Evil Invaders (qui rappellera inévitablement aux fans le groupe canadien
Razor et l'album du même nom, mais l'hommage s'arrête là), nous vient d'Anvers en Belgique. Auteur d'un premier EP remarqué, et pas uniquement à cause de sa pochette, il bénéficie d'une exposition certaine grâce à
Napalm Records, qui, semble t-il, croît fort en son nouveau poulain. La publicité de l'album cite même le fantôme de Max Cavalera, qui, se rappelant bizarrement ses vertes années, annonce la nouvelle sensation speed/thrash du moment. Hum. Comme la pochette est dans le même esprit (notez les détails et le clin d'œil au premier EP), des précisions s'imposent.
Déjà, et afin de ne pas inscrire les lecteurs en faux, de thrash il n'est que très peu question ici, le groupe Belge étant beaucoup plus proche d'un Iron Maiden sous adrénaline permanente que d'un
Exodus ("
Siren" et son riff qui n'aurait pas dépareillé sur "Powerslave", "Intro/Blinded" qui renvoie à la période
Di'Anno, les débuts de "Shot To
Paradise" ou "
Master Of
Illusion" par exemple, mais chacun trouvera d'autres moments aisément).
Outre les cavalcades made in Steve Harris passées en 45 Tours ("Shot To
Paradise", "
Venom" pour ne citer que les plus marquantes), les soli bien exécutés et souvent remarquables, et les fins de morceaux dignes de la Vierge de Fer ("
Pulse For Pleasure", encore), les similitudes sont évidentes. Mais l'album ne se résume heureusement pas à ça.
Ainsi, les tempi majoritairement rapides (l'excellent "
Pulse For Pleasure", voir la vidéo ci-dessous) et le propos général rapprocheront de manière assez flagrante
Evil Invaders de toute la scène speed metal des années 1984/1985. Nous avons droit à un chanteur, Joe Anus, qui, au gré de variations souvent bien senties mais pas toujours maîtrisées ("
Eclipse Of The Mind"), fait plaisir à entendre, possédant un timbre de voix approprié. Les breaks, nombreux, relancent les morceaux et empêchent tout ennui, aidés en ce sens par un sens de la mélodie bien sentie avec de larges plages instrumentales captivantes et jamais démonstratives (l'entraînant "
Stairway To
Insanity" aux chorus de guitares doublés judicieux). Excellent par moments, tant la spontanéité palpable et l'impact des morceaux prend dès la première écoute pour ne plus lâcher l'auditeur,
Evil Invaders a réussi son coup, restituant avec aisance le meilleur de cette scène, avec le son d'aujourd'hui.
Nous voilà donc replongés en plein âge d'or du speed metal, tel que le pratiquaient
Agent Steel,
Abattoir, le premier
Viper, ou la scène Française de cette époque (les morceaux les plus rapides d'
ADX,
High Power,
Blaspheme, ressenties aussi avec le placement vocal de Joe) pour citer les deux côtés de l'Atlantique. Le riffing, effréné, possède ce rendu et cet accordage qui renvoie l'album à cette scène, très tôt disparue, mais à nouveau balbutiante (
Enforcer,
Striker,
Evil Survives, également à suivre). Assisterions nous à une revival de cette scène également, au grand bonheur de Fenriz, qui pourra ainsi renouveler son exemplaire de Skeptics
Apocalypse ? Si tous les albums sont de cette trempe, avec un peu moins de références Maideniennes toutefois, gageons qu'
Evil Invaders a la route toute tracée devant lui.
Je ne vois pas vraiment de ressemblance musical avec Maiden la plupart du temps, leurs riffs et leur arrangement sont beaucoup plus thrash et énervé que Maiden. C'est peut-être juste Stairway to Insanity, le début de Siren ou bien certains moments où les guitares se rejoignent et forme un tout mélodique à la Duellists, le reste n'a rien de similaire. Je vois ce groupe dans la veine de Hexen ou même Toxik avec un son plus moderne. Et pour ce qui est du vocal, je crois qu'il faut juste s'y habitué un peu comme celui de Sean Killian ou Mike Sanders (Vio-lence, Toxik).
Bon petit 1er album de Trash-Speed Metal made in Belgium.
16/20
Vu deux fois en live en 2022: excellent!! Ça joue bien et vite, puis ce Joe, quelle énergie et voix!!
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