Bones Brigade Records, la porte par laquelle je suis rentré dans la branche la plus extrême du grand arbre métallique. Label français spécialisé dans le Grindcore, le Fastcore, la Powerviolence, ou encore le Goregrind (mon dieu, mais ou vont-ils chercher tout ces noms ?), c'est par cette petite écurie que j'ai découvert la première talloche de mon existence : Last Days of Humanity et son "
Putrefaction in Progress", ignoble galette s'il en est.
Mais les cracheurs bataves ne rentrent pas dans le cadre de cette chronique. Non, là, tout de suite, nous parlons d'un groupe dont le nom respire la paix, la joie de vivre, et l'amour entre les êtres peuplant cette belle planète. Le bien-nommé
Total Fucking Destruction (ça ne s'invente pas) s'évertue depuis quelques années à créer une musique rapide, efficace, destructurée, sans aucun artifice, à base de blasts de batterie complétement fous (la marque de fabrique de Rich Hoak, également batteur chez
Brutal Truth, pour ceux du fon qui n'auraient pas suivi) et de choeurs tout aussi loufoques.
Le groupe reprend les choses ou il les avait laissées sur "Zen and The Art of
Total Fucking Destruction" (ça ne s'invente pas non plus), en pensant aux frustrés, qui, comme moi, s'étaient cassé les dents sur les six derniers titres, joués à la guitare accoustique : sur ce dernier album, TFD les a repris, mais à grand coups de disto, pour le plus grand bonheur de tous.
La production, qui était assez peu soignée sur "Zen...", a été revue à la hausse : ENFIN peut-on entendre chaque partie de la batterie, c'est-à-dire caisse claire/grosse caisse/cymbales. Car oui, autre originalité, Rich Hoak n'utilise pas de toms ("Les toms, c'est pour les fiottes." disait-il dans une interview), et effectue ses roulements uniquement sur la caisse claire. Cette dernière possède un son très agressif et froid, ce qui donne l'impression d'entendre une mitrailleuse marquer la cadence. Guitaristiquement parlant, le son reste sensiblement le même (saluons au passage l'excellent niveau du guitariste). Au niveau des voix, elles sont cette fois plus mises en avant, et quasi tout les titres composant cet opus sont dans l'esprit purement "TFD".
A commencer par les paroles, même les titres, des 23 morceaux composant ce disque. Certains se composent de seulement quatre phrases ("Fuck the internet/fuck myspace/fuck all the fucking/email that you send" sur le titre de quelques secondes "Fuck The Internet"), d'autres de beaucoup plus, quand d'autres se contentent de reformuler leur titre à toute allure ("
Nihilism, emptiness, nothingness & nonsense" : je vous mets au défi de répéter ceci vingt fois de suite). Mais dans tout les cas, le groupe s'est fendu de textes "explicatifs" décortiquant le véritable message contenu dans chacun des morceaux : ne vous alarmez pas, il n'y a absolument rien de sérieux dans ces notules.
Là ou le bât blesse, c'est que ces 23 morceaux se ressemblent beaucoup. Et font même parfois mal au crâne (Le morceau hommage à
Seth Putnam (AxCx) est tellement basique qu'il en est infernal). Enfin, ne poussons pas mémé dans le broyeur, c'est du Grindcore. Et mis à part quelques noms comme
Antigama, ce style n'est franchement pas connu pour sa variété musicale. TFD a le mérite d'envoyer le bois sur certains titres très décapants ("Monsterearth Megawar" ou encore "Anyone But Me"), et c'est bien tout ce qu'on lui demande.
Enfin bref, il en reste que cet objet reste un très bon disque, un pur délire nihiliste et anti-humaniste, dans la continuité de ce à quoi nous avait habitué le groupe jusqu'ici. Violent, loufoque, un petite perle dans le style. De plus, l'artwork de la pochette et du "booklet" (qui se déplie en fait en un grand poster), signé par le graphiste Mo Moussa, est une merveille d'inventivité, mêlant univers de l'enfance et milieu martial, à l'image de la grenade hornée d'une licorne sur le dos du disque. Une franche réussite, bien qu'un peu lassant sur la longueur.
Moi je conseillerais plus Nasum, Mumakil, et Cephalic Carnage ... mais faut admettre, le grind, c'est underground et assez inaccessible ...
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