Les groupes de black doom atmosphérique ne sont pas légions… et c’est en cherchant du côté de la Bulgarie que l’on découvre
Darkflight. Celui-ci nous livre, vaillamment, son deuxième véritable album complet (après d’innombrables déboires de labels… et financiers) dans ce style dans le nom laisse rêveur…
Mais de ces étiquettes, Ivo Iliev, unique créateur de cet univers sonore et auteur de la moitié de des textes, prélève les éléments qu’il lui faut pour créer un style propre. En effet, du black, il ne reste que la voix éraillée ; du doom, les guitares lourdes et le tempo qui reste dans sa torpeur ; les nappes de claviers se chargent du fond atmosphérique qui élève le tout.
Mais tout cela n’est que le support qui fait l’essentiel de la musique de
Darkflight : un sens profond de la mélodie et une ambiance toujours planante, qui créent ce monde noir et froid… d’où semble venir ce chant torturé, transfiguré par la solitude qu’il nous raconte !
Toutefois, et c’est aussi en ça que ce
Perfectly Calm se distingue des autres productions à ce jour, on ne trouve ici ni haine, ni dépression stérile, juste un être qui se voit être détaché du monde, quitte à endurer toute les souffrances, pour atteindre l’élévation, « l’
Ether Astral » , l’accomplissement de son humanité. On ne s’étonnera donc pas de voir que les paroles de certains titres sont directement inspirées du «Loup des Steppes» de Hermann Hesse, dont les idées semblent imprégner l’écriture des chansons.
Mais quand est-il alors, concrètement, du contenu ? D’abord, on constatera que trois pistes sur huit proviennent directement de la démo «
Distant Pain », sans grandes modifications. Ensuite, deux ont une partie de leur texte en français, comme l’indiquent les titres « Regard d’
Outre Monde » et « L’
Ether Astral », qui s‘adressent directement aux auditeurs francophones.
Niveau production, nous avons affaire à de la qualité… même si, selon les sensibilités, on peut trouver à redire (coupures bizarres, espace sonore parfois encombré…), on tombe vite dans le détail, l'essentiel n'étant vraiment pas là.
L'essentiel, comme dit plus haut, ce sont les mélodies, les ambiances qui oscillent entre la torture et la paix. Ici, il est peu (voire pas du tout) question de headbanging : le tout doit s'écouter seul, dans une pièce sombre, afin de se laisser emporter tout entier dans cet univers, où les interludes purement planants, claviers seuls, seront des instants de repos ; où les guitares acoustiques, relativement rares, apportent toutefois une contribution non négligeable ; où la guitare lead sera omniprésente, mettant toujours la mélodie au premier rang ; où le chant fera le contraste qui le rend "extrême" ; et enfin où les riffs plombés de guitare et la basse down-tempo lui donneront sa cohérence !
Cohérence qui s'applique à l'album entier, et même si l'on peut avoir le sentiment à la première écoute que tous les morceaux se ressemblent, après plusieurs écoutes (nécessaires), on saisit facilement que chacun apporte de manière différente sa pierre au sombre édifice.
Pour conclure, comme tout album de doom, celui-ci s'adresse à un certain public : amateur de violence destructrice et haineuse : passez votre chemin !
Ici seule la noirceur règne, servie par la mélodie et une atmosphère éthérée. Néanmoins, si on nous plonge volontairement dans cette fameuse "noirceur", c’est qu'elle est profonde et froide, comme celle du ciel de nuit dans sa majesté étoilée = parfaitement calme.
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