Au cinéma, certaines fois on assiste à des films sans queue ni tête, on ne sait pas trop ce qui s’y passe et plutôt que de passer pour un illettré notoire qui ne comprendrait rien à rien, n’aurait ni fibre ni sensibilité artistique, on crie au génie. Et comme le génie se satisfait à lui-même et qu'il ne saurait être contredit, on en reste donc là sans vouloir avouer qu'on a effectivement vu une merde sans nom.
Ce qui est vrai du septième art l'est aussi malheureusement dans d'autres domaines et la musique ne fait pas exception. Et donc pour illustrer mon propos, voici que se pointe le deuxième album d’
Echtra, groupe dont on a toutes les peines à ranger dans une catégorie. Certains pensent Black Atmo, d’autres
Drone Doom et les plus hipsters d’entre nous les affublent volontiers de la nouvelle étiquette à la mode : le Cascadian Black
Metal.
Intitulé «
Paragate », ce nouvel album conçu entièrement par Mister
Echtra Himself, nous offre deux pistes de 23 minutes (et pas une seconde de plus ou de moins). Une durée qui doit avoir une symbolique astrale puisque chaque titre produit par
Echtra fait toujours et invariablement 23 minutes. Si on prend le temps de lire la bio du sieur, la musique d’
Echtra est une sorte de véhicule qui permet de passer de notre monde vers un autre où nous serions plus en phase avec notre vraie nature.
Plus puissant donc encore que la vague Depressive
Suicidal Black
Metal, voici donc venir le Hippie Black
Metal qui semble bien antinomique par rapport aux intentions nihilistes des premières formations.
Pourtant de Black
Metal, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Certes les deux morceaux dronisants,
Paragate I et
Paragate II (pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple !) possèdent des guitares accordées assez haut et hautement saturées typiques du Black
Metal mais elles servent surtout à meubler le paysage sonore plus que dépouillé de la musique d’
Echtra. Le reste est constitué en grande partie par des rythmes monolithiques à la batterie qui tiennent en grande partie au
Drone et par des guitares clean/sèches qui semblent jouer le même riff tout au long de ces 46 minutes mais qui, tout de même, marquent en fait une certaine progression.
Les plus « géniaux » d’entre nous y ont donc vu la musique parfaite pour des rituels made in nature, sortes de voyages initiatiques et hypnotiques. Et au final même si
Paragate est parfait pour comater après consommation de substances illicites, le manque de variation tue la valeur musicale de l’album qui s’avère proche du néant.
Alors peut-être je me fais trop vieux et je devrais m'allumer un joint ou deux avant de jouer cet album de génie, mais en fait autant se l'avouer une fois pour toute : hormis faire une bande son sympa pour regarder « Histoires Naturelles » tard le soir quand on n’a plus rien à faire d’autres, il n’y a pas grand-chose d’extra (hahaha) dans ce nouvel album d’
Echtra. A réserver donc en priorité aux fans purs et durs de déserts musicaux.
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