Liste des groupes Metal Symphonique Seven Waters Pathfinder

Encore un énième groupe de metal symphonique à chanteuse, qui plus est, issu d'une terre néerlandaise qui en compte déjà tant, me direz-vous ? Certes, celui-ci n'a pas inventé la poudre, mais comment peut-on lui jeter la pierre, le combo, issu d'Hengelo, succédant immanquablement à des alter ego qui, à l'image de Within Temptation ou Nightwish, se sont illustrés dans ce registre depuis deux décennies tout au moins ? Néanmoins, pour un démarrage, Seven Waters a veillé à mettre les petits plats dans les grands ! Ainsi, il génère une œuvre encore menue, avec ses quatre pistes adhérant à un mince ruban auditif de plus de vingt-deux minutes, mais ô combien fluidifiée par de somptueuses plages mélodiques, mue par un bel entrain rythmique et un savant jeu instrumental, mais non inutilement techniciste.

Le quintette néerlandais, fondé par la soprano au cristal de voix pénétrant Karen Leijzer et par le guitariste Bert (ex-Irmin), a fait appel aux talents conjugués du brillant guitariste Michiel Leijzer (ex-Irmin), du bassiste Gijs van Ouwerkerk (Solarisis), du batteur à la fine frappe Robert Molennar (Solarisis) et au joli toucher du claviériste Collin. De cette collaboration naît l'EP « Pathfinder », où les compositions ont toutes été peaufinées jusque dans les moindres détails et les paroles écrites avec un soin tout particulier. La mise en relief de ces partitions aux gammes subtiles s'est effectuée au regard d'une production ayant misé sur la qualité des enchaînements intra et inter pistes et à un mixage ajusté entre les parties en présence. Il en émane une linéarité des lignes vocales et instrumentales, soit, sans que l'une ne se superpose inopinément à l'autre, mais se fond dans une unité cohésive invitante. De plus, les finitions autant que les arrangements n'ont nullement souffert d'approximations, malgré la jeunesse du projet. Dans une époque de concurrence impitoyable, dans ce registre, on comprend que la fringante formation n'a rien laissé au hasard et compte sur ses premiers accords pour tenter de nous rallier à sa cause. Qu'en est-il alors de son propos musical, le premier du genre ?

Lorsque la section rythmique se fait entraînante, le combo ne tarde pas à marquer ses premiers points. Et ce, à commencer par l'entame de l'opus. Ainsi, quelques délicats arpèges au piano se lovent au creux de douces nappes synthétiques comme message de bienvenue sur « Lost in Winter », titre d'obédience metal mélodique symphonique, un poil atmosphérique, aux riffs aux griffes rétractiles et animé d'une rythmique enjouée et roborative. Comment résister alors à l'appel de la sirène sur les couplets, finement sculptés, et sur des refrains ainsi rendus on ne peut plus immersifs ? Pour parachever ce tableau riche en harmonies, un break nous est octroyé ainsi que des soli de guitare et aux claviers somptueux, ces derniers s'enchaînant dans une valse des rondes plus pétillantes les unes que les autres, alternant de façon cohérente avec les célestes ondulations de la valeureuse interprète. On avoisine même des lignes mélodiques aptes à s'infiltrer sans aucun souci dans les charts, à l'instar de Within Temptation, première mouture, Epica ou encore Amberian Dawn ou Xandria. Carton plein pour cette plage, donc. Dans cette mouvance, on ne passera pas à côté de l'outro de la goûteuse galette. L'entraînant « (The Abduction of) Europa » nous imprègne d'une lumière mélodique à la fois suave et romantique, le timbre angélique de la jeune diva n'étant pas étranger à cet état de fait. On remarquera les beaux accords délivrés par la lead guitare, assistée d'une guitare rythmique rarement prise en défaut. Couplets et refrains s'enchaînent alors sereinement tant les subtilités harmoniques emplissent l'espace sonore de cette plage dans sa globalité, à la manière de Winter In Eden.

On appréciera aussi les aptitudes du groupe à évoluer dans un metal symphonique progressif. Aussi, « Enslaved » nous embarque sur un mid tempo progressif doté de riffs crochus pour une sereine traversée sur une mer limpide à la profonde agitation intérieure. Soudain, le rythme s'accélère au moment où les aériennes inflexions de la belle s'éclaircissent encore d'un cran. Et ce, sur un titre qu'on suit de bout en bout sans baisser la garde, dans la lignée de Xandria, seconde période. Un pont instrumental s'incorpore pour laisser un habile petit solo de guitare nous câliner les tympans avant que la frondeuse et percussive rythmique ne reprenne du service, relayée par les patines vocales de la sirène, achevant sa ronde et le morceau avec brio. On adhère, là encore, sans aucun souci, à cette proposition musicale.

Dans un exercice plus convenu, sur un classique mid tempo, le combo n'a pas non plus démérité, loin s'en faut. Ainsi, « Curse of the Dark Moon » nous aspire dans des couplets et des refrains nuancés. L'instrumentation se fait plus complexe, alternant les moments véloces et les espaces feutrés, de manière à nous immerger tout le long, comme le ferait Amberian Dawn. Et au solo de guitare au picking expert de nous ravir les sens, le riffing n'étant pas en reste non plus dans cet exercice technique, maîtrisé à la perfection. En outre, des changements de tonalité amènent une touche d'originalité sans que l'on soit pris par quelque malaise auditif que ce soit. Enfin, une lente dégressivité de la ligne de chant nous fait quitter la piste en douceur.

On ressort de l'écoute de la rondelle bluffé par le brio de cette inattendue formation, tant sur le plan technique que mélodique, le tout évoluant à la croisée des chemins entre une énergie rythmique communicative et une solaire empreinte harmonique accolée aux arpèges déployés. Ainsi, le groupe s'est nourri de fines lignes mélodiques d'inspiration pop-rock atmosphérique de qualité, avec une patte rock progressif, dans son œuvre d'obédience metal symphonique mélodique. Le cocktail s'avère donc des plus inspirés, faisant montre de précision dans la transcription des notes et d'un rendu souvent quasi imparable, que ce soit dans la logique cohésive choisie ou dans les parties en solo, vocales ou instrumentales. On sera séduit par les impulsions vocales de Karen, sans pour autant évoluer dans un chant lyrique omniprésent, la belle optant parfois pour une fine fleur de nuances de tonalités. A ce titre, quelques notes plus ajustées encore pourront néanmoins se faire jour dans une prochaine mouture, le potentiel affiché témoignant d'une généreuse marge de progression.

On conseillera cet EP à tout amateur de metal symphonique et assimilés, à chant féminin, dans la lignée des références sus-citées, toutes proportions gardées. Aussi, nul doute que le champ de compétences du combo ne laissera que peu d'auditeurs indifférents à leur message musical. On comprend qu'on aurait aimé goûter davantage à la magie de leurs compositions. Mais, on peut d'ores et déjà compter sur nos acolytes pour faire résonner leurs prochains riffs et virevolter leurs noires et leurs blanches les plus rayonnantes d'ici peu. Patientons alors à l'aune de ces quatre morceaux de choix...