Liste des groupes Grunge Paranoid (FRA) Paranoid

Londres, 1970. Les Beatles splittent après dix ans d'activité, la période des sixties se referme tandis qu'un nouveau-né, Black Sabbath, prend alors le relais, imposant d'emblée son style avec un second opus, et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit du mythique "Paranoid". Et, histoire d'immortaliser le moment, on ressort le vieux polaroid qui traînait dans le grenier pour en dégager la plus belle prise de vue possible. Bref, un délire qui aurait pu mener encore plus loin compte tenu des tons et des couleurs de la pochette qui nous font revenir bien en arrière dans le temps, nostalgie (bien qu'il ne s'agisse nullement d'une photo de Londres). Du moins, pour l'heure d'un album, le trio tente (musicalement) de se fixer aux alentours de l'explosion du grunge avec entre autres, Nirvana & compagnie.

Lille, 2013. Sept années auront donc suffit aux Français de Paranoid pour tirer un trait sur leurs anciennes démos délivrées depuis 2006 afin de laisser place à un tout premier opus éponyme bien composé (enregistré au C&P Studio). Une introduction qui signe par ailleurs, un réel coup de cœur pouvant se manifester chez l'auditeur avec "Anytime" - une arme de guerre puissante et plutôt bien ficelée. On reste évidemment propulsé dans les 90's grâce à ce chant aérien et mélancolique qui offre un cachet non négligeable au titre, soutenu par un bon gros rock rempli de riffs simples, efficaces et accrocheurs. Et malgré le fait qu'on sent bel et bien des envolées punk à la Nirvana sur la rageuse "Frail" ou encore "Passionate Monkeys" - les gars du Nord garderont tout au fil de ce disque, des références très explicites liées au rock britannique.

Mélange vocal des plus subtils, guitare acoustique en fond, atmosphère légère et envoûtante, la ballade "Am I Slowing Down?" passe sans grande surprise du répertoire Oasis à celui de Radiohead, confirmant ainsi le talent qui nous est présenté ici. Ça tape dans la douceur, parfois dans une attitude un peu plus romantique (certains passages de "Roses" peut-être) mais le post-grunge est quoi qu'il en soit interprété dans les règles de l'art. Même ressenti qu'à l'égard de "Anytime sur la douce "Haiku" dans le sens où la voix de Matthew Bush continue son ascension vers une nostalgie rassembleuse. Paranoid, un des représentants du son grunge Nordiste ? Si on se fie justement aux ouvertures/refrains des trois premiers morceaux de cet opus, on remarquera qu'il y a bien cette brise si particulière, qui engendre de la façon la plus naturelle possible, une émotion, un équilibre riffs/mélodies quasi-parfait (c'est-à-dire, sans en faire trop). Du coup, sans doute que leur situation géographique est plus à même de faire ressortir des airs bien britpop sur notamment l'introduction de "Seeking a Nice Day" (Oasis?) et ce, même si le reste est tout aussi rageur, privilégiant plutôt un chant éraillé.

La fin du disque se fera néanmoins sur une sorte d'adieu, une ballade des plus mélancoliques (encore une fois) avec la très expressive et planante "Nevermore" où la couleur des riffs confirmera d'ailleurs cette tendance, laissant jaillir un certain mal-être dominant. Ainsi, il n'en fallait pas plus pour clore cet opus. Voici donc qu'au lieu des crépitements habituels du vinyle, très utilisés pour vieillir les morceaux ou leur donner un meilleur effet, on entend cette fois-ci, comme une coupure radio sur la dernière minute.

Une ébauche de douceur et de mélancolie pleinement assumée par le trio. Un disque qui possède une âme, un petit plus. En conclusion, un post-grunge riche & prometteur qui parlera sans le moindre doute, à de nombreux auditeurs. En fait, Paranoid nous a d'ores et déjà convaincus des qualités qu'il pouvait avoir.