Liste des groupes Doom Atmosphérique Secrets Of The Sky Pathway

Quand un énième nouveau groupe débarque dans un style en vogue, du genre metalcore dans les années 2005-2007 ou folk metal vers 2010, il y a deux manières de considérer les choses : la première est de ne pas s'y intéresser puisque de toute façon, on ne fera jamais aussi bien que les groupes de référence, ce genre de position a pour intérêt d'éviter un certain nombre de combos inintéressants et aussi de se donner des bourrades en buvant sa duvel à base de discours mélancoliques et nostalgiques sur les « valeurs qui se perdent » et les « grands anciens disparus », tandis que la seconde consiste à essayer les nouveaux groupes qui sortent et attendre de voir. Cette attitude a pour désavantage de nous obliger à filtrer un certain nombre de combos inintéressants mais elle permet de temps en temps de tomber sur des petites perles, comme Mendeed, Furor Gallico ou Niburta, pour citer quelques groupes des styles précédents.


Et bien en terme de doom metal et de tout ce panel de scènes assez en vogue récemment, allant du post-hardcore au doom heavy occulte en passant par le sludge et certaines vagues de stoner, dont la résurgence actuelle est assez marquante, on n'en est pas encore là mais on y vient tout doucement et l'annonce « groupe de sludge doom aux influences post-hardcore » de même que « doom occulte à chant féminin » n'a en soi plus vraiment de quoi étonner ni allécher en tant que tel. Il faut donc, et c'est ce que nous allons faire, s'intéresser à la galette en elle même pour juger par delà les appellations de ce qu'on essaye de nous vendre...


Secrets of the Sky n'est pas un tout nouveau groupe puisqu'il s'agit là de leur second album, mais j'avoue sans détour être passé complètement à coté de leur existence ainsi que de celle de leur première mouture « To Sail Black Waters » (titre à la Ahab) il y a deux ans maintenant. Cet album, sorti de but en blanc, sans passer par la case EP avait tout de même réussi à faire connaître le groupe dans les milieux autorisés, suffisamment en tout cas pour leur permettre une signature chez Metal Blade pour ce second opus, et également dans l'intervalle de faire les premières parties de groupes aux noms sympathiques : Neurosis, Ghost, Sunn O))), Goatsnake ou encore Pelican, des groupes qui en tant que tels dessinent une sorte de cadre dans lequel la musique personnelle des californiens va venir s'insérer, à peu de choses prés.
Puisque oui, n'en croyez pas son artwork baroque qui vous ferait penser à un trip pseudo-symphonico-gothique médiévalesque, la musique qui sera ici libérée sera foncièrement plus moderne...


La trame de ce « Pathway » est assez particulière, puisque là où « To Sail Black Waters » présentait de manière assez classique, quatre titres d'une dizaine de minutes, nous avons ici à faire à treize titres qui ne sont en fait que six véritables morceaux encadrés de petites introductions et de transitions numérotées de I à VII (en latin, s'il vous plait...), qui permettent de mettre des temps de pause entre les titres mais sont au final relativement peu intéressant (bruits de vague, de pluie, de pas, de corbeaux, de portes qui s'ouvrent, de chariots qui roulent ou encore d'épées dégainées formant lorsque juxtaposés un espèce de scénario évoluant petit à petit...). Dans ce type de conformation, les interludes du « Doom of the Occult » de Necros Christos, pour ne citer qu'eux étaient par exemple nettement mieux fichus...


Mais ce qui fait corps dans la musique de Secrets of the Sky, ce sont bien les morceaux-titres en eux-même. Ils sont au nombre de six pour une durée moyenne de sept minutes et très variés. Le premier titre « Three Swords » est d'ailleurs si ce n'est le plus marquant, tout du moins le parangon de ce que les américains cherchent dans leur musique : des passages post-hardcore sans trop l'être, des choses douces et acoustiques au début, des voix claires multiples sur une basse ronflante qui pourrait évoquer et des passages au chant hurlé épique et pouvant s'approcher quelque peu du doom death d'un Unholy par exemple, sans pour autant être forcément aussi porté sur la lenteur voir des passages shoegaze avec des choeurs évoquant Alcest... Les claviers savent se faire discret mais soutiennent la mélodie avec assiduité. Les rythmiques de guitare sont bien construites et ne font pas dans la lourdeur pour la lourdeur.
Les voix sont très correctes et variées collant bien avec les parties sur lesquels elles sont assonées allant des growling assez primitifs et très gutturaux, sur le très doom death traditionnel « Angel in Vines » et des voix bien plus angéliques sur le planant « Another Light ».

Mais c'est sur les trois derniers morceaux que ce « Pathway » prend son envol et justifie les éloges qu'il mérite, à travers tout d'abord un « Garden of Prayers » impeccable, titre le plus long de l'album développe sur plus de huit minutes un esprit épique et inquiétant, avec des variations d'atmosphère notable mais une continuité remarquable, vraie marque de maturité. « Fosforos » est le titre le plus rentre-dedans avec son entame black death et son imparable riff que ne renierait pas Akercocke. Par la suite se développeront des cotés post-black à la The Great Old Ones, dans un titre qui est assez différent pris en tant que tel du reste des morceaux car bien plus violent mais qui s'intègre parfaitement dans l'album. Enfin, « Eternal Wolves » qui peut être vu comme l'opposé parfait du « Three Swords » initial avec les passages violents et ceux plus doux, a surtout pour avantage de se conclure par un passage splendide avec cette rythmique de batterie intense )à base de roulements de toms, celle qui m'avait tant fait apprécier A Storm of Light (leur troisième album au nom que je n'écrirais pas ici vu que ça me prendrait autant de place que celle que je fais pour vous expliquer ce fait...)



Finalement, cet album a tout d'une vraie révélation pour les amateurs de sonorités lourdes et évolutives, qui ne sont pas allergiques aux voix claires. Il est en effet rare de trouver des groupes qui sont aussi à l'aise dans l'exercice des passages puissants que dans celles des parties douces et mélodiques, et qui arrive à enchaîner le tout dans une belle continuité sans y perdre ni énergie ni efficacité (ce qu'on pouvait d'ailleurs reprocher au premier album du groupe). On avait trouvé avec le dernier album de Minsk de cette année, pas mal de qualités, mais il est néanmoins surpassé par ce très bel ouvrage. Pour ceux qui cherchaient le successeur de 2015 au « Clearing the Path to Ascend » de Yob, on le tient peut-être !