Liste des groupes Metal Symphonique Quantika Questions, Thoughts and Knowledges

Terre prolifique en formations metal symphonique à chant féminin depuis près de deux décennies, le plus souvent inspirées par Nightwish, Epica et consorts, le Brésil reste bien ancré dans la course, réalimentant inlassablement le vivier en nouveaux talents. Aussi, dans cette même veine, enfante-t-il aujourd'hui d'un jeune quintet originaire de Porto Velho. Cofondé par la chanteuse Carolina Ferreira, le guitariste Patrik Correa et le guitariste/growler Alexandre Rotuno en 2017, prestement rejoints par le bassiste Rafael Vasconcelos et le batteur Marcio Enrique, Quantika évolue dans un rock'n'metal symphonique gothique à la fois tonique, énigmatique et romantique, calé sur le schéma oratoire devenu classique de la Belle et la Bête.

Encore peu popularisé dans l'espace metal symphonique sud-américain, conscient des enjeux et des risques qu'implique un emballement des événements, c'est à tâtons que se lance le combo dans la fosse. Ainsi, ce n'est que trois ans plus tard que naît l'introduction opus « Questions, Thoughts & Knowledges » ; auto-production où 8 pistes s'égrainent sur une bande auditive de 33 brèves minutes. Enregistré au Play Sonora Studio (Porto Velho) par Hugo Borges, s'il témoigne d'un mixage équilibré entre lignes de chant et instrumentation, le méfait manque toutefois de profondeur de champ acoustique et laisse échapper l'une ou l'autre sonorité résiduelle. Mais embarquons sans plus attendre pour une traversée aux multiples rebondissements...

La structure de la galette demeure convenue et rares sont les prises de risques inscrites dans le cahier des charges. Comme souvent dans ce registre, le rideau s'ouvre sur un laconique instrumental symphonico-cinématique. Ainsi, pourvu d'arrangements ''nightwishiens'' et de bon aloi, l'avenant mais néanmoins dispensable « Questions » glisse le long de sinueuses et aériennes nappes synthétiques. Mais il ne s'agit-là que d'une simple mise en bouche.

Quand il nous propulse en de magmatiques contrées, s'il témoigne d'un réel potentiel technique, le collectif sud-américain ne parvient que malaisément à nous rallier à sa cause. Ainsi, recelant des riffs épais adossés à une rythmique sanguine et un seyant solo de guitare, l'offensif « Sirian » accuse parallèlement une ligne mélodique en proie à d'incompressibles linéarités. Dans l'ombre d'une certaine Simone Simons (Epica), manquant cependant d'emphase, de rondeur et de fluidité, les chatoyantes inflexions de la sirène ne sauraient longtemps faire illusion. Par ailleurs, précédé du très bref instrumental « Thoughts », suivant quelques chemins de traverse et concédant des enchaînements couplets/refrains mal assurés, le pulsionnel « Horizon of Madness » ne saurait davantage prétendre à une inconditionnelle adhésion.

Parfois, le propos se fait empreint de mystère, nous immergeant alors dans un univers symphonique doublé d'une touche dark gothique. Aussi, à la confluence entre Epica et Draconian, l'orientalisant mid tempo progressif « Eye of Infinity » se fait à la fois chevaleresque, gorgonesque et tumultueux. Dans ce champ de turbulences, les claires patines de la belle font écho aux growls ombrageux de son acolyte, nous retenant cette fois plus que de raison. D'autre part, suite au cinématique et palot instrumental « Salvatori », le saillant et ténébreux « Knowledges » sort les griffes. Jouant sur les effets de contraste atmosphérique, rythmique et vocal, le plantureux effort se fait tantôt engageant, tantôt empreint de noirceur, alors propice à nous glacer les sangs. Doté d'un fin legato à la lead guitare et d'enchaînements d'accords sécurisés, mais accusant un filet mélodique décousu et quelque peu brumeux, l'intrigant manifeste ratera sa cible de peu.

Lorsque nos acolytes évoluent dans un espace tamisé, ils révèlent une sensibilité à fleur de peau. Ainsi, sous-tendue par un délicat piano/voix et tout en légèreté, calée parallèlement une sereine rivière synthétique, la ballade atmosphérique progressive « Mother » peu à peu ouvre ses ailes, développant alors un infiltrant cheminement d'harmoniques. En outre, cette frissonnante ritournelle se pare des cristallines volutes de la maîtresse de cérémonie, alors assimilées à celles de Maike Holzmann (ex-Voices Of Destiny), tout en recelant un bref mais grisant solo de guitare. Assurément l'un des points de force du combo brésilien.

On l'aura compris, en dépit de ses louables qualités techniques, nombre d'erreurs de jeunesse n'ont pu être éludées par la formation brésilienne. A commencer par une ingénierie du son encore lacunaire, des arrangements restant à affûter et des lignes mélodiques et vocales à affiner. De plus, on aurait souhaité une palette plus étoffée en matière d'exercices de style et un zeste d'originalité accolé à la menue rondelle. Ce faisant, nos compères demeurent terrés dans l'ombre de leurs illustres maîtres inspirateurs sans jamais parvenir à apposer leur sceau artistique sur leur œuvre. Pour espérer se démarquer de leurs pairs, toujours plus nombreux à affluer, il leur faudra coûte que coûte s'en éloigner, tenter de générer un message musical plus immédiatement lisible et aux efficaces harmoniques. La balle est désormais dans leur camp...