Liste des groupes Metal Symphonique Heaven's Guard Pathfinder

Enième entrant dans l'espace metal symphonique à chant féminin, ce jeune quintet allemand, créé en 2017 à Hanovre, entend légitimement, comme nombre de ses pairs, essaimer ses riffs et faire largement entendre sa voix. Conscient des risques courus à se lancer tête baissée dans une arène où sévissent de redoutables gladiateurs, le combo teuton s'est montré patient, n'accouchant de ses premières démos, « Pathfinder » et Veiled in Mist », que trois ans plus tard, auxquelles succédera, en 2021, le single « Deepest Voice ». Soit, trois des onze pistes que compte leur premier et présent album full length, « Pathfinder », une galette signée chez le dynamique label allemand Boersma Records. En quoi cette verte offrande se démarquerait-elle de celles de leurs homologues, au point de faire de nos acolytes un sérieux espoir de ce registre metal ?

C'est dans cet ambitieux projet que se lancent nos cinq belligérants, à savoir : Doreen Fleck, frontwoman au gracile filet de voix ; Steven Meissner aux guitares ; Chris Jakubeit à la basse ; Karstos Bergos (dit ''Karsten'') aux claviers ; Kevin Küppers à la batterie. De cette étroite collaboration naît un propos metal mélodico-symphonique gothique, un brin acidulé, dans la lignée de Nightwish, Xandria, Delain, Sirenia, Epica, et consorts. Jouissant d'un mixage bien équilibré entre instrumentation et lignes de chant, signé Tero "TeeCee" Kinnunen, et d'un fin mixage laissé aux mains expertes d'un certain Mika Jussila (Nightwish, Sonata Arctica, Avantasia, Edenbridge, Edguy, Kotipelto, Masterplan, Sirenia...), le seyant et impulsif méfait poussera à une écoute d'un seul tenant de ses 51 optimales minutes. De quoi nous intimer d'appuyer la touche play de la platine cd...

Quand il nous propulse sur des charbons ardents, le collectif germanique trouve quelques clés pour aspirer le tympan. Ce qu'atteste, tout d'abord, « Obscurity », tonique et orientalisant mid/up tempo à la croisée des chemins entre Epica et Xandria. Disséminant ses puissants et métronomiques coups de boutoir et témoignant d'enchaînements finement esquissés, l'intrigant manifeste se plait à nous bringuebaler pour mieux nous retenir, in fine. On retiendra non moins ni le pulsionnel « Heaven's Guard », tant pour le judicieux positionnement de son immersif pont techniciste que pour la soudaineté de ses montées en régime, ni le trépidant et ''delainien'' single « Deepest Voice » eu égard à son refrain catchy mis en relief par les fluides inflexions de la belle. Enfin, l'énergie aisément communicative insufflée par l'enjoué et ''nightwishien'' up tempo « Pathfinder » poussera peu ou prou à un headbang bien senti.

Lorsque le rythme de leurs frappes se fait un poil moins incisif, nos compères parviennent parfois à nous retenir, un peu malgré nous. Ainsi, disséminant ses couplets finement ciselés relayés chacun d'un entêtant refrain, le ''xandrien'' mid tempo aux riffs crochetés « The Cause of Destiny » s'avère d'une efficacité redoutable. Dans cette lignée, on pourra encore s'orienter vers le ''sirénien'' mid/up tempo « Worlds », au regard de son infiltrant cheminement d'harmoniques et des délicates ondulations oratoires de la princesse. Plus en retenue et un zeste frissonnant, le frileux « Symbiosis », lui, vogue sur d'aériennes et ondoyantes nappes synthétiques tout en se parant d'un bref mais seyant solo de guitare.

En dépit de ses qualités, cet opus accuse quelques bémols susceptibles d'affadir l'attention du chaland. A commencer par les incisifs et siréniens « Veiled in Mist » et « Fallen Angels ». Mis en exergue par les volutes haut perchées de la sirène et surmontés d'insoupçonnées et fringantes rampes synthétiques, mais sujets à de persistantes et usantes linéarités mélodiques, ces deux énigmatiques efforts resteront dans l'ombre des plages sus-mentionnées. D'autre part, se dotant d'arrangements de bon aloi, mais concédant une inaltérable répétibilité de ses schèmes d'harmoniques, le ''nightwishien'' mid tempo aux riffs épais « Passenger of Charon » ne saurait davantage prétendre à une inconditionnelle adhésion. Dans une même mouvance, le mid tempo « Plato's Cave » nous impose une sente mélodique d'une inaliénable platitude doublée d'une ligne de chant guère plus oscillante. On passera donc son chemin, une fois encore.

On ressort de l'écoute de la rondelle interpellé par la qualité de la production d'ensemble et des arrangements dispensés, et l'une ou l'autre mélodie finement esquissée. D'aucuns auraient sans doute espéré un propos plus varié sur les plans atmosphérique, rythmique et vocal, et surtout des exercices de style moins stéréotypés qu'ils n'apparaissent, les ballades, instrumentaux et autres fresques manquant cruellement à l'appel. Si un réel potentiel technique se dessine, il s'avère encore trop timidement exploité pour nous aspirer dans son sillage, au moment où la claire empreinte vocale, pourtant bien ajustée, de la frontwoman peinera parfois à aimanter le tympan, Le peu de prises de risques octroyées, d'impondérables baisses de régime et des sources d'influence insuffisamment digérées empêcheront cependant nos valeureux compères de se hisser parmi les sérieux espoirs d'un registre encore agité par une féroce concurrence. Bref, un premier effort en dents de scie dispensé par la formation teutonne...