C’est peu après la sortie de son album « Instigator » que
Black Comedy nous laissait avec une impression mitigée puisque son effort n’avait pas la force nécessaire pour nous embarquer dans le monde futuriste qu’il voulait nous offrir. Une déception pour certains qui voyaient en
Black Comedy l’ersatz norvégien des Suisses de
Sybreed, le tout gâché par des sonorités kitch et un manque d’immersion. Des années plus tard, la formation renaît de ses cendres sous l’impulsion des deux membres fondateurs, Marius Strand et Bjorn Dugstad Ronnow. Ils s’entourent de membres expérimentés et adeptes de metal moderne et se baptisent
Sphere.
Après l’enregistrement aux Strand Studios et un mixage effectué par Marius Strand avec sa double casquette d’ingénieur (
Susperia,
Chrome Division,
The Wretched End), l’album débarque cet automne.
Sphere a bien l’intention de nous en faire voir de toutes les couleurs avec son nouveau méfait et nous faire oublier la déception d’ « Instigator ». Le groupe se dote d’un son dans la veine du metal moderne avec ses guitares à 8 cordes et sa basse à 6 cordes. La complexité et la technicité des riffs se font entendre d’entrée de jeu avec le titre éponyme, qui déboule à la manière d’un
Tyrant Of Death, avec son introduction synthétique, robotique. Les accélérations sont les biens venus ainsi que le riffing syncopé et cette tonalité djent. L’enrobage électronique et les ambiances futuristes sont résolument cyber. On se retrouve en définitive avec un style de Cyber
Metal qui est très en vogue ces temps-ci.
On ne sera alors pas étonnés de retrouver des morceaux dans la veine de ce qui se fait actuellement dans le genre. Le côté lourd et pointu de « Hardliner » peut faire penser à
The Interbeing avec ces riffs insistants, l’alternance mélancolique de cris et de chant clair, sans oublier des moments plus atmosphériques et plein d’émotions. Les parties vocales claires ou rageuses (sans être criées ou growlées) rappellent étrangement la voix de Ben (
Sybreed) et le rapprochement n’est pas anodin puisque
Sphere, en effet, peut s’apparenter à une version plus djent et légèrement plus mélo death de
Sybreed. «
Shock and Awe » en est un bel exemple, avec sa force et ses bons blasts, sans oublier les claviers qui distillent quelque chose de très synthétique et futuriste, comme sur « Servitor ».
Comme beaucoup de ses confrères,
Sphere mise beaucoup sur l’alternance chant crié (couplets)/chant clair(refrain). Mais il se démarque de certains par sa façon de jouer sur le côté pessimiste, mélancolique et arraché des parties claires, qui ne sont en aucun cas mielleuses ou trop gentillettes. On nous parle de tromperies et de désillusions sur « Vestiges » ou d’espace-temps sur le très électronique « Arbitrary ». Cependant, c’est justement ça la faiblesse de
Sphere : ce chant clair trop poussé et parfois énervant comme sur un « Heretech » très penché vers les chœurs. La voix a l’air mal intégrée à cet ensemble post-apocalyptique.
Sphere conclut par un «
Puncture » plus pessimiste qu’à l’accoutumer avec ses orchestrations sombres. Les Norvégiens n’hésitent pas à élargir le champ de leurs influences pour embarquer l’auditeur jusqu’au bout, et c’est très bien, puisqu’au moins, ils ont le mérite de ne pas toujours proposer la même chose. «
Primordial » est donc un premier album réussi qui tient ses promesses et qui nous permet d’avoir un sentiment plutôt optimiste quant au futur du quintet.
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