mais ce n'est pas pour me moquer de l'embonpoint de Jon bien sûr). C'est un titre quasiment instrumental, avec juste Jon qui répète "
Raise the Curtain" sur différents ton. C'est sympathique et plutôt original, même si ça sonne pas trop
Metal mais Rock, et c'est assez répétitif. Comme on dit dans le Sud-Ouest, ça casse pas trois pattes à un canard.
Le premier vrai titre est Soul Chaser. La voix est très incisive, même agressive, à la limite du hurlement. Là-dessus rien n'a changé.
Question musique, autant le dire tout de suite, pour ce titre c'est assez décevant. C'est décevant car c'est banal. On a un rythme heavy classique, et il ne suffit pas de faire joujou avec la guitare pour que ça soit bon. Le chant non plus n'est pas au mieux. Côté mélodie on frôle le niveau zéro, cependant ce n'est peut être pas l'effet escompté. Mais il faudrait alors plus conviction, ou quelque chose de plus tourmenté comme au temps du bon
Savatage. Non, ici c'est de l'agressivité simple.
Pas de sentiments. Le refrain est du même acabit. Répéter le titre du morceau en boucle c'est le niveau le plus faible de la créativité.
Mais bon, Jon c'est pas n'importe qui, une erreur peut arriver à tout le monde, il va rattraper tout ça, et ce ne sera que la seule tache sur ce disque (en plus de la pochette qui fait très tache aussi).
Effectivement, à l'écoute de certains titres de la galette on se prend à espérer. Des titres comme
Ten Years sont parfaitement potables, en dépit de l'intro grotesque de ce dernier. Mais le chant est correct, et le refrain puissant. Celui-ci fait d'ailleurs fait immanquablement penser à du
Savatage, sans pour autant tomber dans l'auto-parodie. C'est à mon goût le meilleur morceau de l'album. D'autres titres peuvent encore se distinguer en bien. Il s'agit du très étrange
Armageddon, de la fausse ballade I Know, ou encore Father Time qui faisait office d'extrait officiel. Il y a des bons côtés et de bonnes idées. Mais ce n'est malheureusement qu'une pâle illusion. Des trois chansons sus-citées, la première est victime d'une fin absolument nulle, la deuxième souffre de sa longueur, et la troisième vire au
Hard FM américain.
A partir de là, on n'arrête plus le massacre. Big Brother mime le retour aux sources avec une fausse agressivité qui ne colle pas du tout avec la musique. Stalker est ennuyante comme pas possible, c'est mal ficelé et pas cohérent.
C'est encore pire avec les ballades,
Soldier et Can't Get Away. Le problème, c'est qu'en plus les ballades ça dure longtemps. Si
Soldier arrive, malgré son manque notable d'originalité, à garantir une certaine cohérence et un peu de sérieux, sur la deuxième ballade c'est du n'importe quoi. Faire une ballade pourquoi pas, mais il faut encore tenir les six minutes réglementaires sans succomber aux soli jazzy qui détruisent toute forme de sentiment.
Sans faire de track-by-track, il reste un titre que je n'ai pas encore évoqué (outre le bonus), c'est
The Witch. Le piano et le son particulier de l'intro peuvent rappeler
Savatage, c'est sympathique. Mais arrive le riff. Celui-ci pourrait être tout à fait convenable, s'il n'avait le tort d'être tout droit sorti de Strange Reality, sur
Streets, à l'heure de gloire de Jon
Oliva. On savait déjà que Jon avait la manie du recyclage, ainsi la mélodie de piano de You're Alive (encore sur
Streets) s'était retrouvée sur le premier
Trans-Siberian Orchestra. Mais là il montre avec ostentation le manque d'inspiration.
Voici venu le moment de conclure (et donc de saquer une bonne fois pour toute). Le disque nous offre onze fois presque la même chose, c'est-à-dire l’indémodable "couplet-refrain-couplet-refrain-solo-refrain". Si on achète le disque juste pour entendre à nouveau la voix de Jon
Oliva, alors là on sera ravi. Mais si par malheur on s'attend à des bonnes compositions et à des lignes de chant bien travaillées, c'est une grande déception. Et lorsque l'on s'approche de
Savatage c'est pour de la copie pure et simple. C'est un disque en demi-teinte, salué logiquement par une demi-note.
10/20
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