Le duo russe
Septic Mind nous propose depuis l'automne 2014 son troisième album, intitulé Rab ("esclave"). Originaires de Tver, ville située au nord ouest de Moscou, les deux musiciens ont une fois de plus signé avec
Solitude Productions.
Septic Mind officie dans un
Doom extrême assez inventif et intriguant. Tout au long des quatre titres qui composent l'album, les musiciens russes nous emmènent dans un voyage faisant la part belle aux atmosphères cosmiques, pessimistes et hallucinées et n'étant pas sans rappeler les anglais d'
Esoteric.
Hallucinées, car la musique de la formation est marquée par un côté planant et psychédélique franchement appréciable, et lié aussi bien à des mélodies souvent assez inspirées et évocatrices, caractérisées par une certaine splendeur enfiévrée du plus bel effet, qu'à des séquences dont la répétitivité et la régularité presque mécanique lui assurent une dimension réellement hypnotique (la séquence finale du morceau titre en étant sans doute le meilleur exemple). L'ensemble est en outre renforcé par la présence de passages plus légers, où les instruments évoquent une impression de langueur ne manquant ni de mystère, ni de sentiments dépressifs, et alternant judicieusement avec les passages plus entrainants.
En effet, l'album propose quelques séquences plus efficaces et plus rythmées donnant une certaine dynamique à l'ensemble, et dont l'apogée, présente sur le titre "Blizost Kontakta" ("l'approche du contact"), prend la forme d'une explosion de folie assez intense et très appréciable, le growl légèrement modifié utilisé sur une bonne partie de l'album laissant à cette occasion place à des hurlements moins synthétiques et désincarnés, mais plus torturés.
Car en effet, l'album présente à l'occasion quelques touches synthétiques donnant un résultat étonnement typé science-fiction, ce qui se révèle par ailleurs assez en accord avec l'atmosphère de la très réussie pochette de l'album ainsi qu'avec les thématiques abordées dans les paroles, des titres comme "Rab" ou "Blizost Kontakta" proposant ainsi tous les deux des séquences mettant en scène des sonorités plutôt modernes.
De manière générale l'album est assez frais, et sait surprendre à intervalle régulier par des passages dont le côté un peu barré pourrait sembler incongru au premier abord mais se révèle au final bien intégré au reste de la musique, l'exemple le plus parlant étant sans doute l'étonnante mélodie au piano présente sur le titre "Genocid".
On notera enfin l'aspect assez efficace et finalement assez accessible (toute proportion gardée bien évidemment) de l'album, qui s'écoute très facilement malgré (à moins que ce ne soit de part ?) sa sophistication. De fait, les quelques 45 minutes qu'il affiche au compteur en sont même un peu justes, et laissent un peu l'auditeur sur sa faim, ce qui peut pousser à penser qu'un morceau supplémentaire aurait été le bienvenu pour totalement satisfaire ce dernier. Cela étant, Rab reste néanmoins un album très plaisant et inventif, s'écoutant avec beaucoup de plaisir.
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