Trancemission n’est pas un groupe totalement inconnu de la scène
Metal. Dans les années 80, sous le nom de
Trance, le groupe de Lothar Antoni avait sorti quelques brulots qui avaient reçu un accueil relativement sympathique de la part des fans de Heavy purs et durs. Et après les quelques péripéties d’usage,
Trance s’est mué en
Trancemission et a ressorti quelques opus passés plutôt inaperçus. 2015 est l’occasion pour
Pure Steel Records de nous envoyer leur dernier méfait,
Paranoia.
La pochette est plutôt réussie et en phase avec le titre de l’opus, ornée de quelques bestioles qui font le bonheur de nos cauchemars et de nos peurs.
Musique
Maestro (c'est le cas de le dire).
Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen... Ce doux titre fait figure d’introduction à ce nouvel opus. Une intro en allemand style accordage d’orchestre et dialogue d’opéra. Opéra... Tiens donc, mais c’est bien sûr. Ce nom correspond aussi à un air de La Flûte
Enchantée de Mozart chanté par la Reine de la nuit. Quelle coïncidence puisque le premier véritable morceau s’appelle... Queen of the
Night...
Exit le Heavy à l’Allemande de l’époque
Trance. On est en présence d’un hybride de Heavy à grosses guitares et d’une tentative d’exploration du style symphonique. La voix de la jeune femme qui reprend l’air principal plusieurs fois est d’une très grande pureté et sauve pratiquement à elle seule le morceau. Le reste est très convenu, des choeurs à l’allure guerrière à la simili speederie de la rythmique en passant par la voix d’homme qui voudrait aussi faire dans le lyrique mais peine à y arriver. Dans une approche un peu similaire, le titre Jesus Christ est bien meilleur.
Bon.
Trancemission s’est lancé dans un truc qui pioche dans plusieurs styles sans vraiment convaincre. Chaque morceau est plus ou moins typé, ce qui rend l’ensemble assez peu cohérent comme le
Hard Rock un poil Glam mélangé à du Heavy au refrain très aigu (
Killer). La voix de Lothar Antoni peine elle aussi souvent à convaincre. On a constamment l’impression qu’elle ne sait pas sur quelle tonalité se positionner par rapport aux titres. Non pas qu’elle soit mauvaise du tout, car diversifiée, mais est souvent relativement mal choisie (les passages aigus sur Make My Day). De plus, quelques courts petits effets n’apportent rien de positif (
Killer). On retrouve quand même, dans l’ensemble des titres, la voix bien typée teutonne, aigüe et rauque qui avait fait les beaux jours de
Trance avec les albums
Break Out et
Victory au début des années 80.
Les parties narratives qui servent d’intros et d’outros, par contre, sont plutôt réussies, voix graves, avec les bruitages qui vont bien, un peu dans le style de ce que faisait Queensryche à la grande époque (Watch
Out!).
On retrouve aussi fortement du
Accept (
Paranoia), que ce soit au niveau des rythmiques ou des choeurs, reconnaissables entre mille (Make My Day). Sauf que les changements incessants de tonalité du chant rendent le tout assez pénible. Dommage pour un titre qui aurait pu devenir un hymne
Live.
Et, à l’instar du reste de la musique, les choeurs sont, eux aussi, très variés. Acceptiens, comme on l’a déjà vu, mais aussi psychédéliques typés 70‘s (
Paranoia), voire Helixiens (la partie A Cappella sur Hey There Gypsies).
Les musiciens savent jouer. Là aussi, il n’y a pas grand chose à redire. Mais, certains titres auraient gagné en cohérence sans les effets de manche distillés par petites touches (
Killer). La basse est bien présente, pour une fois, comme sur l’alambiqué limite Prog dans sa construction titre éponyme
Paranoia.
Trancemission s’est aussi lancé sur les traces d’un Blackmore’s
Night qui aurait retrouvé l’électricité (Lone
Wolf), avec l’utilisation de quelques instruments acoustiques (guitare, flûte) et un très sympathique refrain de taverne. Rebelote pour Diamond Pretty (sans la taverne).
Acoustique aussi comme l’intro de The Soil of a Man's
Heart qui aurait pu être la très belle ballade de rigueur si les changements de rythme et de voix n’avaient pas plombé le tout en un titre digne de figurer pour partie sur le Black Album de
Metallica et pour le reste sur un simili album de Prog.
La ballade sera donc le titre qui clôture l’album,
Power of the
Heart, déjà présent sur l'album de 1989,
Back in Trance. La voix est sobre, les choeurs d’enfants bien trouvés, les violons discrets, les parties acoustiques très inspirées. Mais on aurait pu se passer de la saturation...
Et c’est sur les titres les plus directs et les plus courts que l’on retrouve vraiment ce qui avait fait le quart d’heure de gloire du groupe comme Legal Highs ou le très australien et poilu Rockin’ Is Ma Business.
On ressort assez stupéfait de l’écoute d'un seul trait de ce
Paranoia. Nul doute que le groupe a voulu se surpasser et montrer l’étendue de son savoir-faire. Mais, si de bonnes idées sont dispersées dans chaque titre, il y a toujours un truc qui vient plomber le tout.
Trancemission aurait du pousser le travail d’écriture pour tendre vers quelque chose de plus Progressif, ou carrément revenir aux fondamentaux comme sur les quelques morceaux de la deuxième moitié de l’album qui envoient, et balancer la purée à l’ancienne.
Bon...
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