Troisième et avant-dernière partie des chroniques de l'obscure dévotion,
Poisoned Summer semble se poser comme le meilleur opus de cette série de chapitres. Seuls quatre titres composent cette demo tape limitée à 25 copies. En réalité, trois morceaux d'une durée moyenne d'une minute gravitent autour du long chapitre XV. Azgorh a décidé de nommer cette cassette
Poisoned Summer suite à une interprétation phonétique ironique du refrain de l'insipide chanson d'été "Boys of summer" de Don Henley littéralement traduite par "les copains de l'été".
Noire et blanche, la pochette de
Poisoned Summer se dresse telle une sombre parodie du clip de cette chanson Boys of summer. En effet, la course éperdue de deux amoureux heureux qui batifolent sur la plage a laissé place à une âme solitaire repliée sur elle même, au bord abrupt d'une falaise et semblant sur le point de se jeter sur les rochers tranchants du récif dans l'espoir d'abréger ses souffrances.
Personnage clé du concept de
Drowning the Light, le vampire se sent ici brûlé sous l'atmosphère ensoleillée instaurée de par le thème de l'été, cette saison abhorrée qui évoque des visions de plages infestées par les touristes. Le vampire est la créature dans laquelle s'incarne tout l'être dépressif de l'auditeur. À l'écoute, nous pouvons y ressentir le soleil écrasant, révélant par sa brillante lumière les cicatrices intimes de notre corps qui tracent des canaux bruns bizarres le long de nos membres mutilés, nos plaies infectées où s'insinuent malignement les grains de sable de la plage, la sueur glauque mouillant la peau cancéreuse de touristes gras dont l'amas de viande humaine qu'ils forment agglutinés les uns contre les autres reluit d'une odorante crème solaire inefficace... C'est par une production raw d'une expérimentalité intimiste que s'enchaînent les chapitres XIV, XVI et XVII. Les synthétiseurs occupent une place prédominante, qui, soutenus par des riffs minimalistes, perçant comme les rayons d'un soleil d'été et exprimant tantôt la peine, tantôt l'apaisement, permettent de laisser libre cours aux gémissements d'Azgorh dépourvus de toute parole. Presque douze minutes sont consacrées au chapitre XV dont le morceau entier constitue un condensé de l'art et du génie de
Drowning the Light. La première moitié du track s'embrase d'une lueur vespérale.
Seul une voix empreinte de renoncement est là pour accompagner la complainte surannée d'un orgue. La seconde partie du titre s'amorce avec des sonorités électroniques totalement inopinées. D'un rendu au départ acouphénique, ces dernières ne tardent pas à se lisser, accompagnant telle une seconde voix celle d'Azgorh qui s'achève en larsens torturés. La sensation transmise est très aquatique, comme si le personnage représenté sur la pochette s'était finalement jeté dans les flots et que l'auditeur accompagnait sa noyade dans un tourbillon de sons incongru. La voix disparaît peu à peu et est suivie par un brusque crescendo sourd et affolé, comme si Azgorh atteignait le terme de son étouffement sous la surface de l'océan. L'auditeur contemple l'achèvement de la progression du titre comme s'il observerait le cadavre du noyé s'enfoncer silencieusement vers les insondables abîmes marins.
Poisoned Summer est clairement l'opus le plus inspiré de la série de chapitres de
Drowning the Light. La cassette est non seulement surprenante de par son expérimentalité qui a été jusqu'à présent de règle, mais également par son originalité hors du commun dans l'intervention des instruments et de la voix. La demo suivante intitulée
Elixir of Rancid Dreams & Broken Memories qui parachève l'histoire poursuivie ici n'en est pas moins excellente.
A+
A oui et j'attend toujours t'as chronique :p
J'ai eu un tas de problèmes avec la modération de ce site, mais t'inquiètes, la chro arrivera d'ici peu. Tu seras prévenu.
adios.
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