Poe

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13/20
Nom du groupe ShadoWhispers
Nom de l'album Poe
Type Album
Date de parution 05 Janvier 2023
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1.
 O Tempora O Mores
 03:05
2.
 Black Cat
 06:16
3.
 Bridal Ballad
 06:42
4.
 Alone
 05:14
5.
 Spirits of the Dead
 07:10
6.
 Dreamland
 03:39
7.
 The Valley of Unrest
 06:35
8.
 The Raven
 07:42
9.
 A Dream within a Dream
 08:14
10.
 In Memoriam
 02:21

Durée totale : 56:58

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ShadoWhispers


Chronique @ ericb4

23 Juillet 2023

Un propos aussi frissonnant qu'intrigant, mais encore taillé dans la roche...

Encore un énième groupe de metal symphonique à chant féminin, sans doute voué comme tant de ses pairs à une disparition prématurée des tabloïds, me direz-vous, et vous auriez sans doute raison... à quelques nuances près toutefois ! Conscient des enjeux et des risques courus à chercher coûte que coûte à essaimer ses riffs, le discret quintet luxembourgeois a précisément pris en compte tous les paramètres avant de se lancer dans la bataille. Aussi, créé en 2009, et aux fins d'un profond remaniement de son équipe, le groupe ne réalisera son introductif EP, « A Tincture of Gothic Fiction », que huit ans plus tard. Ce faisant, il ne signera son premier album full length, « Mara », qu'en 2019, chez le label allemand House Master Records, cette fois. Indice révélateur d'une plus sérieuse envie d'en découdre que naguère de la part de nos cinq gladiateurs ! Mais, tel un fauve attendant patiemment sa proie tapi dans les broussailles avant de fondre sur elle, le collectif prendra le temps nécessaire à l'affinage de ses arpèges comme de sa production d'ensemble avant de revenir plus fort dans la course.

Il nous aura alors fallu patienter la bagatelle de quatre années supplémentaires avant de voir naître son second bébé, « Poe », un concept album entièrement dédié à l'oeuvre et la vie d'Edgar Allan Poe, célèbre écrivain, essayiste et poète étasunien du XIXe siècle. Conformément à ses aspirations premières, les quelque 57 minutes du propos nous immergent au sein d'un metal symphonique gothique et opératique à la fois épique, rayonnant, torturé, énigmatique et romantique, où les influences de Nightwish, Xandria, Amberian Dawn et Sirenia ne sauraient être esquivées. Avec le concours, pour l'occasion, du puissant vocaliste Adam Denlinger (Mayan). Enregistrées aux Unison Studios par Tom Gatti, les 10 pistes de la luxuriante rondelle n'accusent que peu de sonorités résiduelles ; un confort auditif renforcé par des lignes mélodiques aussi seyantes que finement sculptées et des arrangements instrumentaux de bonne facture. De quoi nous intimer de suivre Diane Frisch (soprano), Sonni (guitares), Piquet Jung (basse), Motti Speller (batterie) et Laurent Schleck (claviers) dans leur aventure...


Comme souvent dans ce registre, c'est une entame instrumentale qui nous ouvre les portes du royaume. Mais, plus qu'une introduction de circonstance, « O Tempora O Mores » se pose telle une ample pièce symphonico-progressive et cinématique d'inspiration ''nightwishienne'' ; adjointe d'une frissonnante muraille de choeurs, de délicats arpèges au piano et laissant entrevoir une belle profondeur de champ acoustique, ce premier élan a toute sa raison d'être. Mais il ne s'agit-là que d'un hors-d'oeuvre...

Quand ils nous mènent en de magmatiques contrées, nos acolytes trouvent alors, et sans mal, matière à aspirer le pavillon. Ainsi, eu égard à ses puissants coups de boutoir, à la soudaineté de ses accélérations et à ses enchaînements intra piste des plus sécurisants, le ''nightwishien'' up tempo « Black Cat » poussera assurément à un headbang bien senti ; un théâtral et complexe effort où les célestes inflexions de la sirène n'ont de cesse de donner le change aux rocailleuses impulsions d' Adam Denlinger. Et la sauce prend, in fine. Un secteur qui sied à merveille à la troupe, à exploiter davantage peut-être.

A la lumière de ses amples pièces en actes symphonico-progressives, le collectif dévoile une autre corde à son arc, ayant pour effet de nous assigner à résidence parfois. Ce que prouve, d'une part, « Spirits of the Dead », fresque altière déroulant ses quelque 7:10 minutes d'un spectacle à la fois épique et romanesque. Calés sur une sente mélodique des plus enveloppantes sur laquelle se greffent les angéliques ondulations de la princesse, couplets finement esquissés et refrains chavirants glisseront avec célérité dans nos tympans alanguis. On retiendra, d'autre part, le dantesque low tempo progressif « A Dream within a Dream », et ce, davantage pour pour son caractère théâtral, son fondant refrain et ses nombreuses péripéties que pour son pont central alimenté, lui, d'un usant récitatif en voix masculine.

Quand le convoi instrumental ralentit un tantinet sa cadence, la troupe parvient là encore à nous retenir, un peu malgré nous. Ce qu'atteste le ''xandrien'' mid tempo « Bridal Ballad » à l'aune de l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'elle nous invite à suivre. En outre, un break opportun sous-tendu par de sensibles gammes pianistiques s'offre à nous ; un moment d'apaisement que soufflera un refrain immersif à souhait, mis en habits de lumière par les poignantes envolées lyriques de la déesse. Mais là n'est pas l'argument ultime de nos belligérants pour tenter de nous rallier à leur cause...

Lorsqu'ils nous conduisent en d'apaisantes contrées, nos compères s'y adonnent avec une infinie délicatesse. Ce que révèle « Dreamland », ballade atmosphérique et progressive d'une sensibilité à fleur de peau, voguant sur d'ondoyantes et enivrantes nappes synthétiques, que n'auraient sans doute reniée ni Sirenia ni Xandria. Une véritable invitation en d'oniriques contrées, en somme, que l'aficionado de moments intimistes ne saurait esquiver sans éprouver quelques regrets.

Comme pour nous renvoyer plus intensément encore au souvenir de l'auteur prématurément disparu, le voyage s'achève sur un fugace et mélancolique instrumental. Reposant sur une orchestration classique, parallèlement nourrie de larmoyants arpèges au piano et d'un frissonnant coup d'archet, l'a-rythmique «  In Memoriam » se pose tel un un poignant message musical de clôture.

En dépit de ses mérites, quelques bémols émaillent toutefois la surface de la galette. Ainsi, bien que jouissant d'une orchestration samplée de bon aloi et de la prégnante empreinte vocale de leur interprète, les ''xandriens'' mid tempi « Alone » et « The Raven » accusent tous deux quelques linéarités mélodiques et une tenace répétibilité de leurs schèmes d'accords. L'accroche ne s'opérera guère plus aisément sur le polyrythmique « The Valley of Unrest ». Si le duo unissant à nouveau les voix d' Adam Delinger et de la frontwoman évolue à l'unisson et s'il bénéficie de fringants harmoniques pianistiques, le tortueux méfait se plait à emprunter des chemins de traverse, au risque de nous désarçonner, in fine.


En définitive, force est d'observer une œuvre à la fois rayonnante, délicate et troublante, jouissant d'une ingénierie du son de bonne facture. Variant ses exercices de style à l'envi, diversifiant son propos sur les plans rythmique et vocal, tout en octroyant des arrangements aux petits oignons, le combo renseigne dores et déjà sur sa sérieuse envie d'en découdre. Pour se sustenter, d'aucuns auraient sans doute espéré des lignes mélodiques un poil plus enveloppantes, des arpèges d'accords plus aisément lisibles qu'ils n'apparaissent ainsi qu'une éradication de l'une ou l'autre zone de remplissage dont peut avoir à souffrir la pléthorique rondelle. Carences auxquelles s'ajoutent des prises de risques aux abonnés absents et une atmosphère quelque peu stéréotypée, partiellement compensées par une technicité instrumentale et vocale éprouvée. Bref, un propos aussi frissonnant qu'intrigant, mais encore taillé dans la roche...

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