S’il y a un album que je ne m’attendais pas à chroniquer, c’est bien le dernier In the Woods...
Déjà, parce que pour moi, le dernier In the Woods... en question, c’était
Strange in Stereo, qui remontait tout de même à 1999, et qui semblait sceller définitivement la fin d’un groupe d’exception. Et ensuite, parce qu’en apprenant avec joie et stupeur dix-sept ans plus tard la sortie d’un nouvel opus du combo, je me doutais bien que la sortie serait affublée de l’étiquette fourre-tout d’avant-gardiste qui n’est, il faut bien l’avouer, pas vraiment mon style de prédilection.
Comme quoi, tout peut arriver. Après plus de quinze ans d’absence, le combo norvégien, connu dans les années 90 pour compter parmi la fine fleur du black avant gardiste aux côtés de groupes comme
Arcturus ou
Ved Buens Ende, sort un nouveau full length sur Debemur Morti, et c’est finalement moi qui me charge de le chroniquer.
Alors, comment mettre des mots sur la musique d’In the Woods... ?
Pure est un album inclassable qui dégage un parfum de mélancolie et de noirceur, proposant une musique un brin théâtrale, jouant clairement plus sur les émotions que sur la violence
Pure, notamment grâce à la voix de Mr Fog, un brin sentencieuse et désabusée, et à une instrumentation tout en retenue sachant orchestrer à la perfection des montées en puissance maîtrisées.
Dans l’ensemble, le quatuor nous sert un art sombre et sobre sachant toucher simplement l’auditeur, alternant riffs pesants et volontiers saccadés (le riff d’entrée de Cult of
Shining Stars, imposant de puissance, le pont central de Towards the Black Surreal), mid tempi lourds secondés par une basse profonde, long passages instrumentaux à tendances atmosphériques faisant la part belle aux plaintes vibrantes de la six cordes ou à des plages de synthé planantes (l’intro de Blue Oceans Rise, This
Dark Dream).
Les univers musicaux s’entrechoquent avec douceur, mêlant avec réussite progressif, doom et metal atmosphérique, le tout saupoudré d’une aura gothique indéniable qui plane comme une ombre désolée sur ces 67 minutes, tant dans le son - grave et mettant volontiers les incursions de la basse en avant - et la voix plaintive du chanteur que dans le riffing et ces arpèges typiques du style (The Cave of Dreams,
Mystery of the Constellations).
Voilà donc un bel amalgame de puissance et de classe servi par des musiciens expérimentés qui parviennent à nous entraîner dans un univers nuancé où la lumière embrasse intimement les ténèbres, les quelques réminiscences de chant extrême sur le superbe titre éponyme contrastant avec les envolées claires et désabusées du Norvégien, la basse hallucinée dont les notes grondantes courent en frissonnant le long de notre échine plongeant dans l’ombre la
Pureté céleste de certaines mélodies de guitares ou de piano. En presque vingt ans, le combo a eu le temps d’évoluer, et si
Pure n’a plus grand chose à voir avec
Strange in Stereo et les albums précédents, sonnant bien plus sobre et moins expérimental, on reconnaît quand même indéniablement la patte du combo, ainsi qu’une mosaïque d’ambiances variées que l’on pourra retrouver chez des combos comme
Beyond Twilight,
And Oceans,
Evergrey,
Porcupine Tree,
Borknagar ou
Arcturus (le chant clair de Towards Black Surreal me fait furieusement penser à celui de Garm sur The Sham Mirrors).
Que dire de plus ? Près de vingt ans après son dernier album, In the Woods... opère un retour gagnant, proposant une musique à la fois directe, puissante, atmosphérique et subtile qui nous entraîne dans un univers sombre, fascinant et mystérieux que l’artwork, sorte de réappropriation moderne du mythe de
Faust, retranscrit à merveille. Ce
Pure est d’une grande richesse et d’une grande maîtrise musicale, s’appréciant toujours plus au fil des écoutes, et devrait contenter tous les amateurs de musique exigeante, intense, mélancolique et intelligente à la fois. Un album à découvrir d’un groupe fascinant qui, même avec dix-sept ans de retard, parvient toujours à garder une longueur d’avance...
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