C'est au cœur d'un vivier sans cesse réalimenté en formations metal symphonique de tous poils que cette troupe teutonne originaire de Hagen tente à son tour de s'illustrer, mais non sans armes bien affûtées pour assurer efficacement sa défense. Conscient des enjeux et des risques encourus de se lancer tout de go dans l'arène, le septet allemand s'est précisément laissé le temps nécessaire à la maturité de sa logistique et de ses compositions opérer, ne réalisant son premier effort que neuf ans suite à sa création, en 2009. Et ce, à l'aune de cet introductif EP répondant au nom de «
Phoenix » ; laconique auto-production où s'enchaînent cinq pistes sur un ruban auditif de 22 minutes tout au plus, jouissant chacune d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation et n'accusant que peu de notes résiduelles. Un louable effort pour un premier jet...
Ce faisant, la soprano Sally Kahlua et ses six compères (Sascha et Olaf à la guitare ; Alex aux claviers ; Sven à la basse ; Ralle aux percussions et Lars à la batterie) nous immergent au sein d'une œuvre rock'n'metal mélodico-symphonique gothique et progressif à la fois vivifiante, charismatique et émouvante, dans la droite lignée de
Nightwish et consorts. Ce qui ne signifie nullement que la troupe germanique s'y soit réduite exclusivement, cette dernière ayant concocté un set de compositions éminemment singulier, fruit d'une étroite collaboration entre ses membres et d'un génie créateur loin d'être en sommeil. Mais ouvrons plutôt le rideau, l'entrée en scène des artistes ne saurait se faire attendre plus longtemps...
Quand le propos se fait magmatique et que s'embrase la rythmique, d'un battement d'aile, le combo allemand parvient à nous rallier à sa cause. Ainsi, tant le léger tapping que les saisissantes montées en régime du ''xandrien'' up tempo progressif « Drop by Drop » aspireront le tympan. Voguant sur une sente mélodique sécurisée, doté de couplets bien customisés que relayent d'entêtants refrains mis en exergue par les puissantes impulsions de la déesse, le brûlot se pare en prime de sensuels gimmicks guitaristiques. Bref, un hit en puissance des plus magnétiques signé par le collectif teuton, que pourraient bien lui envier ses compatriotes de
Beyond The Black et
Elvellon. De même, on ne restera guère de marbre à l'effeuillage de «
Blind », pulsionnelle, chevaleresque, complexe et néanmoins efficace offrande à mi-chemin entre un
Nightwish des premiers émois et
Amberian Dawn. Enjolivé par les pénétrantes volutes de la soprano, l'offensif manifeste s'avère également headbangant et pourvu d'arrangements instrumentaux de bon aloi.
Lorsque nos acolytes prennent un virage symphonico-progressif moins vitaminé, le spectacle proposé s'avère, une fois encore, à la hauteur de nos espérances. Dans cette énergie, on retiendra, d'une part, le ''nightwishien'' mid tempo progressif « Take Me Back » à la fois pour ses délicats arpèges au piano, son fin legato à la lead guitare, son infiltrant cheminement d'harmoniques, la stupéfiante gradation de son corps orchestral et son refrains immersif à souhait. Dans cette tourmente, sur d'enveloppantes nappes synthétiques glissent les cristallines inflexions d'une sirène bien habitée, celles-ci contribuant à rendre le propos d'autant plus impactant. D'autre part, sur un même modus operandi, l'énigmatique et éthéré « While I
Fall » imposera à la fois ses riffs crochetés, ses sinueuses rampes synthétiques et les grisantes envolées lyriques de la belle. Enfin, on ne saurait éluder l'intrigant « New
Moon Rising » eu égard à son envoûtante atmosphère et ses enivrants refrains, même si l'on eût espéré des couplets à la mélodicité moins linéaire et des effets de contrastes rythmiques mieux amenés et plus judicieusement positionnés dans la trame.
En définitive, nos valeureux gladiateurs nous livrent un message musical à la fois tonique, tantôt avenant, tantôt énigmatique, faisant montre d'une ingénierie du son plutôt soignée mais non aseptisée. Un propos à l'identifiable signature artistique nous est alors adressé, les sources d'influence apparaissant dores et déjà bien digérées. On aurait toutefois espéré une palette plus étoffée en matière d'exercices de style, par l'octroi de l'un ou l'autre instrumental, ballade et/ou fresque, par exemple. D'autre part, aux fins d'une mise en valeur optimale de l'empreinte vocale de la frontwoman, il conviendrait encore d'enrichir le corps oratoire par la présence de choeurs et/ou de duos mixtes en voix de contraste. Gageons qu'il s'agit-là d'un encourageant galop d'essai, le potentiel technique et mélodique du combo teuton laissant augurer d'une belle marge de progression. Bref, une formation à suivre de près...
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