La mythologie chinoise contient de nombreuses créatures fantastiques. Parmi elles, le Qilin, mélange de plusieurs animaux (cerf, cheval, loup, bœuf), symbolise l'harmonie et augure de bons présages. C'est aussi le nom judicieusement choisi par cette formation parisienne qui pratique un stoner instrumental de haute volée. Passé par la case démo en 2017, les 4 membres (Thomas et Frédéric aux guitares, Ben à la basse et Mathieu à la batterie) ont pris le temps et l'expérience nécessaire pour concocter ce splendide premier album paru en novembre 2020.
Attentifs aux soins apportés à ce œuvre appelée "
Petrichor" (nom du liquide huileux issu de la décomposition des plantes et qui donne cette bonne odeur particulière à la terre mouillée), ils ont choisi le graphiste Jo Riou pour la réalisation de la pochette. Le résultat est vraiment superbe, avec cette dualité entre ombre et lumière et cette évocation de A'tuin, tortue bien connue aux amateurs de Pratchett.
Musicalement, on constate aussi cette envie de bien faire qui anime le groupe. D'emblée, "
Through The Fire" vous scotche comme un papier tue-mouche par un riff maousse, une rythmique en béton, un sacré sens du groove et un son nickel. Il faut sincèrement louer les efforts consacrés par Qilin pour cette impression sonore impeccable, qui souffle aussi bien le chaud sur les parties acérées que le frais dans les moments plus posés et psychédéliques. Comme le titre l'indique, on a l'impression de passer durant ses 8m30 par tous les stades de la brûlure, des sursauts du début à la douleur lancinante ponctuée de moments de fièvre.
Qilin se plaît dans les titres longs, aventureux et propices à de savoureux voyages mentaux. "Myrmidon's Big Jam" en est un exemple probant, avec toute la fraîcheur d'une tel exercice et même de petites imperfections qui rendent le morceau encore plus attachant. L'inspiration est palpable, le groove omniprésent et on ne sent pas du tout passer les 10m et des poussières. Toute aussi longue, "
Head of Medusa" se dévoile sous des atours plus mélancoliques, plus posées. Il faut souligner la belle harmonie créée par les guitares, notamment lors de soli sensibles et inspirés. Tout comme le chef de la créature mythologique, le groupe reste redoutable même dans les moments d'accalmie.
Les autres titres sont à l'aune des qualités présentées : l'efficace "
Labyrinth" et la bluesy "
Cold Pine Higway" qui vous emmène facilement en plein cœur du Sonora. Ces même qualités qui sont sublimées sur la petite merveille qu'est "Sun Strokes The Wall", remarquable d'équilibre et de finesse d'écriture. Le genre de titre qui sera attendu au tournant par les amateurs lors des prochaines prestations live du groupe.
Issu d'une scène française en pleine ébullition et qui surprend bien souvent par la qualité des albums présentés, Qilin mérite une exposition accrue, tant son stoner instrumental est un véritable régal auditif. Je conseille par ailleurs aux amateurs de découvrir cette autoproduction et de l'acquérir au plus vite, (celle-ci étant limitée en nombre) et soutenir par ailleurs un groupe talentueux et très sympathique.
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