Popsmear

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19/20
Nom du groupe Filthy Lucre
Nom de l'album Popsmear
Type Album
Date de parution 1997
Style MusicalHard Rock
Membres possèdant cet album4

Tracklist

1. Ariata
2. Outta Control
3. Black Cadillac
4. Baby I Want
5. Hollywood
6. Milk My Honey
7. Brand New Deal
8. Sucksex
9. Can't Kick
10. Ladbroke Groove

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Filthy Lucre


Chronique @ adrien86fr

02 Juillet 2013

I'm a Babylon jet boy, rock n' roll clown..

Dans la fascinante saga du mythique L.A. Guns, la période 1995-1999 revêt un intérêt particulier pour le fanatique du groupe car elle correspond à l’absence derrière le pied de micro du chanteur ô combien représentatif du combo Phil Lewis, alors respectivement remplacé sur les disques « American Hardcore » (1996), « Wasted » (EP, 1998) et « Shrinking Violet » (1999) par les vocalistes Chris Van Dahl, Ralph Saenz (futur Michael Starr dans Steel Panther) et Jizzy Pearl (Love/Hate, Ratt). Si cette période plus ou moins sombre pour le groupe rime avec expérimentations musicales comme peuvent en témoigner le nihiliste et difficilement compréhensible « American Hardcore » ou encore le surprenant petit bijou roots et bluesy « Shrinking Violet », tous deux pertinents symboles de la complexité et de l’ambivalence créatrice du guitariste et fondateur du combo Tracii Guns, cette deuxième moitié des années 90 a vu Phil Lewis quant à lui accoucher de deux albums solo mais également d’un full length sous le moniker de Filthy Lucre.

Exclu du groupe en 1995 peu après la tournée nationale des clubs relative à la promotion de l’opus « Vicious Circle » face au désir du despote Tracii Guns de donner une nouvelle direction conceptuelle totale et absolue à son bébé L.A. Guns sur le futur opus de ce dernier, Phil Lewis monte à Los Angeles le projet Filthy Lucre en compagnie de son vieil ami et compatriote britannique Steve Dior (ex The London Cowboys, chant et guitare) et du batteur Michael Gershima aka MC Bones (ex Gypsy Rose), percussionniste de session pour L.A. Guns sur quelques titres de l’EP « Cuts » (1992) et de l’album « Vicious Circle » (1994). Suite à l’arrivée du bassiste Jim Wirt et fort d’un line up complet et de plusieurs compositions signées Lewis et Dior dans sa besace, Filthy Lucre signe un deal pour un full length unique avec le label anglais Neat Metal Records à ne pas confondre avec la légendaire écurie de NWOBHM quasi homonyme. Enregistré aux studios 4th St. Recording d’Hollywood par Dior et Lewis eux-mêmes, l’album « Popsmear » sort ainsi en 1997.

Inutile d’argumenter, L.A. Guns est un putain de groupe sleaze synonyme de compromis optimal entre attitude rock n’ roll paroxysmique et efficience musicale atemporelle. Autrement dit, jamais de mauvais goût dans la dégaine des pistoleros de Los Angeles et des hymnes bruts et authentiques qui ont su, savent et sauront indéniablement traverser le temps ; imperméables aux modes et aux basses considérations de la société de consommation pourrissant nos âmes chaque jour un peu plus à coups de séduction intéressée et de mensonges. Ainsi, le dissident Filthy Lucre ne peut qu’évoluer dans la même veine, celle de la classe rock n’ roll indescriptiblement naturelle et innée ne pouvant susciter qu’un constat admiratif et silencieux de son état de la part de nous autres mortels. Philosophie d’enculage de mouches à part, « Popsmear » est introduit par l’instrumentale « Ariata » voyant un Phil Lewis dans un exercice d’incantations mystiques rappelant à l’auditeur l’ambiance indescriptiblement surréaliste d’un certain « Over the Edge » (L.A. Guns « Hollywood Vampires » 1991), introduction suivie dans la foulée par le survitaminé « Outta Control » posant les bases d’un hard rock sleaze teinté d’un remarquable feeling garage punk américain old school à la MC5, The Stooges, Dead Boys et compagnie mais également d’un sympathique état d’esprit roots comme peut en témoigner la présence de quelques accords jouissifs de rockabilly guitar sur le morceau. Combo puisant semble-t-il son inspiration musicale et conceptuelle tant dans le vieux punk école new-yorkaise du début des 70’s que dans les références populaires des années 50, Filthy Lucre rend ainsi un vibrant hommage au culte des belles carrosseries on ne peut plus rock n’ roll sur la classieuse « Black Cadillac » (« My true love, fifty-eight Cadillac […] A goddess of power and beauty, chromium and gasoline… »). Bien évidemment originaire de la Cité des Anges, Filthy Lucre n’oublie pas non plus un clin d’œil à la capitale du vice et des paillettes via le primitif mais ô combien efficace « Hollywood (Be thy Name) » voyant d’ailleurs Steve Dior emprunter les lead vocals à Lewis non sans conviction.

Disque inspiré marqué du sceau de la classe rock n’ roll et de l’énergie brute, « Popsmear » parait donc constituer un mélange idéal et non moins équilibré entre une distinction esthétique chère aux gangs sleaze de la fin des années 80 tels L.A. Guns ou encore Faster Pussycat et une violence libératrice que l’on associera sans peine au punk américain des origines ayant brisé en son temps les murs des mythiques CBGB et autres Max’s Kansas City notamment. Au chapitre du raffinement et de l’attitude, il conviendra de louer l’efficience de la magnifique et mid tempo « Baby I Want » au refrain imparable, titre d’ailleurs ponctué d’un riffing central purement jouissif mais également celle du planant et brut « Milk my Honey » voyant une fois de plus l’ex cowboy de Londres Steve Dior prendre les vocaux et gratifier ainsi l’auditeur de son timbre grave et possédé rappelant ci et là peut être un certain Jim Morrison, poète maudit et névrosé de légende aujourd’hui icône favorite de nombreux bâtards/chiens de bobos que l’on accusera jamais assez d’embourgeoiser et de galvauder l’Art authentique à des fins d’enrichissement personnel ou d’auto plébiscite narcissique. Symbole ultime du caractère subversif du génial Filthy Lucre, le violent et nihiliste « Sucksex » aux lyrics on ne peut plus explicites se voudra constituer l’un des hymnes les plus mémorables du disque que l’on situera dans la veine d’un punchy « Raw Power » des anthologiques Stooges ; feeling punk direct et originel également perceptible sur le très bon et rythmé « Can’t Kick » coécrit par Dior et le regretté Johnny Thunders, idole punk ayant officié chez les mythiques New York Dolls, Heartbreakers et en solo, décédé en avril 1991 à 38 balais d’une overdose de méthadone dans une chambre d’hôtel de la Bourbon Street de La Nouvelle Orléans sa guitare à la main comme dans un dernier reflex de survie. Morceau conclusif de « Popsmear », le classieux « Ladbroke Groove » constituant une jolie complainte habilement marquée par des lignes d’harmonica et d’un beat reggae enivrant sera synonyme d’un épilogue frais et original sur lequel Phil Lewis aura l’honneur de prononcer l’épitaphe du furtif mais intense Filthy Lucre : « Maybe the time has come to cast away ».

Premier et unique album du projet Filthy Lucre du frontman de L.A. Guns Phil Lewis partageant sur l’opus ses tâches vocales avec son bandmate et vieil ami Steve Dior, « Popsmear » s’avère être le garant incontestable d’une expression musicale et conceptuelle enthousiaste et inspirée propre à tout premier full length qui se respecte. Présentant une personnalité ambivalente des plus intéressantes et constructives oscillant entre la classe du sleaze rock de la seconde partie des 80’s et l’énergie pure du punk US originel des années 70, ce disque constitue donc un hybride réussi parvenant à distiller avec brio l’essence même du rock n’ roll, indescriptiblement communicative et racée ; terriblement authentique en somme. Un opus empreint d’une classe remarquable dont le core sincère, brut et violent saura satisfaire les amateurs de rock n’ roll efficace et véritable. Indispensable à la curiosité des fans de L.A. Guns souhaitant retrouver la fureur corrosive perdue du premier album éponyme.

7 Commentaires

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samolice - 09 Juillet 2013: Mais d'où tu sors de tels albums Adrien?!??!
Jamais entendu parler de ce projet solo de Lewis. Ca donne envie!

Je ne savais pas non plus que le chanteur de Steel Panther avait accompagné LA Guns le temps d'un album. Je vais rapidement me pencher sur ce dernier.

Merci beaucoup pour cette chronique passionnante qui illustre une nouvelle fois combien mes connaissances en matière de hard rock sont très incomplètes.
adrien86fr - 10 Juillet 2013: Merci pour ton comm Sam. J'avoue davantage m'intéresser aux groupes de l'ombre qu'aux têtes de gondole et ce au prix de nombreuses recherches archéologiques ;-)

L'EP "Wasted" de L.A. Guns sur lequel Michael Starr aka Ralph Saenz pose ses vocaux est vraiment bon, mais vraiment rare également.. Je l'ai enfin trouvé tout récemment après des années de recherche. Il est vraiment intéressant car il annonce le génial "Shrinking Violet" sorti l'année suivante et possède également un soupçon de la folie punk/nihiliste d'"American Hardcore". Un EP charnière en quelque sorte. Le titre éponyme est vraiment excellent.
MarkoFromMars - 10 Juillet 2013: Hollywood Be thy Name ah ah ah ! Excellent!
Encore un magnifique pavé instructif.
Merci Adrien.
samolice - 11 Juillet 2013: Merci pour la réponse et les infos Adrien.
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