Nouvelle figure du pléthorique et parfois létal registre metal symphonique à chant féminin, motivé par une sérieuse envie d'en découdre, ce jeune combo italien créé en 2009 par la chanteuse au limpide filet de voix Laura Cellurale et le pianiste Claudio Ferretti vient grossir un peu plus encore ses rangs. Toutefois, loin de s'être jeté tout de go dans l'aventure, le collectif romain s'est laissé le temps de se forger une identité artistique avant de se lancer dans la fosse aux lions. Une démarche empreinte de prudence doublée d'un travail en studio de longue haleine et des plus minutieux, le groupe n'accouchant de son introductif et présent EP, «
Prelude of Secret World », que cinq années plus tard. Le temps pour nos acolytes de peaufiner leur production d'ensemble, cristallisée par une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut et d'arrangements instrumentaux de fort bonne facture. Ce faisant, les quatre pistes de la menue rondelle nous immergent au cœur d'un univers rock'n'metal mélodico-symphonique gothique au tempo mesuré, félin et pétri d'élégance, dans la lignée atmosphérique de
Delain,
Xandria,
Angelical Tears,
Darkwell et consorts.
La troupe interpelle tout d'abord par sa faculté à concocter ces arpèges d'accords aptes à nous retenir plus que de raison. Ce qu'illustre, en premier lieu, «
My Destiny », un tubesque et ''delainien'' mid tempo infiltré de grisantes rampes synthétiques, voguant sur une magnétique sente mélodique, recelant un fin legato à la lead guitare et un refrain immersif à souhait mis en habits de lumière par les angéliques volutes de la sirène.
Plus empreint d'obscurité, nourri de growls caverneux auxquels répondent point pour point les claires inflexions de la belle, à mi-chemin entre
Angelical Tears et
Darkwell, l'énigmatique et pénétrant «
Medieval Sin » révèle, quant à lui, des enchaînements intra piste ultra sécurisés et de saisissants effets de contraste atmosphérique. Et la sauce prend, une fois encore.
Dans un souci de diversification rythmique de son propos, le collectif ne tarira pas davantage d'inspiration mélodique, nous réservant dès lors une pièce d'une sensibilité à fleur de peau, susceptible, elle également, d'aspirer le tympan d'un claquement de doigts. Ainsi, non sans rappeler un
Delain des premiers émois, l'entraînant mid tempo syncopé « I Feel » égraine un seyant et grésillant riffing tout en nous plongeant au sein d'un infiltrant cheminement d'harmoniques. Encensés par les cristallines patines de la princesse, et bien qu'un poil convenus, couplets finement ciselés et entêtants refrains glisseront avec célérité dans nos tympans alanguis.
Lorsqu'ils nous mènent en d'intimistes espaces, nos compères se muent en de véritables bourreaux des cœurs en bataille, nous adressant par là même leurs mots bleus les plus sensibles. Aussi, c'est d'un battement de cils que nous étreindra une émotion subreptice sous le joug des vibes enchanteresses dont nous abreuve « Ice » ; une ballade romantique jusqu'au bout des ongles sous-tendue par de délicats arpèges au piano et mise en habits de soie par les limpides modulations de la maîtresse de cérémonie, que n'auraient reniée ni
Beyond The Black, ni
Delain. Un instant privilégié des plus hypnotiques, que ne saurait éluder sans éprouver de tenaces regrets l'aficionado d'espaces ouatés.
Au terme de notre parcours, force est d'observer que la formation transalpine n'a tari ni d'inspiration mélodique ni de panache, nous octroyant une œuvre certes dans un mouchoir de poche et quelque peu convenue mais des plus troublantes et à l'ingénierie du son plutôt soignée. On aurait cependant espéré davantage de variété atmosphérique et rythmique, des exercices de style moins stéréotypés qu'ils n'apparaissent ainsi que l'une ou l'autre prise de risque inscrite au cahier des charges du combo romain. Mais le collectif a encore bien le temps de consolider son assise et de revenir plus efficacement armé pour tenter de jouer les épouvantails parmi ses nombreux homologues générationnels. Un sérieux espoir de cet exigeant registre metal se dessine néanmoins à l'instar de ce délicat et troublant premier essai...
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