Fondé en 1984 à Berkeley,
Sacrilege appartient à cette scène californienne des 80’S au puits sans fond, bâtie d’un côté à coups de hardcore à la
Suicidal Tendencies et
DRI, et de l’autre à coups de thrashmetal à la
Slayer et
Exodus. Durant ses jeunes années, le quatuor multiplie ainsi les concerts sur les scènes locales, aux côtés d'autres formations qui suivront rapidement leur bonhomme de chemin, pour citer pêle-mêle
Possessed,
Death Angel ou
Attitude Adjustment, qui réunissaient régulièrement thrashers et HC-punkers ouest-américains au sein des mêmes stage-divings et des mêmes pogos à cette époque.
D'obédience première thrashmetal, en témoigne la lourdeur des rythmiques, le mordant des guitares et l'agressivité des soli,
Sacrilege possède parallèlement l’énergie du hardcore, le situant à l’époque parmi les pionniers ouest-américains d’un style que l’on nommera définitivement ‘crossover’ dès la parution du troisième album de
DRI. Rebaptisé
Sacrilege BC pour éviter le doublon avec la formation crustcore culte anglaise de Damien
Thompson, le quatuor conclut finalement un deal avec la jeune écurie Alchemy Records, ayant signé au même moment les HC/thrashers de
Clown Alley. Il se dirige dans la foulée aux Starlight Sound Studios de John
Marshall (
Metal Church), qui accueilleront deux/trois années plus tard des formations glorieuses comme
Sadus &
Autopsy.
Capturé en un week-end d’avril 1986, le bien nommé
Party with God envoie treize titres furieux en 38 minutes, formant un condensé de riffs effrénés sur des rythmiques de folie. A l’instar d’un
Darkness Descends voire d’un Reign in
Blood (
Dark Angel,
Slayer) parus cette même année 1986, l’album est comparable au sens figuré à un Pitbull qui ne lâche jamais le morceau, maintenant au sens propre l’auditeur sur le qui-vive jusqu’à la dernière seconde. De
Darkness Descends, il en est plus justement question, tant la force du riffing et la rapidité des rythmiques de
Party with God rappellent l'album culte d'Eric Meyer, sans que
Sacrilege BC puisse en aucun cas être taxé de suiveur, non seulement par ses breaks et son feeling HC, mais aussi car les deux formations ont grandi à la même époque.
Grossièrement,
Party with God se résume à mes yeux à du concentré de guitares à la
Dark Angel sous amphétamines, couplé à toute l’urgence et à la colère saine du HC californien de cette époque. L’addition des deux paramètres donne un cocktail carrément explosif, un concentré de rythmiques et de riffs parmi les plus meurtriers que j’aie pu entendre à ce jour, ni plus ni moins. Pour citer Crucified,
Born of
Hell ou Final Rites, je redemande indéfiniment, tel un junkie, de tels morceaux à chaque écoute et, in fine, toutes mes excuses auprès des hommes de goût d'être passé aussi longtemps à côté d'une telle pépite.
++ FABIEN.
Excellent disque. Quel dommage que le groupe n'ait pas continué au delà des deux albums. Merci pour ce rattrapage
Bonjour Fabien. Je me permets de signaler ce que je crois être une petite erreur dans ta première phrase. Je pense qu'il s'agit de la ville de Berkeley et non pas de Bekerley. Je voulais aussi te remercier pour toutes tes chroniques. J'en ai lu beaucoup (pas encore toutes malheureusement) et c'est toujours un plaisir de les lire. Tu remets chaque disque dans son contexte historique et cela pousse à approfondir l'évolution des styles musicaux que tu abordes. Encore merci
C'est corrigé. Je laisse toujours des coquilles pour voir si un ou deux lecteurs suivent encore ce que j'écris, hé hé. Plus sérieusement, j'essaie effectivement de remettre chaque fois un disque dans son contexte, mais aussi de rebondir sur des groupes ou albums pertinents, exactement comme quand je colle un album dans la platine, où celui-ci appelle toujours un autre disque. Si je n'ai pas bien sûr pas connu tous les groupes à l'époque, j'ai en revanche eu la chance d'être présent dès cette seconde partie des 80's et d'être à fond dans cette course vers l'extrême, donc tant mieux si j'arrive à retranscrire le contexte tel qu'il s'est déroulé, ou du moins tel que je l'ai vecu. Enfin, comme le hasard ne vient jamais seul, je viens justement de me repasser ce disque cette semaine, avec toujours ce même constat : un croisement Dark Angel vs HC à en pleurer. ++ FABIEN.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire