Récente découverte pour moi dans le grand domaine sauvage du Black
Metal,
Benighted In Sodom m'a laissé une très agréable impression quant à la qualité de ses travaux, tous plus riches et denses les uns que les autres. Après un "
Ocean" très fourni et travaillé -tant musicalement que dans le thème abordé-, me voila donc avec ce "Plateau E : The Harrowing" entre les mains, qui, soit-dit en passant, est un superbe objet.
La pochette nous plonge directement dans cette ambiance scabreuse que BiS (oui, j'abrège) sait si bien tisser : enfant mutilé, desséché, peut-être même mort, condamné à reposer au fond d'une crypte quelconque. Cryptique, justement, est un adjectif qui convient parfaitement au son des guitares et au mixage général de l'art du projet : la production est en effet extrêmement travaillée, chose plutôt rare. Les guitares sont dissonantes, mais toujours tranchantes, résonnant dans l'espace musical comme des chœurs dans une église. Le chant, composé de râles d'outre-tombe, est parfaitement intelligible, chose encore plus rare. On notera d'ailleurs le beau travail sur les textes - pour ceux qui se pencheront plus bas sur les concept évoqués par le groupe.
Oscillant entre
Esoteric,
Abruptum et
Urna,
Benighted In Sodom a su, au travers de cet album, se créer un univers et un son propre. Et rien que cet exploit mérite d'être applaudi, en cette ère de copie et de plagiat sans saveur.
Toute la force de ce "Plateau..." tient dans ses ambiances, terriblement malsaines et étouffantes. La batterie marque toujours bien la cadence, s'autorisant parfois quelques calmes blast-beats. Implacable et froide, cette dernière rythme la procession funéraire que sont les compositions, minimalistes et pourtant terriblement travaillées. Car la redondance fait la force des compositions de cet album : les oreilles non-habituées à la répétition (parfois ennuyeuse) d'un
Burzum pourront passer leur chemin pour chercher des groupes blasts/hurlements plus efficaces (à défaut d'être intelligents).
Tout au long des six titres de cette offrande putride, l'auditeur ne se repose pas. Non, l'auditeur sera oppressé, éprouvé et traversera multitude de phases, tant physiquement que mentalement. Passant d'états extatiques à des frissonnements de peur, on se surprend à analyser les détours que peut emprunter son imagination à l'écoute de l'art impur de ce groupe. Impressionnant et éprouvant, donc.
Gris, noir et mauve, telles sont les couleurs de ce voyage occulte que propose
Benighted In Sodom. Au travers de cet opus, ils tissent leur toile, pour mieux y piéger les auditeurs imprudents qui auront laissé traîner leurs oreilles dans leur univers. Un disque très sympathique que saura apprécier l'amateur de musiques lentes et malsaines.
Je suis ravi de voir Enthwane que tu chroniques toujours des groupes très intéressants, et parfois méconnus.
De plus, tu offres toujours un ressenti personnel, et souvent juste.
C'est un groupe que je vais bientôt avoir tout le loisir de découvrir, puisque je dois chroniquer leur dernier opus pour un zine concurrent dont je tairais le nom.
Ta chro m'a en tout cas mis l'eau à la bouche !
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