Il y a des groupes comme ça, qui sortent de nulle part, et qui dès leur premier enregistrement, vous collent une petite calotte derrière les oreilles. C’est le cas de
Pillaging Villagers, petit groupe de Milwaukee formé en 2020 et totalement inconnu au bataillon qui, sans crier gare, déboule sans label avec un premier album frais, énergique et burné.
Si cette toute première réalisation n’est ni d’une originalité ni d’une virtuosité à toutes épreuves, on appréciera tout de même ce mélange plus que sympathique et accrocheur entre punk celtique et folk metal, comme si un Dropkick Murphies bourré (pléonasme ?) allait copuler avec un
Ensiferum aviné (repléonasme ?) à la sortie de la taverne dans une ruelle sombre aux âcres relents de pisse.
Oui, vous avez bien lu : ces douze morceaux sont fait d’un alliage foutrement addictif et diablement gigotant, avec des refrains de pirates hooligans à reprendre en chœur en renversant la moitié de sa bière sur le voisin. Le côté punk est très présent (le début de Wretched of the
Earth,
Voices to the Sky, Crush The Enemy...), flirtant parfois avec la oï, et se marie à merveille avec ce crossover folklorique bourru et sauvage porté par de grosses grattes saccadées, une batterie souvent rapide au rythme binaire, un chant écorché black, et une cornemuse survoltée, lui conférant ce sentiment d’urgence jouissif qui donne envie de se jeter dans la fosse et de fracasser allègrement ses petits camarades de pit : clairement, si vous aimez des groupes comme Dropkick Murphys, Flogging Molly,
Alestorm ou
Korpiklaani,
Pillaging Villagers risque bien de devenir votre nouveau disque de chevet.
Bon, c’est un fait, les hymnes de taverne, ce n’est pas très nouveau mais ici, le côté punk, en plus de dynamiser l’ensemble, s’inscrit également dans la dimension contestataire des paroles, avec des titres plutôt explicites (The Crisis,
Smash the
Factory), et certains refrains excellents donnent vraiment envie d’être scandés en levant le poing (l’opener Wretched of the
Earth, irrésistible, l’excellent We Remember, heavy et épique à souhait, qui rappelle les meilleurs refrains d’
Ensiferum, Ready to
Die), nous collant une patate d’enfer.
D’ailleurs,
Pillaging Villagers ne se contente pas de chansons à boire, affichant des influences bien plus sombres (les nappes de clavier angoissantes de The Count, le lent et long The Crisis), certains morceaux étant quasiment dépourvus d’artifices folkloriques et évoluant dans un metal lourd, musclé et rugueux (le refrain de The Bishop, avec ses chorus mélodiques, ressemble pas mal à du
Amon Amarth, tandis que le riffing saccadé de morceaux comme The Count ou The
Emperor renvoie inévitablement à un
Finntroll dépouillé de ses atours festifs). C’est d’ailleurs sur ces titres plus « sérieux », où la touche celtique est totalement absente, et où le punk s’efface entièrement au profit du metal, que David Frazer et ses acolytes s’embourbent un peu : les morceaux restent bien torchés, mais perdent en spontanéité ce qu’ils gagnent en agression, rentrant finalement dans le moule d’un metal extrême sans grande personnalité (The Bishop, le long The Crisis, qui tranche trop avec le ton enjoué du reste de l’album).
On regrettera aussi d’une manière générale des morceaux aux structures un peu trop similaires, avec notamment un poum tchak envahissant et manquant de variation, un jeu de batterie plus aéré aurait peut-être permis d’éviter le sentiment de redondance qui finira peut-être - probablement ? - par s’installer chez certains auditeurs…
Ceci dit, lorsque la cornemuse et les chœurs mâles reprennent leurs droits, on rerentre vite dans la danse, porté par cette ivresse et cette légèreté qui nous éclaboussent de nouveau, comme la mousse d’une bonne pinte de ale tiède, et ce jusqu’au final
Freedom Is Ours, hymne street punk/oï jouissif qui reprend le refrain de l’opener Wretched of the
Earth histoire de boucler la boucle et ces 39 minutes. Certes, on pourra trouver de nombreux défauts à ce
Pillaging Villagers, mais ce "peasant metal" dynamique et engagé fait tout de même du bien à entendre et remonte allègrement le moral, alors ne faisons pas la fine bouche, buvons une bonne rasade, levons le poing et entonnons tous en chœur :
We are the wretched of the earth
The underclass
So raise your glass
One and all
Though sacrifice and strife
We carry on
Till all is won
Standing tall
We are strong
Side by side
We sing a song
Of hope and pride
Santé !
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