Comme tant d'autres avant lui, ce jeune groupe italien vient à son tour crânement tenter sa chance dans un metal mélodico-symphonique à chant féminin aujourd'hui au bord de l'implosion. Cofondé en 2011 par la frontwoman et claviériste Anna Holtz, le batteur Matteo Frigo (Eliseum) et le bassiste Mega Dien (Metastasi, ex-Devaster, ex-Mad
Agony), le trio s'est agrégé les talents du guitariste Mauro Tiozzo et du claviériste Enrico Bau (Absenthia). Et ce, aux fins de cette introductive et prudente démo, auto-production de 10 minutes tout au plus et où s'égrainent deux titres énergisants et aux mélodies aisément mémorisables, dans la veine de
Within Temptation, sur fond d'arrangements empruntés à
Nightwish (première période).
Si les compositions semblent de bonne facture sur les plans technique et harmonique, la qualité moyenne de l'enregistrement trahit le jeune âge de leurs auteurs. On déplorera aussi un gênant sous-mixage des lignes de chant et des finitions qui manquent souvent à l'appel, du moins sur l'une des propositions. Aussi, lorsqu'on pénètre dans l'antre de la bête, un étrange sentiment d'inachèvement de l'opus nous envahit, nous attirant d'une part par sa fine mélodicité, son invitante rythmique, les délicates patines oratoires affichées, nous déboutant, de l'autre, au regard d'une logistique un peu brouillonne, peu propice à une inconditionnelle adhésion. Démonstration...
D'emblée, de nightwishiennes nappes synthétiques et une violoneuse assise nous saisissent, inondant l'entraînant «
Nothing Lasts Forever » qui, au fil notre parcours, livre son couplet enjôleur et son refrain immersif à souhait. Bien cadencé et plaçant opportunément ses ralentissements, à la façon d'un
Within Temptation de la première heure, cet engageant propos nous entraîne dans de captatrices séries d'accords, octroyant au passage un habile solo de guitare. On aurait toutefois espéré une présence vocale plus affirmée de la part de la jeune sirène qui, en l'état, ne parvient que malaisément à faire entendre ses claires impulsions. On remettrait volontiers le couvert si l'ensemble ainsi harmonisé ne souffrait pas tant de ses notes parasites et du peu de relief du champ acoustique qui se dessine. Malgré ces maladresses, on aurait tort d'abandonner la partie.
Les amateurs de ses sources d'influence pourront assurément y trouver leur compte sur la seconde piste, dans la mesure où l'équilibre entre instrumentation et lignes de chant est privilégié, ces dernières témoignant d'un bon placement et d'une confondante justesse. Classieux, à l'image de ses jolis arpèges au piano disséminés de bout en bout, « Shipwreck » n'en déploie pas moins des riffs corrosifs étreignant une rythmique légère et enjouée. Doté d'une ligne mélodique catchy mise en habits de lumière par les célestes inflexions de la déesse, ce titre metal symphonique progressif, nightwishien en l'âme, jouit d'harmoniques de bon aloi et d'insoupçonnées variations aptes à générer un headbang bien senti. C'est véritablement à l'aune de ces séries de notes délicatement oscillantes, surmontées d'un chant lyrique infiltré d'un léger vibrato et d'un subtil legato à la lead guitare que la magie opère. De plus, une belle montée en puissance attire le tympan, le collectif italien déployant ainsi quelques trésors d'ingéniosité pour nous rallier à sa cause.
Ainsi, on découvre un groupe qui en a techniquement sous le pied, ayant en prime cette rare faculté de concocter les mélodies qui font mouche. Bien calibrés, efficaces et finement interprétés, ces deux morceaux ne doivent pas faire oublier tout le chemin qui reste à parcourir pour un groupe désireux d'en découdre sur le long terme dans un registre metal ô combien investi et encore fort convoité. C'est dire qu'ils devront se laisser le temps pour faire mûrir leurs gammes et leurs arpèges, diversifier leur offre atmosphérique et rythmique, personnaliser leur message musical et nous livrer une œuvre à la logistique plus aboutie, et, espérons-le, plus originale. L'amateur du genre pourra toutefois aller jeter une oreille pour le plaisir de la découverte. Il se pourrait qu'il n'ait pas à attendre longtemps avant un sursaut du quintet italien...à l'aune d'un album full length ? Wait and see...
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