Si vous êtes en quête de sensations obscures et toxiques, ne cherchez plus. Au rayon des bizarreries, les Grecs de HAIL SPIRIT NOIR ont toutes les chances de combler vos attentes. Attention, révélation majeure de
2012 !
Ce groupe étrange et fascinant dissimule un jeu cruel de mise en abîme, derrière une nonchalance et une forme d’humour noir qui confine à la fumisterie nihiliste autant qu’au génie.
Duo formé fin 2010 par Haris (synthés) et Theoaris (guitare/chant), qui pour leur premier opus n’ont pas fait les choses à moitié,
Pneuma a été totalement enregistré en analogique, amplis à tubes, compresseurs vintages et bandes magnétiques par Jens Brogen (OPETH) et masterisé par Dim Douvras (ROTTING CHRIST), l’artwork est signé par le peintre américain Jesse Peper (IN SOLITUDE).
Pas ou peu de réverb' sur cet enregistrement, qui combine, psychédélisme délétère, rock and roll pâteux, black metal et prog rock 70’s.
Pneuma prend par surprise, tant par sa sonorité inhabituelle que par son ambiance de cabinet de curiosité sournoise et oppressante.
On tient là un objet inclassable et déroutant, qui ne se laisse pas aisément apprivoiser.
Instable, claustrophobique, malin, avec son air de ne pas y toucher,
Pneuma entraîne malgré lui l’auditeur dans son délire maléfique, en lui prenant la main tel un mendiant malicieux aux desseins obscurs bien dissimulés.
Le malaise est palpable dès « Montain Of Horror » qui débute comme un black and roll boogie, à la manière d’un SARKE sous morphine, rythmé d’incursions prog grotesques aussi défaillantes qu’un vinyle voilé par le soleil, du BM aussi fondu que les montres molles de Salvador Dali, sur lequel une narration schizophrénique égrène une litanie troublante.
« Let Your
Devil Come
Inside », comptine pop psychédélique alambiquée, apathique et sentencieuse, gavée de trémolos hypocrites, de violon, de xylophone, laisse éclater comme une étoile mourante un black patraque à la production malade et fuyante.
Ça vous dit du black ‘n' roll garage, binaire et squelettique, des riffs décharnés dont il ne subsiste que la moëlle (les Ramones n’auraient pas mieux fait), la peau sur les os glacés, au son glauque et désuet de claviers fleurant bon le cinéma d’horreur de série B?
Si THE RESIDENTS se mettait au black metal, cela ressemblerait probablement à « Against The
Curse We
Dream ».
Une balade nonchalante par un après-midi ensoleillé ? En réalité, sur « When All Is Black » le mal rôde au détour de chaque note empoisonnée d’intentions inavouables, flûte maudite et maudits violons, une bascule insidieuse s’opère vers le versant réellement lyrique et torturé de ce combo possédé, et ce jusqu’au grandiose « Into the
Gates of Time » lyrique et dantesque, sans débordement sonore, dont la folie boîteuse s’agrippe à vous durant 9 minutes mélodiques, zébrées d’éclairs black, prog et heavy, savamment orchestrés.
Totalement maléfique, HAIL SPIRIT NOIR a réussi son pari: vous étouffer, vous entourer, vous saisir dans sa toile.
Pneuma est une aberration aussi pernicieuse que savoureuse, aussi régressive que novatrice.
A vos risques et périls.
Juste ''wow''!
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