Tenté comme tant d'autres de ses pairs et compatriotes par la scène metal mélodico-symphonique, à l'image de
Vandroya,
Errana,
Enarmonika ou encore
Lyria, ce jeune sextet brésilien originaire de Sao Paulo entend lui aussi faire entendre sa voix. Créé en 2013, le combo sud-américain s'est laissé le temps de la maturité, dont témoignent ses élégantes compositions, son jeu d'écriture et ses arrangements instrumentaux, nous livrant, trois ans plus tard, cet introductif EP dénommé « Plays of
Destiny ». Une laconique auto-production d'à peine plus de 17 minutes où les influences d'
Autumn (seconde période),
The Gathering,
Delain et
Dream Theater se font sentir et parfois se combinent. Et ce, sans sacrifier la singularité de quelques heureux accords...
Pour la mise en relief de la menue rondelle, le groupe a témoigné d'un enregistrement de bon aloi, excluant toute note parasite, et d'un mixage bien équilibré entre corps instrumental et lignes de chant. Bref, se dessinent une logistique et un mastering plutôt soignés, réalisés au Netcic Studio, même si quelques finitions manquent encore à l'appel. Ce faisant, les compositeurs Andressa Lé (frontwoman aux inflexions calées dans les médiums, proches de celles de Marjan Welman (
Autumn)) et Nan Marconato (guitare) ont sollicité les talents de Caio Balestra (guitare), Junior Soares (claviers),
Eden Vassoler (basse) et Geovani Rodrigues (batterie) pour nous livrer quatre pistes (dont une reprise instrumentale) aussi énergisantes que mélodieuses, un poil technicistes et sensibles, estampées rock'n'metal mélodico-symphonique progressif à chant féminin non lyrique.
Bien que peu de prises de risques soient de mise, le collectif brésilien surprend par sa faculté à concocter et à enfiler des hits en puissance. Prévisibles, les refrains ''delainiens'' du progressif « Plays of
Destiny » et de l'entraînant « View of Truth » ne s'en révèlent pas moins pénétrants et durablement inscriptibles dans la mémoire du chaland. Dotées de couplets de la trempe de
The Gathering (première mouture) et de rutilants soli de guitare dans l'esprit de
Dream Theater, ces tubesques offrandes se parent en prime de subtiles et gracieuses modulations de la part de la sirène. De quoi déjà tenir en respect une concurrence locale toujours plus féroce.
Lorsqu'il ralentit le rythme de ses frappes, le groupe charge son message musical en émotions et la sauce ne tarde pas à prendre. A mi-chemin entre
Autumn et
Lacuna Coil, avec une touche latina en substance, la ballade en mid tempo «
Lady of the Rivers » en est une illustration. Par la subtilité de ses harmoniques et un cheminement mélodique des plus infiltrants, cette aérienne et chatoyante ritournelle ne rencontrera que peu de résistances auprès des amateurs du genre. Se dotant d'un délectable solo de guitare dans la lignée de
Lanvall (
Edenbridge), de troublantes oscillations vocales de la belle couplées à une délicate empreinte masculine en voix claire, l'apaisant instant s'octroie un petit supplément d'âme. Mais le spectacle n'est pas terminé...
En guise de variation du thème principal et titre éponyme de l'opus, le combo a su apporter une approche à la fois plus intimiste et non sans inspiration à l'instar de la version instrumentale de « Plays of
Destiny ». On découvre alors une confondante ballade a-rythmique où chaque note tombe juste, l'ensemble témoignant d'une belle profondeur de champ acoustique. Ainsi, tout en conservant la ligne mélodique directrice, les riffs émoussés et le mordant de l'original ont cédé le pas à de soyeuses et graduelles nappes synthétiques parallèlement à de sinueux arpèges au piano. Il s'en dégage une atmosphère tamisée, propice à la zénitude profonde. Une manière habile et complémentaire de boucler la boucle.
Au final, on parcourt une œuvre d'une durée minimaliste mais tout à fait apte à aimanter le tympan de l'aficionado des sources d'influence de la jeune troupe brésilienne. Cet état de fait tient à un sens mélodique aigu conjugué à l'habileté technique de ses membres, l'ensemble instrumental évoluant dans une atmosphère chatoyante, un tantinet éthérée, parfois convenue, enjolivée par les gracieuses et limpides impulsions de la déesse. Aussi, même si l'originalité n'est pas toujours au rendez-vous de nos attentes, l'accessibilité et la fringance du propos aidant, il se pourrait bien que l'accroche s'effectue sans encombres auprès d'un auditoire élargi. Bref, un perfectible mais vibrant galop d'essai ; significatif passeport pour espérer fouler les planches de la scène metal internationale et, espérons-le, embrasser une carrière au long cours...
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