A l'aube du troisième millénaire, égarés quelque part dans l'une de ces contrés suédoises au cœur d'une bourgade au nom, sans doute, imprononçable pour nous autres pauvres erres francophones, quatre musiciens prirent la décision de se regrouper afin de donner naissance à une entité artistique du nom de
Legions. Après divers changements en son sein et deux démos (When Death Is Calling you (2000), Turn it on (2001)), elle abandonne ce patronyme pour adopter celui d'
Evil Conspiracy. Peinant à stabiliser son line-up, la formation continue pourtant à composer. Trois nouveaux opus autoproduits paraissent (Disapear (2003),
Tools of Evil (2004) et
Evil Commes to Town (2005)). En 2006, toujours encore secoué par quelques mutations, elle publie un promo-CD, The Plague, produit par Mike Wead (
King Diamond,
Memento Mori,
Candlemass…) et par Simon
Johansson (
Memory Garden, Fifth
Reason, Abstarkt
Algebra...).
Il faudra encore attendre de nombreuses années (huit pour être tout à fait exact), et la signature d'un contrat avec le label Sliptrick Records, pour qu'enfin un premier véritable album ne voit le jour. Sur ce disque, baptisé
Prime Evil, on retrouve Putte à la guitare, Ante Mäkelä à la guitare et aux claviers (ces derniers étant les deux seuls rescapés originels), Martin Giaever à la basse, Veikko Heikkinen à la batterie et Fredrik "Frippe" Eriksson aux chants.
Bien évidemment, ce premier pas est empreint de cette moelle Heavy
Metal dont
Judas Priest, Iron Maiden,
Primal Fear ou Accept sont les plus fiers représentants. Un visage qui, à première vue, pourrait donc sembler des plus classiques s'il n'était pas aussi, et surtout, habité par une agressivité, une lourdeur, une épaisseur, et parfois une noirceur, propre aux mouvances plus extrêmes (
Metallica,
Megadeth...). Ici les voix sont donc âpres, les riffs rugueux, l'ambiance pesante et fiévreuse à la fois. Ici la seule musicalité à même d'aérer ces titres denses, de leurs apporter un semblant de lumière salutaire en somme, vient de ces refrains et de ces breaks mélodiques subtilement disséminés.
Fort de ces éléments, en un ensemble souvent très équilibré et très intéressant, le quintet nous séduit. Et ce dès les premières notes d'une Intro délicieusement sombre durant laquelle l'auditeur est immédiatement happé dans l'univers glauque, hostile et obscure d'
Evil Conspiracy. Une funeste plongée que l'excellence d'un splendide Rules the
Ruins ne pourra que transcender. Le sympathique
Prime Evil, le furieux
Earth and
Flames, le virulent Scars with Pride aux accents parfois schizophréniques (accents dont Dave Mustaine aime à user parfois pour donner à ses compositions un aspect dérangeant, et ambivalent), le remarquable
Fallen from the Sky au travail mélodique somptueux (chorus, pont...) ou encore, par exemple, le superbe The Plague aux lignes de guitares certes plus posées mais non moins efficaces et aux couplets plus doux, déversent, eux-aussi, leurs humeurs ténébreuses, et leurs excellences, sur nos âmes ébahis. Et ce pour notre plus grand plaisir.
Dans ce paysage d'apparence idyllique tout n'est pourtant pas sans nous contrarier. Parfois le mélange des différentes aspirations d'
Evil Conspiracy ne fonctionne pas pleinement paraissant un peu lourd...Un peu gourd...(7-2,
The Beast of
Flesh and
Blood...). Fort heureusement, cette faillite est très rare et n'entame pas, ou si peu, nos bonnes impressions à l'égard de ce manifeste.
Une démonstration Heavy Thrashy aux refrains et aux breaks mélodiques savamment conçus, des guitares consistantes et belliqueuses, des vocaux âcres, du talent, de l'inspiration...Il ne manque rien à ce
Prime Evil, premier effort des Suédois d'
Evil Conspiracy, pour convaincre et satisfaire.
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