Catapulté sur le devant de la scène à l’aube des années 2000, le Metalcore est aujourd’hui pour beaucoup de metalheads un genre certes de référence, mais également un genre en décrépitude. Rares seraient les groupes à apporter quelque chose de nouveau à cette scène, qui apparaît éculée pour certains, comme si le tour de la question avait déjà été fait et qu’il n’y avait plus rien d’intéressant à se mettre sous la dent. Les personnes de cet avis ne connaissent vraisemblablement pas
Breakdown Of Sanity. Quintette suisse refusant depuis le premier jour de signer sur un label, le groupe a déjà sorti deux albums :
The Last Sunset (2009) et
Mirrors (2011). Album étape s’il en est, leur troisième full-length,
Perception, a la lourde tâche de faire suite à leur déjà très bon second opus tout en poussant plus loin la richesse de leur musique.
Difficile de ne pas évoquer en premier lieu l’artwork de l’album, dont il est intéressant de remarquer qu’il synthétise assez bien la musique du groupe. Omniprésence des couleurs froides pour une ambiance assez sombre, style épuré, laissant rêveur. Et bordel que c’est joli. Première impression positive, mais une fois dans le lecteur CD, qu’est-ce que ça donne ?
Un growl puissant, des riffs heavy qui partent dans tous les sens, une base rythmique solide et ultra-rapide et des solos courts mais diablement efficaces. Bref ce à quoi les suisses nous avaient habitués, mais pas seulement. Et c’est là que ça devient intéressant, car ils semblent avoir enfin réussi à créer une dualité totale au sein de leur metal.
C’est principalement de la collaboration des guitaristes que provient l’ambivalence de leur musique. Une guitare rythmique dont les breakdowns et la lourdeur des riffs n’ont rien à envier aux têtes d’affiches de la scène metalcore d’un côté, et de l’autre une guitare soliste qui se révèle parfois presque imperceptible, mais dont les riffs sont tellement bien foutus qu’ils apportent une dimension profondément mélodique à un ensemble pourtant jusqu’au-boutiste dans sa brutalité. On avait certes déjà pu entrevoir cela quelque peu à travers leurs précédents méfaits, mais jamais à tel niveau de réussite. Il suffit d’écouter des titres comme
Blind,
Chapters ou encore Broken
Wings pour s’en convaincre.
Véritable pluralité de voix s’exprimant à l’unisson, la musique de
Breakdown Of Sanity est au final quelque chose d’assez difficile à définir.
Changer de rythmes est désormais un jeu d’enfants pour eux, créant plusieurs atmosphères parfois assez opposées au sein d’une même chanson. Sur
Perception, on voyage entre atmosphères obscures, voire bestiales et instants purement oniriques (Scissorhands et The
Gift Par exemple), apportant leur lot frissons, en partie due à un chant clair bien réalisé et dosé avec parcimonie, de tel sorte qu’on ne peut remettre en question son utilisation. Quant aux instruments, leurs passages calmes offrent à l’auditeur l’opportunité de reprendre son souffle, assurément coupé par la qualité de l’album. On est même parfois pris à contre-pied, comme lors de l’écoute du titre éponyme ; une instrumentale dépourvue de saturation, ayant pour seul rythme le flux et le reflux de l’océan.
Si l’album souffre malgré tout de quelques passages moins inspirés (notamment au niveau des paroles),
Perception n’en reste pas moins une franche réussite, un album culotté porteur d’une musique ambitieuse et ambivalente, conseillé d’urgence à tous les fans du genre. Avec ce troisième album,
Breakdown Of Sanity rappelle à tout le monde que le metalcore à encore pleins de perles à nous offrir, en en ajoutant au passage une nouvelle à son propre collier déjà bien garni.
Une bonne grosse claque musicale!!!
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