Antromedus est un de ces groupes qui aime bien prendre son temps pour composer. En effet, formé en 2007, ayant réalisé un premier album en 2010, les Indonésiens ne reviennent que huit ans plus tard pour un deuxième album. Il serait surtout plus juste de dire que ce "Post-
Human" est principalement l'œuvre du guitariste Ramzi Firhad puisque c'est lui qui s'est occupé de la composition, de l'enregistrement, et aussi de la réalisation de la pochette. Par ailleurs, sur cette pochette, bien que toujours dans une logique cybernétique, le groupe a cette fois-ci voulu mettre en avant ses origines asiatiques en mettant en scène un bouddha robotisé ; cela se remarque par sa position de yoga, ses six bras typiques des divinités bouddhistes, et aussi du fait qu'il tienne dans ses mains le "Kongo ny'on", le bâton de la vérité du Bouddha.
Et bien, après ces 34 minutes d'écoute, s'il fallait mettre un adjectif sur la musique d'Antrodemus, ce serait bien "inégal", puisque, d'une chanson à l'autre, on alterne entre le bon et le moyen. Tout d'abord, le titre introducteur a pourtant tous les bons ingrédients pour plaire, à savoir, une batterie bien thrashy et des guitares tranchantes à la
At The Gates. Mais hélas, c'est du death mélodique un peu mou du genou que nous serviront les Indonésiens… Dieu merci, il n'y a pas trace de chant clair, qui pourrait donner une impression de cheveu sur la soupe, et heureusement que le second titre "Disgraced and Maimed" sauve les meubles ; cette fois-ci, au revoir les mélodies molles, place à du bon vieux death metal comme le fait
Malevolent Creation (R.I.P. à Brett Hoffmann par la même occasion).
Que ceux qui sont sceptiques se rassurent, malgré la présence de la thématique robotique ("Post-human" ou "Futureshock"), pas de sonorités électroniques, ici on fait sa musique à l'ancienne, à l'exception de "Pecundang" où l'on peut entendre des bidouilles électroniques, mais elles sont minimes, et pas flagrantes au premier abord. On a même droit à une chanson entièrement chantée en indonésien : la fameuse "Bakar" ("brûler" en indonésien). Mais le souci est que, là-aussi, c'est trop inégal. D'un morceau à l'autre on alterne entre les bonnes et les mauvaises idées comme un "Writhe in
Rain" où l'on oscille entre les passages épiques et d'autres plus brouillons, car mal intégrés à l'ensemble.
Attention toutefois à ne pas douter de la technicité des musiciens car ceux-ci sont tout à fait capables de nous jouer des solos époustouflants, comme sur "Disgraced and Maimed" ou la piste éponyme, entièrement instrumentale. Solos qui, en plus d'être bien réalisés, permettent de sauver les meubles sur les pistes les plus brouillonnes. C'est bien là le gros problème du disque, ça manque vraiment d'éléments accrocheurs qui donnent envie d'aller jusqu'au bout, et ce, malgré une durée totale de 34 minutes. On pourrait presque croire que ce schéma "bon titre/ titre moyen" se suit toutes les deux chansons…
Donc bref, pour faire le bilan, il manque vraiment ce petit quelque chose pour que l'on soit complètement pris par la musique des Indonésiens, et c'est vraiment dommage au regard de leur talent. C'est dire que ces huit années d'attente laissent une impression d'être resté sur sa faim au vu du résultat. Aussi, la piste sera longue à remonter, mais ils peuvent le faire, j'en suis sûr.
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