Au moins, il y a des patronymes qui ne trompent pas. Généralement, tous les noms de groupes qui finissent par « fetus » ne font pas dans la dentelle (comme
Dying Fetus par exemple) et
Aborted Fetus ne déroge pas à la règle. Le trio russe formé en 2000 nous livre à l’aube de cette deuxième année post-apocalyptique, son troisième long format intitulé «
Private Judgement Day », qui fait suite à «
Fatal Dogmatic Damage » (2010), pas vraiment marquant mais qui a tout de même le mérite d’exister.
L’artwork est à l’image de l’opus, dégoulinant, sale, morbide et gore, on sent déjà l’odeur putride de cadavres en décomposition, et les premières secondes du disque ne font pas mentir votre serviteur. Nous sommes accueillis par des cris de femmes et d’enfants, à qui on doit faire subir les pires tortures, puis la déflagration musicale commence. La batterie est en mode mitraillette et la rythmique est ultra rapide, le chant oscille entre « growl » très grave et cris porcins dont toute la palette nous est présentée : cris de cochon classique, gras ou aigu.
Vous connaissez certainement l’adage qui dit que « tout est bon dans le cochon » et bien
Aborted Fetus doit être l’exception qui confirme la règle. J’ai beau chercher encore et encore, et insister de toutes mes forces, «
Private Judgement Day » ne passe pas, déjà que le précédent opus m’avait laissé dubitatif, là, je passe complètement à côté.
Outre l’aspect dérangeant dans les ambiances (notamment sur le titre éponyme qui renvoie à
Saw) qui sont assez réussies, le reste n’est qu’un néant artistique, un vide musical dans lequel on se noie assez vite.
Tous les morceaux sont agencés de la même façon et se ressemblent tellement que les plans pourraient être interchangeables d’une chanson à l’autre, le tout oscille entre « blasts » hystériques et cassures rythmiques plus « thrashy » ou lourdes et, malgré la courte durée des morceaux qui ne dépassent que très rarement les trois minutes, le disque devient vite redondant et rébarbatif. Et je vous épargne le chant porcin qui devient, quant à lui, insoutenable au bout du troisième titre. Il ajoute, certes, à l’aspect peu ragoutant de la chose, mais une plus grande alternance avec du « growl » aurait moins confiné à l’ennui.
La production n’aidant en rien, même si elle tient la route, aucun titre ne peut être sorti cette masse grouillante de viscères en putréfaction, mis à part «
Private Judgement Day » qui s’avère un peu plus « mélodique », mais il ne sauvera pas l’opus du naufrage.
Le « death-metal » est une musique brutale mais qui respire grâce à sa variété, sa précision d’exécution et son inspiration, il ne suffit pas de faire plus « gras » pour pouvoir sortir de la masse.
Aborted Fetus n’est qu’une parodie du genre, vide de sens et dénué de toute inspiration, qui livre avec «
Private Judgement Day », un album insipide. Les fervents amateurs de « boucherie-charcuterie » y trouveront peut-être leur compte, mais attention, la viande semble avariée et le risque diarrhéique est très élevé.
A vos risques et périls.
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