Pour les plus anciens d'entre nous, le nom de Mike Varney et son label
Shrapnel Records évoque surtout le producteur et découvreur de nouveaux talents qui sévissaient dans les 80, les guitaristes techniciens de la vitesse (appelés aussi shreeder) :
Vinnie Moore, Paul Guilbert,
Richie Kotzen,
Jason Becker et
Marty Friedman, pour ne citer que les meilleurs.
C'est donc en 1996 que le producteur toujours en activité prendra sous son aile
Artension, un nouveau groupe issu de la scène
Metal Prog américaine, fondé par le claviériste, pianiste compositeur virtuose ukrainien
Vitalij Kuprij. Pour ce nouveau projet, le maestro sera très vite rejoint par des musiciens chevronnés de la scène
Metal internationale du moment. À commencer, par l'américain Mike Terrana (ex-
Yngwie Malmsteen,
Metalium,
Rage) à la batterie, le suisse Roger Staffelbach à la guitare, le bassiste de session au palmarès étonnant Kevin Chown et le chanteur américain
John West. Pour info, celui-ci sera recruté en 1999 par André Andersen, le leader du groupe
Power Prog danois
Royal Hunt, comme remplaçant de
DC Cooper parti convoler en solo, mais aussi chez les Teutons de
Silent Force et revenu à son poste dans son groupe d'origine depuis 2011.
Poursuivant sur le chemin tracé par un premier album intéressant et prometteur, mais encore loin de nos attentes en matière de
Metal Prog, le groupe, en 1997, avec l'album
Phoenix Rising, signera à mon sens ni plus ni moins leur meilleur album sorti à ce jour. En effet, si
Into The Eye Of The Storm, son premier essai proposait un condensé de néo Classique et de Progressif,
Phoenix Rising lui s'inscrira dans une mouvance plus
Power Progressive, avec une rythmique puissante et Heavy, soutenue par des titres plus rentre dedans, limite speed, mais toujours accompagnée et orchestrée par les claviers omniprésents du maestro
Vitalij Kuprij.
La production supervisée, une fois de plus par Mike Varney, mettra naturellement en valeur une instrumentation très technique et carrée, surtout au niveau des guitares et des claviers, au contraire du chant de West, dont le mix aurait mérité un meilleur traitement, surtout lorsque l'on connaît l'incroyable clarté et puissance vocale de ce talentueux chanteur.
Dès la première écoute, on constate que la formation aura exploité son côté le plus agressif et Heavy. Ce sera principalement le cas sur "
Through the
Gates", un titre qui démarre feu au plancher, avec de furieux claviers, soutenus par une rythmique en béton armée du bûcheron Mike Terrana. Tout comme sur le très speed "Into the Blue" à l'air de claviers, soutenus par des guitares, dont un riff et solo diluviens dignes des meilleurs Malmsteen. N'omettons pas non plus le superbe "The City Is
Lost" aux relents blues et ses magnifiques lignes de claviers au son d'orgue Hammond (
Vitalij Kuprij se posant comme l'un des dignes héritiers de feu Jon
Lord). En parlant d'orgue Hammond, d'autres morceaux de l'opus seront mis à l'honneur, à commencer par l'original et efficace "
Blood Brother" mid tempo au groove certain qui se trouvera magnifié par un solo de claviers totalement bluffant du maestro ukrainien.
L'album atteindra son paroxysme avec les grandes pièces d'orfèvre que sont l'épique "Valley of the
Kings" aux magnifiques notes de piano et chant mélodieux, mais aussi et bien sûr, l'éponyme à la rythmique rampante soutenue d'orchestrations de claviers solennelles donnant classe et puissance à cette magnifique fresque de
Metal symphonico-Progressif. Quant à "
Forbidden Love" et "
Area 51", je les classerais dans un registre plus convenu et classique, que l'on pouvait trouver sur
Into The Eye Of The Storm, l'album précédent. L'opus s'achève avec la power ballade "Goin'
Home" aux belles notes de piano et au chant harmonieux, (montrant une fois encore quel talentueux vocaliste est
John West), suivie d'un court instrumental "I Really Don't Care" exécuté entièrement au piano par le maître de cérémonie Kuprij.
Malheureusement, et malgré d'énormes qualités musicales et techniques, ce magnifique manifeste de Heavy Néo Progressif aura les plus grandes peines à s'extraire de la masse des groupes du genre que sont
Symphony X,
Royal Hunt. La faute sans doute à des claviers, un poil envahissants et mis trop en avant, mais aussi et sûrement à cause de compositions trop longues pouvant vite lasser l'auditeur pas encore habitué à ce format de titres à tiroirs. Dommage, parce que ce formidable album mérite que l'on s'y attarde deux fois plutôt qu'une pourvu que l'on apprécie les groupes à claviers cités plus hauts !
En attendant, ne boudons pas notre plaisir en nous repassant encore un peu de cette énergisante et copieuse galette.
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