Privati Honoris Causa

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19/20
Nom du groupe Céphée Lyra
Nom de l'album Privati Honoris Causa
Type EP
Date de parution 23 Novembre 2012
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album2

Tracklist

1. Not a Second More 07:31
2. Shelter of Time 05:54
3. First and Ever 07:28
4. A Matter of Personal Worth 10:53
Total playing time 31:46

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Céphée Lyra


Chronique @ ericb4

19 Fevrier 2015

A l'image de cette œuvre pourvoyeuse d'intenses plaisirs, le groupe peaufine déjà son projet artistique !

Discret, opiniâtre, eu égard à un talent n'ayant d'égal qu'une détermination avérée à poursuivre son projet artistique, le combo français de metal progressif revient à notre rencontre. Groupe d'expérience, le quartet savoyard n'est jamais resté très loin de sa scène metal, loin s'en faut. Aussi, il s'est laissé le temps nécessaire à l'affinement de ses gammes pour nous insuffler son nouveau message musical. Ainsi, cinq ans suite à une première démo « Nebula », un premier EP, « Dawn of Revelation » (2009) et un album full lenght, « A Sinner's Loneliness » (2011), un second EP voit alors le jour à l'instar de cette galette, la bien-nommée « Privati Honoris Causa ».

Pour délivrer un son estampé metal progressif, avec une pointe de power, à la fois incandescent et évanescent, le groupe a fourni un travail de studio minutieux, éminemment collectif, ayant accordé une attention particulière aux détails de production, aux arrangements autant qu'à sa palette d'écriture. On comprend que bien des efforts, tant sur l'instrumentation que sur la partie vocale, ont été consentis pour nous octroyer un test renouvelé de son auditorat. Une formule surprenante certes, notamment suite à un album longue durée plutôt impactant, mais qui n'est pas sans effets sur une éventuelle diversification du panel de ses aficionados.

Le combo se compose de : Sylvain Claux, à la guitare, Aurélien Vissio, à la basse, Hector Lugaz, à la batterie et de la chanteuse Maud Hernequet, aux chaudes inflexions vocales, à la façon de Marjan Welman (Autumn). Emoustillante, la rythmique s'avère quasi magmatique, le riffing, diluvien, la basse, rocailleuse et le corps vocal sulfureux. De nombreux courants d'influences semblent alors se greffer dans leurs couplets aux accords nuancés autant que dans leurs refrains, aux séduisantes lignes mélodiques, ce que reconnaît volontiers la petite troupe. Sur le plan vocal, on retrouve l'empreinte du groupe britannique de metal progressif To-Mera. Concernant l'orchestration de fond, on repère certains arpèges de Symphony X, de Dream Theater, voire d'Opeth ou encore, mais de façon plus atténuée, de Star One. Toutefois, concernant la mise en scène instrumentale, le groupe compte sur ses propres ressources pour nous inviter au voyage acoustique.

Au moment où l'on s'apprête à insérer le cd dans la platine, on se dit que cette virée musicale va être de courte durée. Hypothèse rapidement invalidée ! Contrairement à ce que laissent suggérer les quatre seuls titres de cette production, en se penchant sur la tracklist, on remarque déjà qu'aucun morceau ne se situe en-deçà des six minutes, pour aller jusqu'à près de onze minutes pour le plus imposant. Exercice que l'on retrouve encore chez certains groupes de ce registre metal et qui en fait l'une de ses particularités, ne serait-ce que pour nous convier à quelques embrasements progressifs, souvent espérés par les amateurs du genre. Surtout, ce ne sont pas moins de trente-deux minutes de plages aux ambiances diversifiées qui nous sont proposées, ce qui n'est pas une durée si commune concernant ce format. Explorons-les alors en toute intimité, à la lumière de la variété des atmosphères inhérentes à chacune d'elles.

Tout d'abord, le combo a opté pour de saisissantes variations rythmiques sur son EP. Elles s'observent souvent, et sont même lumineuses sur l'outro, « A Matter of Personal Worth », véritable pièce d'orfèvre dépassant allègrement les dix minutes de piste. Les percussions s'avèrent tantôt plombantes, tantôt fantomatiques, celles-ci se faisant étreindre par des riffs virils tirant en rafale. En outre, un tapping léger s'invite à la fête ainsi qu'une guitare fluide aux arpèges vagabonds. Aussi, la complexité du champ orchestral peut évoquer Dream Theater, notamment au moment où l'agrégation des instruments autorise une flamboyance progressive à prendre le pas sur l'espace sonore de base. En outre, un break à la guitare acoustique se place opportunément, avant que la voix chatoyante et un poil pincée de Maud ne bondisse à son tour au creux de nos pavillons déjà éprouvés. De plus, un solo de guitare fuligineux, tout en demeurant mélodieux, témoigne de l'habileté redoutable de son auteur. Enfin, un sculptural pont technique nous conduit immanquablement à une reprise vocale unitaire d'abord, puis collective, avec la présence progressive de choeurs.

Toutefois, le groupe sait aussi apaiser les tensions, nous offrant ainsi quelque instants de douceur, non dénués d'intérêt. Ainsi, la ballade progressive « First and Ever » nous happe déjà par un piano/voix en guise d'ouverture. Si les couplets peuvent apparaître un peu fades, les refrains renforcés par des choeurs témoignent d'un agrément auditif sans failles. Ici, les riffs rentrent leurs griffes, un tapping avance à pas de loup, ceux-ci laissant la magie d'un solo de guitare faire son œuvre. Ce dernier nous enchante, dès lors, simultanément aux sinuosités d'un serpent synthétique évoluant dans les broussailles instrumentales du champ acoustique progressif. De leur côté, les impulsions vocales de la belle suivent le cheminement mélodique avec précision, emphase et témoignant de jolies montées d'une puissance contenue, à la manière de Marjan Welman.

L'ambiance sait également se faire plus tortueuse, moins directement immersive, mais sans y perdre sur le plan de la dynamique rythmique. L'entame de l'opus « Not a Second More » se place dans cette veine. Un synthé quasi reptilien inquiète d'entrée de jeu par ses notes en demie-teinte. Les riffs rageurs qui s'ensuivent contribuent à nous faire dresser les poils. Dans cette énergie, la rythmique, d'abord lipidique, devient véloce, tout en laissant s'exprimer les médiums chatoyants de la sirène, et ce, le long de lignes mélodiques cohérentes à défaut de se montrer des plus invitantes. Néanmoins, les couplets offrent quelques belles séries de notes, tout en finesse, sans que rien ne vienne entraver notre plaisir. Un joli pont tout en riffs frétillants et en ondulations synthétiques complète un tableau déjà riche en colorations instrumentales. Un solo de guitare affriolant, se refusant délibérément à l'abstinence, renseigne sur la volonté affichée du groupe de nous livrer un message musical puissant, prégnant, captateur de nos émotions.

Sur un tempo rapide, avec une rythmique syncopée et évolutive, une autre ambiance se dessine à l'aune d'un titre aux riffs sauvageons. Le frondeur « Shelter of Time », pourtant finement écrit et judicieusement composé, ne parvient pas à faire osciller son champ harmonique avec cette fluidité que d'aucuns n'ont de cesse de rechercher. Aussi, celui-ci manque d'un peu de lumière mélodique pour nous rallier à sa cause. Ceci dit, le filet de voix de la déesse est convenablement dosé et précisément placé sur sa ligne de chant, laissant transparaître une complainte déchirante de l'interprète. Un break nous installe ensuite durant quelques instants avant qu'un solo de guitare au picking averti ne vienne lécher nos tympans. La reprise en riffing n'est pas sans impact émotionnel non plus. Bref, sans crier gare, ce morceau aurait plus d'un tour dans son sac pour nous cueillir.

Une demie-heure est déjà passée qu'on résiste difficilement à l'envie de remettre la rondelle dans le chargeur de la platine cd, ne serait-ce que pour en déceler les détails de production qu'une seule écoute aurait occultés. Cependant, on aurait souhaité une prolongation auditive grâce à deux ou trois titres supplémentaires, dont un éventuel hit, qui auraient suffi à en faire un album full lenght digne de ce nom. De plus, quelques séries de notes plus précises encore sur les refrains auraient permis d'affiner quelque peu la teneur du propos musical. Quant aux enchaînements, leur qualité n'est pas à déconsidérer, les fins de pistes non plus. Ainsi, nous avons affaire à une production fort honorable à plusieurs égards. Et ce, même si quelques petits détails, touchant à l'incrustation de certains refrains suite à quelques couplets devenus dès lors un peu flottants, mériteraient quelques ajustements.

Mais, au final, l'ensemble s'écoute sereinement et l'accroche auditive n'est pas en reste, même si ni une totale immersion, ni l'originalité des compositions ne sont forcément au rendez-vous sur chaque dièse, chaque bémol, chaque silence. Cela étant, nos protagonistes ont évité l'écueil d'une confusion manifeste chez nombre de leurs pairs entre le fait de se révéler réellement original et de s'avérer stérilement farfelu, en définitive. L'absence partielle de prise de risque a pour corollaire une cohérence de la ligne de fond artistique de l'opus. On ne subit donc pas nécessairement une telle frustration à l'écoute de cette œuvre.

On conseillera cet album aux amateurs de metal progressif à chant féminin, avant tout, bien que le dispatching des pistes autant que le morphing global de l'opus autorisent un plus large auditorat. Je pense notamment à l'univers symphonique gothique ou encore au power mélodique, faisant partie des champs exploratoires du metal pour le jeune combo français, et auxquels peuvent s'identifier certains auditeurs. En ce sens, nos acolytes ont ouvert leur œuvre à des publics variés. Tel n'est pas le moindre de leurs mérites.

Nul doute qu'ils vont peaufiner leur projet artistique pour le rendre plus impactant qu'il ne l'est à ce jour. La persévérance, un sens aigu du travail en parfaite symbiose, des prestations individuelles de bonne facture et des textes soignés sont des qualités qu'ils sauront valoriser davantage encore d'ici peu. Du moins, on attend la suite non sans impatience !...


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