Après un premier album d’un très haut niveau et qui reçu un excellent accueil des critiques, à défaut du succès commercial qu’il aurait mérité,
Tobruk revient avec une nouvelle production, après avoir traversé de nombreux problèmes extra-musicaux.
Malheureusement, là où Lance Quinn avait donné un son puissant, dynamique et profond à "
Wild on the Run", son successeur, Chris Gorham, se révèle incapable de capter l’énergie du groupe comme elle le mérite. Les claviers sont les victimes les plus flagrantes de ce ratage dans toutes les largeurs. Alors qu’ils étaient l’arme principale de
Tobruk sur le premier album, ils deviennent quasiment risibles sur certains titres. L’intro de "
Alley Boy" ressemble au générique d’un soap américain, alors que celle de "
Two Hearts On The Run" nous fait craindre l’arrivée d’un de ces chanteurs italiens des années 80, prêt à nous interpréter "Tarzan Boy" ou "Comanchero".
En même temps, il serait injuste de faire reposer sur les seules épaules du pauvre Gorham, l’entière responsabilité de la déception apportée par cet album dans lequel tant d’espoirs étaient placés. En effet, la majorité des compositions n’atteignent pas le niveau de leurs grandes sœurs présentes sur "
Wild on the Run", mais il aurait cependant été interessant d'entendre ce que certaines auraient pu donner avec une production digne de ce nom. Un "Let Me
Out Of Here" débute sur des bases équivalentes à "Going
Down For The Third Time", jusqu’à un refrain complètement écrasé par un mix mettant tout d’un coup le chant en retrait. "Rock’n’Roll Casualty" et "Love Is In Motion" possèdent des refrains facilement mémorisables, alors que le plus rapide "
Girl Crazy" est éclairé par un enchaînement break-solo qui mériteraient mieux que le fond de vieil orgue Bontempi qui vient le saccager.
Il faut donc croire que
Tobruk fut un groupe marqué par le sort. En effet, après les problèmes contractuels qui empêchèrent le décollage de son premier album, le sextet britannique ne se relèvera pas du nouvel échec, artistiquement justifié, de ce nouvel album. Dommage, car les bonus proposés sur la réédition de 1988 viennent nous rappeler que
Snake et sa bande étaient capables de nous pondre de sacrés morceaux. En effet, "Set Me On
Fire" aurait pu prendre place sur "
Wild on the Run" sans avoir à rougir de la comparaison. Il ne reste plus qu’à espérer que dans le futur, une réédition remasterisée viendra redonner à la plupart des titres un niveau plus en rapport avec leur qualité.
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