Furyens est Stéphanois, ville plus connue pour son club de foot que pour ses groupes de thrashmetal. Ayant débuté en
2012, sous la forme d'un trio à l'origine, le groupe a composé un premier album sorti en 2014,
Barback Attack. Laurent Sarrus (chant/basse) rejoint par Benjamin Vidal (guitare), couplé par le passage du guitariste originel Nicolas Savoca à la batterie plus le recrutement final d'Olivier Dupont (guitare), composent
Furyens. Pour ce second album, Plug
And Plague, nos gars du Forez ont dans l'idée de réaliser un disque plus élaboré que le premier jet, avec des compositions plus travaillées et moins linéaires.
En bacs depuis fin novembre 2017, l'album propose dix titres et dès l'intro de "
Hell Alone", on sent bien que la Bay
Area tient toujours une grande place dans l'esprit et le propos général de nos Stéphanois. Les rythmiques sautillantes et saccadées de la paire de guitaristes couplées avec le chant de Larry ramènent également vers un groupe comme
Gothic Slam (thrash de la toute fin des 80's du New Jersey, un peu les
Exodus de la côte Est). On sent un travail sur les guitares n'ayant rien à envier aux groupes revival du genre (
Crisix par exemple), les riffs faisant souvent mouche (le saccadé et tournoyant "Facing the Threat", "The Fantastic
Epidemic"), et les codes du genre ici appliqués avec ferveur ("Genitals
Crusher", ses roulements de batterie, son riff véloce à la
Destruction).
Passons ça et là sur quelques petites longueurs, les trois quart d'heure passés de l'album n'étant pas exempts de mid tempo un brin convenus ("
Dead Brain Market" sauvé par son solo, et qui doit mieux passer live que sur disque, dont les paroles dénoncent le consumérisme général avec à propos). Les connaisseurs de l'album précédent noteront le souhait visible du groupe de varier les plaisirs, passant de rythmiques typiquement mosh à quelques salves plus saignantes ("
Into The Void" aux enchaînements remarquables - notons l'excellente cassure à 2'33" et son fabuleux solo une minute après, peut-être le meilleur morceau de l'album). Soulignons en sus du travail sur les soli ("Oblivion") également le chant de Larry, souvent le point faible des groupes Français qui s'expriment dans la langue de Beckham, suffisamment varié pour intéresser et maîtrisé afin de ne pas donner le bâton aux tatillons de l'accent Français ("
Carnal n°5").
Pas si éloigné d'un
Annihilator dans certaines rythmiques, le côté Américain prédomine toutefois (parfois
Testament sur certains soli, surtout
Exodus,
Anthrax ou
Gothic Slam donc dans les riffs, vocaux hurlés en chœur compris).
Furyens, à l'instar d'un
Infinite Translation il y a quelques années maîtrise les codes du genre, les reproduit avec son propre savoir-faire, et sans la fin du disque ("Into the
Void" évoqué plus haut suivi par la doublette "
Ulthrash"/"Oblivion" l'un développant une facette traditionnelle, l'autre plus moderne), on aurait un album sympathique et un brin scolaire de plus. Mais, magnifié par cette fin d'album diversifiée,
Furyens fait belote, rebelote et dix de der, par trois morceaux constituant un bon résumé de la palette actuelle du groupe : à la fois subtil et énervé.
En intégrant pratiquement leurs trois meilleurs morceaux à la fin de leur disque,
Furyens joue avec le feu. Mais doté d'un beau livret, d'un son sec mais naturel, avec une pochette sympa illustrant les textes de "
Dead Brain Market" et un album réussi,
Furyens prend une relève Française en thrash Bay-
Area laissée vacante par
Infinite Translation. Comme les compatriotes
Deathroned,
Extravasion,
Zoldier Noiz,
Voight Kampff ou
Hexecutor ont choisi des styles thrash bien différents, le fan en prise avec un genre adulé par une foule de fans jadis ferait bien de se laisser contaminer par cet album.
Rajoutons les Limougeauds d'Exorcizer dans la courte liste des groupes de thrash Français prometteurs, chroniqués également sur le site.
Tiens je les ai écouté hier ça m'a bien plu et ta belle chronique me le confirme, il va falloir que je me le choppe celui-là ;-)
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