Acte 1
Ce groupe canadien, originaire de Victoria, a été formé en mars 1985 par deux jeunes amis juste après avoir assisté au concert de leur vie :
Metallica / Armoured Saint à
Vancouver.
Ils ont commencé à joué à deux, un à la guitare et l'autre à la batterie, sous le nom de Chrysknife. Puis, une fois tous les autres membres recrutés, le nom
Armoros a très vite remplacé l'ancien.
Enregistré en 1986 avec les moyens du bord, leur première démo a été diffusée à hauteur d'une trentaine de copies. Une diffusion certes locales mais qui a quand même permis au groupe de se faire un nom dans l'underground, grâce notamment au soutien du fanzine Thrashdance.
Très influencé par
Metallica ("
Forbidden Zone", "Armor Us") mais aussi par
Slayer ("
Sacrifice"),
Armoros nous envoie un thrash très primitif.
Acte 2
Arrive alors la fin d'année 1986 et deux albums qui ont particulièrement marqué les musiciens d’
Armoros : le Reign In
Blood de
Slayer et le
Darkness Descends de
Dark Angel. Bien entendu, cela se ressent énormément sur leur seconde démo Ressurecdead, bien plus speed et violente que la première.
Le chant se rapproche de plus en plus de celui de Tom Araya et beaucoup de riffs sont très fortement inspirés de ceux que l’on trouve sur le classique de
Slayer («
Autopsy /
Dementia », «
Cry Of
The Unborn »). L’influence de
Dark Angel se ressent dans l’extrême violence que dégagent des morceaux comme « Terminal Death ».
Une démo absolument terrible qui s’inscrit totalement dans l’idéologie violente et sans concession que véhiculait la scène thrash metal underground de cette période 1986/87, certainement la plus extrême dans l’histoire du thrash.
Acte 3
En 1987, le groupe sort un album live enregistré le 11 juillet 1987 à Victoria. Cet enregistrement est sorti à l'époque sous le format tape limité à une poignée de copies sans cover. Le son est convenable malgré quelques dérapages ci et là dû à la mauvaise qualité de la bande magnétique originale.
En live,
Armoros c'est deux fois plus violent qu'en studio. Cette violence à l'extrême a un petit côté qui se rapproche de
Kreator; surtout au niveau du chant. Le mec, il hurle à s'en disloquer les boyaux. C'est terrible !
On y retrouve les 3/4 des morceaux de Ressurecdead, "
Sacrifice" de la première démo, deux morceaux de la troisième démo qui sortira quelques temps après ainsi que deux reprises ("
Hell Awaits de
Slayer et "
Bonded By Blood" d'
Exodus).
C'est hyper violent et on s'imagine que dans le pit, ça devait être la guerre !
Acte 4
Leur troisième démo,
Remember Michelle de 1988 confirme ce que nous commencions à sentir sur le
Live In Victoria, à savoir un rapprochement musical vers
Kreator. C'est assez flagrant sur le premier titre ultra violent, "
Remember Michelle" qui nous parle d'histoire de fantômes et de cultes sataniques dans le cimetière de Ross Bay. Même sur le second titre, "Appartion Of Force" qui, à l'origine était un instrumental, l'influence du groupe allemand se fait sentir, même si on peut aussi y trouver un petit côté
Exodus. En fait c'est surtout le morceau "Critical
Mass" qui ferait penser à du
Exodus mélangé à un petit chouia de "
Battery" de
Metallica. Enfin, pour le dernier morceau, "
The Dead" qui est un hommage aux films de zombies de Romero, retour à un style plus
Kreator /
Slayer.
En tout cas, c'est toujours aussi violent même si je trouve que
Remember Michelle ne va pas aussi loin que Ressurecdead niveau brutalité.
Acte 5
Enregistré entre septembre et octobre 1988, le premier album d'
Armoros fait un peu office de best of des trois premières démos puisque 7 morceaux y sont repris pour seulement 3 inédits. Mais comme c’est les meilleurs morceaux du groupe, on ne va pas se plaindre, même si perso, j’aurais aimé un petit «
Sacrifice » en plus.
Alors que cet album possédait toutes les qualités pour devenir un grand classique du thrash metal, il connut un destin des plus tragiques qui entraîna d’ailleurs très peu de temps après la mort du groupe. En fait, ils avaient signé un contrat avec un petit label américain,
Ever Rat qui, malheureusement déposa le bilan avant de sortir le disque.
Pieces n’est donc jamais sorti. Cependant des copies enregistrées ont circulé dans le milieu underground du tape trading.
Même si les morceaux réenregistrés sont moins violent que sur les démos, ça reste quand même du putain de thrash bien rapide et brutal dans un style
Slayer /
Kreator /
Exodus. Quant aux inédits, mis à part le dernier qui fait un peu morceau délire, les deux autres restent dans l’esprit véloce et rentre-dedans avec une mention spéciale à «
Shadow ».
Acte 6
Après quatre années de séparation,
Armoros se reforme en 1992. Les ambitions sont nouvelles, le groupe décidant de s'aventurer sur des terres bien plus techniques. Musicalement, on dirait du
Exodus /
Metallica en version techno thrash. En prime, le groupe nous inflige un instrumental complètement imbuvable avec passages jazzy et tout le tintoin de ce sous genre que je n'ai jamais aimé.
Par contre, il faut reconnaître que les mecs, ce ne sont pas des manches. Certainement qu'un fan de techno thrash trouvera plein de qualité dans cette démo. Le problème c'est que ce n'est plus du
Armoros, le groupe ultra brutal d'antan. Même si ça joue bien speed par moment, on ne retrouve plus aucune violence dans les morceaux; c'est juste de la technique.
D'ailleurs, cela n'a pas échappé à leurs fans de l'époque qui n'ont pas du tout soutenu cette reformation qui s'est avéré être un flop complet. Très peu de temps après, le groupe a splitté pour de bon.
Cette démo n'est jamais sortie officiellement et il faudra attendre la réédition 2008 de la discographie du groupe pour que son existence nous soit dévoilé.
L'acte final
A l'été 2006, Mike Sudar, guitariste et membre fondateur d'
Armoros reçoit un coup de fil de son ancien second guitariste, Jed Simon, qui lui annonce qu'un label brésilien qui venait de rééditer le premier album de
Sacrifice, était très intéressé pour rééditer toute la discographie d'
Armoros.
Il est ainsi décidé que cette compilation sorte en 2008, soit 20 ans après l'enregistrement de
Pieces. Tout a été remixé à partir des bandes originales. On a donc une box 3 cds remplis jusqu'à la gueule de tout ce qu'à sorti le groupe de 1986 à 1993 avec en plus un livret monstrueux contenant bio, interviews, photos avec en plus tous les morceaux décortiqués un par un par le groupe lui-même.
Une réédition totalement indispensable pour tout fan de thrash qui se respecte. Bien entendu, le destin d'
Armoros n'a pas été le même que celui de
Razor,
Sacrifice ou Voivod, mais ce groupe a néanmoins marqué la scène thrash underground canadienne des années
1980, à l'instar des Cremains et autre
Voor.
Je suis à l'écoute des coms à venir.
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