L’Italie n’est pas le berceau du pagan metal. Depuis le temps, ça se saurait. Le pays transalpin, effectivement, ne brille pas énormément dans ce genre, qui lui reste peu familier, presque inexploré. Bien sûr, je vous vois venir. Vous allez sans doute me reprocher de ne pas faire le cas de groupes italiens en réussite comme «
Furor Gallico » ou «
Krampus ». Je leur dirai simplement, qu’il faut attendre qu’ils aient tous deux produit plus d’un album avant de les consacrer dans le fleuron du pagan metal européen. Le cas, pourtant plus connu, d’«
Elvenking » ne sera pas débattu, au su de ses piteuses dernières performances. Parlons plutôt de nouveauté, parlons du tout jeune « Demoterion » qui s’est formé en mars 2013 dans la tranquille région des Abruzzes. Ce projet est, au départ, la création de deux jeunes guitaristes : Gianmarco Bandinelli et Alen Foglia. Ils seront vite rejoints par d’autres membres, concrétisant ainsi leur formation. L’élaboration d’un premier Ep et quelques concerts vont suivre. Je n’ai rien à dire des concerts, mais ce que j’ai pu entendre de l’Ep m’a jeté un froid. Il est vrai que « Demoterion » a voulu explorer les régions et les mythes du Nord. Il aurait dû faire profil bas.
Ce qui peut choquer à la lecture des groupes censés avoir influencé les italiens, c’est l’abondance de formations célèbres, n’ayant que peu de points communs entre-elles. On trouve des références aussi diverses tels : «
Amon Amarth », «
Alestorm », «
Ensiferum ». En s’interrogeant sur ce dernier, Il semble que « Demoterion » ce soit évidemment inspiré d’ «
Ensiferum » pour son titre phare «
Prometheus ». Nous retrouvons bien l’élan épique, des mélodies engagées, mettant dans les avant-postes les claviers, mais tout ceci baigne dans le ranci, le manque d’inspiration et les airs répétitifs sans la moindre grâce. La divine formation finlandaise ne sera point écharpée sur les autres titres, qui exploitent un pagan protubérant et louche. Les riffs sont lourdingues, extrêmement mal foutus. Cette mixture grasse et réchauffée baigne en plus dans une bonne couche de redondance et d’inertie à travers « Plague from the
North ». Même, si cela prend très brièvement une tournure un brin sympathique, le tout est proprement indigeste et tendra à le rester.
Le groupe essaye maladroitement d’additionner le pagan metal à des airs épiques et une façade death mélodique. Le constat est surtout vrai pour «
Through the Runes », qui parait épuisé dès sa première lancée. Ce serait même la goutte d’eau qui fait déborder la vase, quand on se penche trop en profondeur dans l’énorme gâchis qu’est «
God’s Servant », nerveux, mal branlé, étouffant. Ils ont beau varier le rythme, le résultat est toujours aussi épais et peu avenant. Les parties claviers auraient pu maintenir un certain équilibre, être aguicheuses, si elles n’avaient pas paru aussi artificielles. L’instrument s’évertuera aussi à reproduire de la pseudo musique folklorique. Le ressenti est navrant et trahit l’amateurisme de la formation. La faiblesse de niveau fait beaucoup de mal à « Flagellum Deii », qui se révèle un peu mieux agencé. Cependant, sa musique mal produite, bancale, n’a pas fait l’effort des meilleurs soins. A cela, il faut ajouter que le travail de composition se voit réduit à néant, essentiellement par d’immanquables maladresses d’ordre technique.
Nous n’avons pas véritablement des lumières chez les musiciens de « Demoterion ». Le faible niveau technique est une cause majeure du raté qu’est «
Prometheus ». L’Ep devait être l’argument d’intérêt pour cette jeune formation, il serait aujourd’hui leur principal handicap.
Pas grand-chose du mini serait à retenir, si ce n’est la furieuse envie de passer à tout autre loisir. Trop de riffs encaissés, disgracieux. Les italiens payent au centuple un manque de maturité certain.
Seul un surhomme équivalent à Hercule pouvait délivrer le titan Prométhée de sa divine malédiction. S’il n’y avait eu que l’effort de « Demoterion », son calvaire aurait été assuré pour l’éternité.
09/20
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