Pillars I

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16/20
Nom du groupe Earth And Pillars
Nom de l'album Pillars I
Type Album
Date de parution 30 Octobre 2016
Style MusicalBlack Ambient
Membres possèdant cet album12

Tracklist

1.
 Pillars
 18:23
2.
 Myth
 15:48
3.
 Solemnity
 15:41
4.
 Penn
 16:32

Durée totale : 01:06:24

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Earth And Pillars


Chronique @ Icare

23 Novembre 2016

A réserver à tous les fans de Darkspace, Lunar Aurora, Cepheide ou Lunar Mantra

Certains sceptiques vous diront que rien ne ressemble plus à un mauvais album de black ambiant qu’un autre mauvais album de black ambiant. Malheureusement on ne peut pas vraiment leur donner tort, et force est de constater que cette scène pullule de groupes sans inspiration qui se parodient les uns les autres et qui usent et abusent de codes éculés jusqu’à la moelle.
Pourtant, il serait injuste de dénigrer tout un style musical, et s’il y a des suiveurs, c’est bien qu’il y a des meneurs, des formations comme Spektr, Lustre, Lunar Aurora, Paysage d’Hiver ou Darkspace étant parvenues à créer un univers unique et immédiatement identifiable.

Earth and Pillars ne fait clairement pas partie de cette catégorie : leur premier album, Earth I, sorti en 2014, ne faisait pas vraiment dans l'originalité et empruntait assez largement aux maîtres du genre, même s'il parvenait à nous emporter le long d'un superbe voyage au gré des quatre éléments.
Leur nouvelle réalisation, Pillars I, parue fin octobre sur Avantgarde Music, poursuit l'exploration de la nature, mais dessine des fresques plus violentes, froides, hostiles et tourmentées.

Pillars démarre en douceur, sur ces sonorités célestes s’assimilant au bruit du vent balayant une immensité vide et déserte. Les claviers nous servent des notes désolées et entêtantes qui nous submergent d’une impression de solitude aussi belle qu’étouffante, puis la déflagration explose nos enceintes, avec ce mur de guitares extrêmement massif et abrasif, ce blast lourd et imperturbable qui nous assomme et, comme la rotation des planètes, nous donne une légère impression de tournis, ainsi que le chant rauque et aboyé de Z noyé dans ce torrent de saturation.
Le tout est très violent et rapide pour les oreilles non initiées, qui auront du mal à démêler quoi que ce soit de cette bouillie hypnotique et lobotomisante, et ce premier morceau rappelle plus les sonorités glaciales, stellaires et hostiles d'un Darkspace que l'univers bucolique de Saor par exemple. Ceci dit, les amateurs apprécieront cette recette éprouvée qui rappelle le trio suisse, d'autant plus que la formule est ici assez bien exécutée pour ne pas être redondante, les couches de guitares se superposant habilement et délivrant au fur et à mesure de ces 18,43 minutes de nouveaux éléments certes discrets mais qui habillent le morceau et lui confèrent une épaisseur intéressante. Les claviers et les programmations ne sont pas en reste, laissant filtrer quelques mélodies qui donnent un corps et un fil conducteur aux titres. Sur cette première piste, on a un enchaînement entre breaks ambiant et furie metallique, le blast et le grincement des guitares repartant dans leur hystérie folle, sur fond de synthés parfaitement audibles aux complaintes toujours aussi glaciales et impalpables. Le titre se termine par une longue plage apaisante, calme après la tempête, qui semble montrer un ordre cosmique paisible et immuable.

Si l’ombre de Darkspace plane sur ce Pillars I, l’influence d’un combo comme Lunar Aurora est aussi palpable : le début de Myth au riffing entêtant, racé et particulièrement intense, ainsi que les aboiements impérieux de Z renvoient assez évidemment à la formation allemande. Ce morceau de 16,08 minutes est bien plus organique, présentant un son moins abstrait et abrasif d’où les éléments ambiant sont plus rares, malgré la présence des claviers qui esquissent toujours des leitmotivs mélodiques. La première partie du morceau repose surtout sur ces riffs de guitare puissants et le martelage frénétique de la batterie synthétique, mais n’hésite pas à changer le tempo pour éviter à l’auditeur de tomber dans la lassitude, on a même un court break « acoustique » sur lequel les hurlements de la guitare font place à quelques arpèges mélancoliques et froids. La deuxième partie est volontairement plus épurée et lointaine, jouant sur l’effet de répétition en balançant ces boucles algides et robotiques à l’envi. Le tout se termine tranquillement, sur ces sonorités mystérieuses nous laissant tiraillés entre sérénité et angoisse, rappelant que la nature peut être aussi généreuse que cruelle.

Concrètement, que peut-on reprocher à un tel album ? Les sceptiques du début le taxeront peut-être de long et linéaire, et c’est vrai qu’avec ses seulement quatre morceaux pour 70 minutes, on ne peut pas dire que la nouvelle réalisation d’Earth and Pillars soit concise et aille à l’essentiel. On peut aussi comprendre que l’ambiance oppressante qui baigne la majorité de l'opus puisse lasser sur une durée aussi longue, surtout servie par un riffing minimaliste et très répétitif finalement plus là pour nous plonger dans une sorte de transe que pour témoigner de la virtuosité des guitaristes. Ceci dit, on parle ici de black ambiant, et ce qui pour certains sera vu comme des défauts sera perçu par un amateur du genre comme des qualités : l’atmosphère est extrêmement travaillée et prenante, déclinée sous plusieurs formes subtiles et complémentaires, et la variation est bien là, même si subtile (la seconde partie de l'album est plus lumineuse et apaisée, avec le début de Solemnity, planant et aéré, ou le long break central de Penn suivi de cette lente montée en intensité, presque incantatoire).

Finalement, un constat évident s’impose : Pillars I est un excellent album de genre, ni plus ni moins, qui manque juste d’une certaine personnalité pour être vraiment indispensable. A réserver à tous les fans de Darkspace, Lunar Aurora, Cepheide ou Lunar Mantra, et à écouter si possible au casque et le volume à fond seul sur un somment enneigé. Pas d’inquiétude à avoir quant aux voisins : dans cette nature vierge et sauvage comme au fin fond de l’espace, personne ne vous entendra crier…

13 Commentaires

5 J'aime

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=XGV= - 25 Novembre 2016: Je viens de relire la nouvelle version de la chronique et là, je dois dire que je reconnais bien plus Earth and Pillars. ;)

Du coup, puisque tu as aussi écouté le premier, il y a des changements notables ou on reste vraiment dans un style très similaires ? Ta chronique laisse à penser qu'on reste en terrain connu.
Icare - 28 Novembre 2016: Eh bien à vrai dire, les deux albums sont tout de même assez différents. Evidemment, il y a une continuité et l´on reconnaît bien le groupe, mais je trouve Pillars I plus violent, tourmenté et froid, avec un son plus abrasif. Je crois que je préfère Earth I, plus onirique, aérien et contemplatif.
=XGV= - 29 Novembre 2016: Ok, merci pour l'info.
:)
jocemcmxcix - 11 Janvier 2017: Album reçu, très beau digipack au format Paysage d'Hiver, tout comme la musique d'ailleurs, et c'est très bon !
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