Quand un groupe vit majoritairement grâce au leadership et à la composition d’un membre en particulier, il subit fatalement une baisse de régime ou un arrêt temporaire quand le dit musicien vaque à ses occupations ailleurs. Les groupes peuvent alors prendre différentes décisions. Comme de continuer sans l’un des leaders, comme lorsque
Dream Theater continu sans Mike Portnoy, ou comme se profile l’avenir de
Children of Bodom alors qu’Alexi Laiho n’en possède pas les droits (quand les histoires d’argent s’en mêle également...on se souvient de l’épineux cas de
Gorgoroth avec deux groupes simultanés et deux line up différent à un moment donné). Néanmoins, le choix le plus souvent opté est d’attendre, ou pour les musiciens latents de créer un autre groupe en attendant. Imaginez donc les musiciens d’
Edguy depuis que Tobias Sammet passe plus de temps avec
Avantasia que son groupe principal (si on peut encore considérer que c’est le cas). La situation est similaire avec
Gamma Ray qui, depuis "
Empire of the Undead", n’a plus rien sorti. Pour cause, Kai Hansen a sorti depuis un album solo et un album de
Unisonic mais surtout rejoint
Helloween avec son compère
Michael Kiske pour une tournée gigantesque et (ce qui n’était pas initialement prévu) un retour en studio pour un album attendu comme le messie. Forcément, pendant ce temps, le reste du groupe n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent.
C’est dans ce contexte là que
The Unity est né, entre Henjo Richter / Michael Ehré (
Gamma Ray), des membres de
Love.Might.Kill et un vocaliste inconnu à ce moment là, à savoir Gianba Manenti. Et il faut dire que les teutons n’ont pas chômé puisque "
Pride", après l’éponyme et "
Rise", est déjà le troisième album en quatre ans d’existence. Récemment rejoint pour le live de Tobias
Excel (basse,
Edguy, entre allemands qui attendent ...),
The Unity livre un nouveau disque après deux sorties assez anecdotiques qui n’auront pas réellement remués les foules (c’est probablement l’une des explications d’un laps de temps aussi court entre chaque galette). "
The Unity" et "
Rise" étaient deux bons albums de power mélodique qui remplissaient agréablement un cahier des charges scrupuleusement rempli, sans folie ni passion débordante. Et les premières écoutes de "
Pride" vont dans le même sens, même si une écoute plus attentive lui octroiera des qualités insoupçonnées au début et une personnalité qui commence de plus en plus à percer au grand jour.
Il faut dire que les gens est tellement battu en brèche qu’il est désormais difficile de s’y faire une place sans sentir le réchauffé, ridicule tout en étant assez frais pour communiquer une énergie indispensable au style. Chose que ne faisait que partiellement les deux précédentes livraisons, pas toujours aidé par un vocaliste parfois un peu juste techniquement (une voix rocailleuse un peu arrachée c’est bien, quand elle donne la sensation d’être toujours à la limite, c’est parfois moyen). C’est surtout là-dessus que "
Pride" va trouver sa voie(x) [au choix]
"The New
Pandora" résonne comme l’intro de rigueur mais le riff introducteur de "
Hands of Time" se veut bien plus véloce et lourd que ce dont on pouvait s’attendre initialement. Le son un peu étouffé de l’éponyme est gommé pour une production limpide et puissante signée Achim Kölher (l’homme derrière les
Sinner, Scheepers,
Silent Force ou
Majesty), mettant en avant la batterie et des guitares bien tranchantes. Si Gianba se reconnait sur son timbre, son refrain démontre les progrès qu’il a réalisé (le live, surement) et propulse un titre qui devient vite taillé pour le scène, avec ses multiples rep
Rises, la prestation pleine de puissance de Michael Ehré derrière les futs et surtout les riffs qui, sans être foncièrement originaux, donnent un joli coup de pied au cul. La complémentarité entre la virtuosité de Richter et le caractère plus rythmique et carré de Stef E se fait entendre et là aussi, on sent que les musiciens commencent à se connaitre et jouer de leurs forces communes. "Line and Sinker" suit et fait directement office de single catchy, simple et terriblement simple à mémo
Riser, quasiment dansant avec quelques passages de claviers limite popisant. Pourtant, la sauce prend mieux que lorsque
The Unity voulait se couler dans le pur moule allemand et le riff fait mouche immédiatement. Le refrain est beau, un peu simple (les radios pourraient même s’en emparer) et la structure, si elle est évidente, fait preuve d’une redoutable efficacité, même si elle aurait gagné à être un peu raccourcie sur la fin puisque le morceau traine un peu en longueur. A côté de ça,
The Unity montrera les dents sur un "Damn
Nation" (le joli jeu de mots) qui sent bon le
Gamma Ray période "Powerplant", notamment sur les harmonies de guitare. Une sensation épique à la "
Wings of
Destiny" (en moins violent) qui donne une consistance supplémentaire musicalement mais aussi vocalement puisqu’on y trouve quelques traces, certes éparses mais existante, de vocaux plus rugueux. "We Don’t
Need Them Here" et son riff rapide n’a pas été choisi en second extrait par hasard non plus puisqu’il est la quintessence de ce qu’on peut penser d’un groupe comme
The Unity : riff rapide, refrain mélodique, break vocal avant un solo tout en déferlante de notes. Une formule qui a fait ses preuves et qui justement tient le coup grâce à la vitalité de l’ensemble et l’énergie déployée qui fait vraiment la différence avec les albums précédents.
Les allemands se tentent parfois dans un exercice plus épique, comme sur "
Angel of
Dawn", beaucoup plus centré autour des claviers et du chant, avec plus ou moins de réussite. Si les arrangements sont chiadés, le riff sonne plus creux quand il ralenti et il ne se passe au final pas grand-chose (dommage car les chœurs un peu extrêmes auraient pu apporter une certaine noirceur). Le constat est un peu similaire sur un "Wave of Fear" au riff plombé, un brin bluesy, qui casse totalement le rythme de la première partie de l’album (surtout qu’il arrive après le terrible "
Dawn Nation"). A côté de cela, ils montreront leur savoir faire pour les mid tempo très mélo à la
Freedom Call ("Destination Unknown") ou les riffs surpuissants blindés de double pédale à la
Primal Fear ("Scenary of
Hate") en passant par un morceau très rock n’roll totalement décalé ("Rusty
Cadillac"). Un peu comme si
The Unity voulait redessiner, ou rendre hommage, à tout ce que son pays a pu apporter au metal en général avec un brio certain et des compositions solides. Il est néanmoins évident que "
Pride" est l’opus le plus complet et solide de la discographie du combo et que le groupe se démarque désormais de ses pairs avec une plus grande personnalité et mait
Rise, ressemblant moins à un assemblage maladroit de chacun de ses membres. "
Pride" est paré pour que
The Unity prenne son envol et tourne à plein régime dans les années à venir, si Kai Hansen ne revient pas vite à la maison (enfin, certains diront qu’il l’a justement fait en retournant dans
Helloween). Quoiqu’il advienne, les musiciens ne se laisseront pas abattre et joueront d’autres cartes de leur côté. Bien leur en a pris. En voici la preuve.
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