Après une vaste période d’expérimentations et d’innovations diverses, pendant laquelle de nombreuses formations de « death-metal » (et autres) essayèrent d’imposer un côté novateur afin de s’extirper de la masse, nous assistons, depuis quelques temps, à un certain retour aux fondamentaux et aux fondements même du style. Les combos de « revival » se développent aussi vite que les premiers poils d’un adolescent en pleine puberté, avec une qualité et un talent assez aléatoires et, d’une originalité quasiment nulle. Fda Rekotz a décidé de bien occuper le terrain, pour le commencement de l’année 2015, puisque, outre la sortie du nouveau « full-lenght » de
Chapel Of Disease », le label allemand va publier «
Perpetual Descending into Nothingness », la dernière offrande de
Obscure Infinity, formation germanique, active depuis 2007 et qui a déjà livré deux longs formats hautement qualitatifs avec «
Dawn of Winter » en 2010 et «
Putrefying Illusions » en
2012, entrecoupés d’un Ep et d’un Split avec
Deathronation.
Bien que faisant partie intégrante de la vague dite « revival death-metal »,
Obscure Infinity se distingue de ses confrères en ne pratiquant pas une musique qui puise essentiellement son essence du côté de la Suède mais trouve également sa source de l’autre côté de l’Atlantique, et une facette « blackisante » qui rend le propos du groupe plus « obscure », avec cependant, une bonne dose de mélodie. Comme on ne change pas une recette qui fonctionne,
Obscure Infinity reprend les mêmes ingrédients avec un dosage quelque peu différent. « Intro-enter the hall of eternity », une petite introduction mélodique à base de lignes de guitares harmonisées, doublée d’un gros riff, ouvre l’opus mais «
Sorcery of the black souls » débarque sans coup férir, tous blasts dehors. Ce morceau est à l’avenant de ce que le groupe pouvait proposer sur ces deux précédents méfaits, doté d’accords puissants et ponctué d’accélérations « thrashy » ou frénétiques. Le moment fort de cette composition réside dans son break lourd et massif, montant crescendo à la double pédale, rehaussé d’un chant incantatoire et de chœurs, amenant un côté mystique, pour finir sur un solo de toute beauté.
Et, tous les titres de «
Perpetual Descending into Nothingness » sont issus du même caveau.
Obscure Infinity sait faire parler la poudre en proposant des rythmiques hystériques blastées (« From odium and disease », les accélérations de « Expiration of the lost » et de «
Beyond spheres and time ») mais également, en incorporant des passages plus retenus mais d’une force impactante certaine comme sur «
Sorcery of the black souls », le pont de « Expiration of the lost » ou les cassures rythmiques de « Into the undertow » et de « A forlorn wanderer ». Aussi, les allemands proposent un riffing simple, un des éléments inhérents au genre, mais bigrement efficace, il vous suffit de jeter une oreille au morceau titre, « From odium and disease », «
Forlorn wanderer » et surtout à «
Beyond spheres and time » dont l’accord principal est sans doute le plus abouti de l’album.
Nonobstant sa brutalité et sa puissance,
Obscure Infinity excelle aussi dans l’exercice mélodique, qualité présente sur «
Dawn of Winter et «
Putrefying Illusions », et, sur ce disque, elle semble érigé à son paroxysme tant «
Perpetual Descending into Nothingness » en regorge. Les solos de hautes volées et accrocheurs sont légions mais ils doivent leur impact à la rythmique toujours très massive qui les souligne («
Beyond spheres and time », « From odium and disease » ou encore « The uttermost descend » et «
Descending into nothingness », pour ne citer que ces compositions). Il est important de souligner que, comme sur ses précédentes livraisons, le « black-metal » est présent dans les accélérations fulgurantes et l’est aussi dans toutes les mélodies sous-jacentes qui parsèment l’ensemble du disque. Enfin, pour éviter l’asphyxie à l’auditeur, le groupe a su aménager des plages plus aériennes à la guitare acoustique, faisant office de respiration («
Beyond spheres and time » et «
Forlorn wanderer »).
Mais la principale différence avec «
Perpetual Descending into Nothingness », est la qualité du son, concocté par Patrick W.
Engel (
Maroon,
Purgatory…) au
Temple of disharmony, qui fait littéralement ressortir les muscles de
Obscure Infinity, tous les instruments sont parfaitement audibles et, dans le genre, ce n’est pas une mince affaire. Comme le combo germanique a voulu mettre les petits plats dans les grands, il s’est doté d’un bel artwork en adéquation avec le contenu, signé Juanjo Castellano (
Revel In Flesh,
Blaspherian).
Cependant et malgré son degré hautement qualitatif, les vocaux de Jules sont, pour votre serviteur, pas à la hauteur de la musique développée. Non pas qu’ils soient totalement inintéressant, mais je trouve qu’il manque de hargne, ma préférence va plus sur son timbre éructé sur «
Dark winter », plutôt que celui-ci, qui suit d’ailleurs la voie de «
Putrefying Illusions », ses vociférations me semblent aseptisées et redondantes, tirant vers le bas ce «
Perpetual Descending into Nothingness ». Aussi, trop de mélodies tuent la mélodie. En effet, les nombreux solos montrent une qualité technique certaine mais enlève une partie de cette aura noire qui émanait de leur deux précédents méfaits, prenant, d’une certaine façon, une direction un peu plus « formaté ».
«
Perpetual Descending into Nothingness » suit le sillon tracé par les deux offrandes précédentes du groupe, avec un dessin différent mais tout aussi profond. Les breaks puissants et les mélodies sont bien plus présents, avec une hausse significative du nombre de solos. Aussi, l’ensemble est plus travaillé, on sent que
Obscure Infinity a pensé son art dans le moindre détail, accouchant d’un troisième album d’une qualité intrinsèquement élevé et constituant, avec le dernier
Chapel Of Disease, une des très bonnes surprises de cette fin d’année (ou du début de l’année 2015).
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