Cela fait plus de vingt ans maintenant que la scène black metal grecque s’est implantée avec
Rotting Christ ou
Necromantia en fers de lance. Une scène riche, avec ses diversités musicales, qui s’est étendue jusqu’au black symphonique avec
Transcending Bizarre, par exemple, depuis le début des années 2000. Des formations ont tenté de suivre les traces de leurs ainés, sans grand succès. Pourtant,
Shadowcraft, originaire de Thessaloniki, semble s’être fait un chemin dans le domaine qui lui correspond le mieux. Actif depuis 2005, créateur de plusieurs démos plutôt bien perçues, l’arrivée du claviériste Q_Snq quelques années plus tard lui a permis de s’affirmer et d’étendre son horizon musical vers un black symphonique plus original et avant-gardiste, en témoigne le nouvel album, «
Principles of Chaos »…
La pochette cosmique et magique peut rappeler celles de « The
Sad Realm of the Star » d’
Odium ou d’ « In
Abhorrence Dementia » de
Limbonic Art. On y retrouve dans tous les cas un personnage qui semble avoir une forte attirance pour la beauté du cosmos.
Shadowcraft se situe un peu de ce côté-là sans posséder la violence et le côté vindicatif de ses confrères norvégiens mais l’aspect spatial, épique et théâtral sont bien présents, sans oublier les influences
Emperor (la base) et
Dimmu Borgir (lorsque les orchestrations sont plus poussées). Ca a beau être grec, l’ambiance de ce «
Principles of Chaos » est 100% norvégienne.
L’intro orchestrale dramatique semble longue et on peine du coup à démarrer l’album, mais lorsqu’arrive l’éponyme, tout va mieux. Les riffs black et épiques sont légions et les claviers distillent une atmosphère majestueuse. La symphonie est enveloppante et les sonorités sont variées, si bien que l’auditeur n’a aucun mal à rentrer dans le monde de
Shadowcraft. La musique des Grecs peut sonner de façon féérique comme sur « The Light of Apollo » avec la flute et l’allée et venue des cordes. Les vocaux ont aussi une présence importante puisqu’ils ne sont pas linéaires et jouissent d’une variété non négligeable. En clair, on n’a pas que du chant black.
Il y a deux morceaux importants dans ce «
Principles of Chaos » à savoir les deux parties «
Burning Sun ». La première, « Ascending », est une pièce ambiante cosmique qui nous embarque très haut dans les cieux. On se retrouve tantôt avec un passage onirique, tantôt avec un passage inquiétant très proche du dark ambient. Puis « Bringer of Plagues and Suffering », la seconde partie, montre le côté plus noir de
Shadowcraft qui accélère le rythme et le tranchant de ses riffs. Ces derniers ne sonnent pas assez malsain à cause d’une production un peu trop proprette, ce qui peine à immerger l’auditeur, qui ne retiendra que le côté grandiloquent des orchestrations.
On pourra toutefois se délecter d’un « Transcending into Infinite
Aeons » varié et mélodique dans lequel le riffing nous guide, soutenu par les blasts et par des claviers inspirés, en témoignent ces petits sons et le clavecin. La majesté de
Shadowcraft revient après deux titres basés sur le côté dérangeant des vocaux.
Les Grecs ne nous laissent pas sur notre faim avec ce «
Principles of Chaos ». Ils nous livrent un bon album plutôt efficace et bien fichu, loin d’être linéaire puisque nous ne nous retrouvons pas avec la même ambiance du début à la fin. Seule l’originalité pêche un peu puisque l’ombre des Norvégiens plane sur l’ensemble des morceaux, cependant le groupe arrive à utiliser ses influences de façon intelligente…il serait dommage de ne pas en profiter.
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