Adaestuo, en voilà un patronyme étrange... Sous cette appellation se cache un mystérieux trio qui évolue depuis leur premier EP de 2016
Tacent Semitae dans un mélange de dark, d’ambiant et de black metal en un maelstrom aussi sombre que dérangeant.
Deux ans après
Manalan Virrat, second full length du groupe, voilà
Purge of the Night Cloak, mini album de 23 minutes, qui, malgré sa courte durée, parvient à nous immerger totalement dans les limbes glaciales du groupe.
D’emblée, le côté incantatoire et halluciné d’Act I nous prend à la gorge, avec les vocalises de sorcière de Hekte Zaren qui nous colle des frissons dans le dos, mélangeant la folie d’un
Aghast avec le riffing hermétique et anthracite d’un
Nightbringer. Ce premier morceau est une excellente piste à recommander à tous les amateurs de combos comme
Spektr ou
Akhlys, Adaestuo habillant sa musique d’un enrobage ambiant conséquent avec ces claviers et ces quelques notes de piano désaccordées, ces sonorités inquiétantes et ces quelques râles discrets ; The
Hydra offre quant à lui un aspect plus éthéré du combo mais tout aussi solennel, à la tension dramatique palpable, mélopée païenne semblant issue du fond des âges, et que l’on croirait échappée d’un album de
Wardruna, avec ce chant shamanique féminin et ces percussions mates et lointaines.
Ceci dit, c’est bien la noirceur qui prime chez ce trio damné, et les ténèbres ne nous laissent que peu de répit : Act II s’ouvre sur une très courte symphonie disharmonique de cordes fêlées, avant de s’emballer sur un black plus rapide dont les riffs, rampants et sournois, avancent lentement, tapis dans l’ombre, et nous prennent à la gorge, se répétant et tournoyant comme mille charognards de l’enfer autour de leur proie agonisante, nous. L’expérience auditive s’achèvera par l’Act III, titre lent et sombre, pesant, cérémoniel, presque incantatoire, hanté par les raclements de gorge moribonds et le chant plaintif de la grande prêtresse qui se rapproche beaucoup de celui de Mandy Andresen (
Murkrat,
The Slow Death).
En quatre titres à peine, Adaestuo a su nous montrer plusieurs de ses gueules les plus hideuses, entre dark ambiant effrayant, black orthodoxe ritualiste, incantations païennes et penchants plus bruitistes aux frontières de l’indus. Parfaitement maîtrisées et complémentaires, ces différentes facettes composent une hydre musicale fascinante,
Purge of the Night Cloak, que l’on attend désormais de voir murir au sein d’une œuvre sonore à la durée plus conséquente.
Que la purge nocturne commence…
Merci et bravo pour la chronique qui va enfin me pousser à écouter ce groupe. Fan absolu du label WTC chez qui j'ai acheté des pépites telles que Shrine of insanabilis, Dysangelium, Thy darkened shade et tant d'autres, je n'ai jamais fait la démarche d'une écoute pour Adaestuo sans doute un peu effrayé/trompé par le terme "ambiant". Mais les références que tu cites sont des maîtres étalon chez moi donc je vais y plonger dès demain.
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