A côté des véritables groupes, aux musiciens nombreux composant de manière plus ou moins collégiale, il y a toujours eu des one-man-band. Ce concept particulier repose sur l'ambition d'un artiste de gérer à lui seul tous les aspects de la musique, pour s'entourer parfois ensuite d'autres musiciens de session en live. Cet artiste, c'est ici Dean Paul Arnold, un canadien nous venant de la région de
Toronto et qui ne semble pas avoir froid aux yeux.
Multi-instrumentiste, il se lance en effet en
2012 dans un projet dénommé
Primalfrost. Après un premier EP, son album "
Prosperous Visions" voit le jour en 2014, bénéficiant de la double distribution des labels Maple
Metal et Civilian Death
Network. L'illustration de ce premier méfait semble déjà devoir nous en dire long, présentant une armée ayant déniché au creux d'une vallée abrupte une cité prospère sur laquelle elle s'apprête à fondre.
Comme souvent, au jeu des étiquettes le chroniqueur est perdant. Black sympho ? Folk death ? Death-black épique ? Épique, la musique pratiquée par
Primalfrost l'est pour sur. "Visio Prosperum", véritable instrumental bien plus qu'une intro, sonne comme une irrésistible invitation au voyage, à entrer dans ce monde glorieux et féerique qui semble s'ouvrir devant nous. Claviers solennels, orchestrations majestueuses, mélodies épiques, le décor semble planté.
La musique proposée par Dean Arnold brasse pas mal d'influences, que le bonhomme reconnaît d'ailleurs volontiers (
Ensiferum,
Finntroll,
Moonsorrow,
Turisas etc pour le côté folk,
Bathory,
Dissection,
Immortal et d'autres pour la partie black). On retrouve d'ailleurs souvent le côté agressif et la rage propres au black dans les compositions, qui n'est pas bradé au profit du côté épique/folk. Depuis les couplets hargneux de "
Distant Cries of
War", portés par un scream arraché jusqu'à la furie de "Silencing The
Empire" et son tapis de blast-beats, cette composante demeure bien présente.
De l'autre côté, la veine épique/symphonique/folk est également exploité de manière très adroite. Il y a souvent deux dangers dans ce genre de musique : celui de sonner trop amateur et cheap, ce qui fait perdre de la crédibilité à la musique.
Primalfrost évite ce premier écueil avec son chant clair de grande qualité ("Tale Of The Hero"), ses claviers triomphants ("
Awakening Of The Boreal Sun") et ses soli superbement exécutés ("An
End To
Tyranny" au choix). Le second c'est à l'inverse d'en faire trop et de gaver l'auditeur d'énormément d'informations, au détriment de la finesse. Piège évité là-aussi car si les compos sont très riches, elles ne sont en rien indigestes. Les orchestrations sont subtiles et non envahissantes ("
Path Of The Sky"), les chœurs utilisés avec parcimonie mais justesse (j'en veux pour preuve l'exceptionnel "
Beyond The
Shores And Lands").
Le titre qui représente surement le mieux l'album demeure "Cathartic Quest" qui regroupe le long de ses quatorze minutes tout ce que Dean Arnold peut nous offrir de mieux. Une intro posée et un rythme lourd, comme une préparation de la bataille à venir. Des couplets entraînants et rageurs, un refrain fédérateur et accrocheur en diable, un break magnifique à la guitare sèche pour nous baloter finalement entre calme et furie dans une logique presque progressive. On ne saurait que s'émerveiller devant la somme colossale de travail qu'a du fournir Dean pour obtenir un tel rendu.
Tandis que "Unforgotten Valour" conclut le disque du mieux possible avec son chant clair doublé de chœurs, rappelant un peu
Caladan Brood dans l'esprit, on se dit que l'on a devant nous un véritable chef d'oeuvre. Un coup de maître pour
Primalfrost, qui peut se vanter d'avoir atteint une qualité exceptionnelle et ce dès son premier album. Il n'y a pas grand chose de plus à dire si ce n'est chapeau et vivement la suite.
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