Ces quinze dernières années le brutal Death a évolué, la modernité et l’innovation ne sont pas un frein en ce qui me concerne et certains combos proposent des choses superbes en la matière. Mais le style a aussi muté vers quelque chose de toujours plus rapide, toujours plus lourd, toujours plus guttural, toujours plus surproduit et en plastique aussi, au point que l’essence originelle du Death
Metal a parfois tendance à laisser la place à un concours de muscles, de vitesse ou de matraquage industriel.
Un retour aux sources et vers quelque chose de plus naturel, « back to basics » comme disent les anglophones, c’est comme cela que l’on peut considérer
Propagate Onslaught (2024), premier album de Maimed, le petit laïus sur l’Obi du disque est très clair : « No intros, no interludes, no samples, no keyboards, no instrumentals, no clean vocals, just Death
Metal », très bonne accroche testée et approuvée ! En effet dès la première piste
Herald of the Maelstrom nous sommes déjà dans le vif du sujet avec un riff bien sombre et tordu qui ne dépareillerait pas chez
Funebrarum, suivi d’une grosse accélération et d’un mosh-part à décorner un bœuf. Des mosh parts façon
Internal Bleeding /
Pyrexia que l’on retrouve régulièrement sur ce disque, toutefois très loin de se limiter à cela, le Death
Metal de Maimed trouve ses racines de
Bolt Thrower à
Funebrarum en passant par
Devourment,
Autopsy et
Dying Fetus, un spectre large mais pour un résultat homogène.
Avec Death that Obviates the Appellation of
Graves nous naviguons dans des sphères plus violentes et techniques, mais toujours avec un esprit et un son à l’ancienne. Le line-up est constitué du guitariste anglais Tom Hughes (
Crypt Rot), entouré de trois américains, dont le puissant chanteur Kyle Messick qui fait forte impression ici dans un registre 100% naturel.
Nous ne sommes pourtant pas à proprement parlé dans un style dit old-school sur ce missile, mais c’est ce qui me plait et je m’explique : le groupe assume tout du vieux Death
Metal début 90’s aux brutal Death à l’ancienne en passant par le Slam et la technicité, doctrine brillamment illustrée par Armament & Brigandine qui comporte un peu de tous ces éléments, avec notamment à 2 : 05 un plan furieux à la old
Malignancy, quelques riffs à la Suffo et un peu de gravity-blast au passage.
Oppugnation est probablement la chanson la plus proche de
Dying Fetus /
Skinless ici, avec en bonus un solo pas piqué des vers, tandis que le morceau titre se rapproche aussi d’un
Beheaded milieu de carrière, soit un brutal Death habile et subtile (si si, ce n’est pas forcément incompatible). Alors dans l’ensemble rien de révolutionnaire, de méga technique ou super brutal, juste un parpaing sacrément homogène, conclu avec brio par le surpuissant Forging
Providence.
Alors que la scène Death
Metal est de plus en plus découpée (voire écartelée) en niches entre les intégristes tenants d’un son organique et de constructions à l’ancienne d’un côté, les adeptes de mélanges Death / Hardcore et ceux bloqués sur la vitesse et la technicité, Maimed peut éventuellement réconcilier tout le monde (ou bien personne vous allez me dire…) avec
Propagate Onslaught.
Comme un symbole, ce disque est une co-production Sevared Records /
Sewer Rot Records, soit l’alliance d’un label brutal Death avec un autre davantage porté sur le style à l’ancienne. Les vrais adeptes ne passent pas leur vie à faire le tri entre Death old-skull, Death technique, Death brutal, ils aiment le Death
Metal sous toutes ses formes, amen.
BG
Ecouté ce matin suite à ta chronique: c'est effectivement un très bon mélange de sous-genres et influences en ayant une identité propre assez forte! Sur liste pour une prochaine commande, merci pour la découverte!
Je ne connaissais pas mais cela me donne bien envie tiens.
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